Politique de la ville, chômage
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L'Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) a présenté son rapport 2013, le 18 décembre. Il fait état d'inégalités croissantes entre les ZUS et le reste du territoire. Mais le ministre délégué à la Ville, qui prépare la réforme de la politique de la ville, refuse de conclure à l'échec de celle-ci.
L'Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) a présenté son rapport 2013 en présence du ministre de la Ville, François Lamy, le 18 décembre. Il s'agit de son 10e et dernier rapport puisque l'Onzus devrait disparaître en même temps que les ZUS actuelles, à l'occasion de la révision de la géographie prioritaire en cours d'élaboration.
[caption id="attachment_28401" align="alignleft" width="380"] François Lamy, ministre délégué à la Ville, et Bernadette Malgorn, présidente du conseil d'orientation de l'Onzus.[/caption]
Premier constat : les ZUS ne sont pas des « îlots », comme l'a souligné la présidente de l'Onzus, Bernadette Marlgorn. Non seulement ils ne sont pas épargnés par la mauvaise conjoncture économique, mais ils y sont au contraire sont plus sensibles que les autres territoires.
Les ZUS premières victimes de la crise
Si l'on s'attache aux revenus, matérialisés dans l'étude par le « revenu fiscal moyen par unité de consommation », il apparaît qu'à partir de 2005, celui des résidents de ZUS a crû moins rapidement que celui des autres territoires. Et, alors que le revenu fiscal de la population totale et des unités urbaines avec ZUS a opéré une hausse entre 2009 et 2010 (+0,9 et +0,8 point) après une phase de stagnation, le revenu dans les ZUS, lui, a continué de stagner (+0,1 point). La crise économique a renforcé l'écart de revenu déjà existant.
Parallèlement, les ZUS sont aussi plus fortement touchées par le chômage. Entre 2008 et 2012, les hommes habitant en ZUS accusent une hausse du chômage de 49 % contre 36 % dans les unités urbaines englobant des ZUS. Les femmes en ZUS sont encore plus durement touchées (+ 55 %).
L'étude met aussi en exergue un phénomène jugé inquiétant par l'Onzus : à partir de 2010, le taux d'activité des femmes vivant en ZUS – déjà bien plus faible que celui les hommes et des habitants des zones hors ZUS – baisse régulièrement et dans des proportions importantes, alors qu'il continue à croître pour les autres catégories. Sous l'effet de la crise, les femmes vivant en ZUS ont donc tendance à quitter le marché du travail.
Zones de concentration des inégalités
Pour son dernier rapport, l'Onzus a mis la focale sur les difficultés face à l'écrit et l’illettrisme, grande cause nationale en 2013. Dans toutes les catégories délimitées par le rapport – tranches d'âge, sexe, pays de naissance, situation professionnelle –, les inégalités face à l'écrit sont flagrantes. 11 % des personnes habitant hors ZUS dans les unités urbaines abritant des ZUS sont en difficulté importantes face à l'écrit contre 27 % des résidents de ZUS. Il en va de même pour l’illettrisme, 2,5 fois plus présent en ZUS que dans les unités urbaines englobant des ZUS.
Quant aux résultats scolaires, là encore, on constate de fortes inégalités : le taux de réussite au brevet des collèges (niveau 3e) est plus faible dans les établissements à forte proportion d'élèves résidant en ZUS, constate le rapport. Et près de 3/5e des jeunes vivant en ZUS s'orientent vers des filières professionnelles. « On pourrait trouver ce phénomène sympathique, a souligné la présidente de l'Onzus, car ces filières facilitent l'insertion professionnelle. Cependant, ce sont des orientations très souvent subies ». Or, une orientation subie risque plus l'échec qu'une orientation choisie.
Echec de la politique de la ville ?
L'ensemble du rapport montre que les inégalités continuent à se creuser entre les ZUS et les autres territoires. Doit-on conclure que la politique de la ville a échoué ? Sans chercher à nier cette réalité, le ministre délégué à la Ville a répondu par la négative. « Si les ZUS n'avaient pas été créées, a-t-il insisté, certainement que la situation dans ces quartiers aurait été pire ».
François Lamy a insisté sur un phénomène encore peu mesuré dans les statistiques mais sur lequel l'Onzus a lancé une enquête depuis quatre ans. « Quand on va mieux, on sort des quartiers ZUS, a-t-il résumé. Ce phénomène de mobilité doit être pris en compte. Les ZUS constituent d'une certaine manière un sas, mais pour certaines catégories de la population seulement ».
Semi-échec ou semi-réussite, le ministre s'est déclaré quoi qu'il en soit « conforté dans l'idée qu'il faut amplifier la réforme et accélérer sa mise en œuvre ». Les zones de priorités font être redécoupées en fonction d'un critère unique : le revenu fiscal. « Certaines craignent qu'en utilisant un critère unique, nous faisions des ZUS un ensemble homogène et minorions leurs spécificités, mais ce n'est pas l'intention de la réforme. Les territoires prioritaires ont des spécificités auxquelles il faudra répondre en adaptant la politique de la ville et surtout les politiques publiques. »