Transports, ruralité, voiture
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C'est en conjuguant différents moyens de déplacement qu'il sera possible de réduire l'autosolisme dans les zones rurales et périurbaines peu peuplées. Un vaste chantier pour les communautés de communes qui sont devenues autorités organisatrices de la mobilité - ou, à défaut, pour les régions qui récupèrent la compétence là où les intercos rurales l'ont déclinée. Les défis sont immenses...
Trop longtemps, elles ont été oubliées des différentes législations régissant les transports : les « zones peu denses » sont revenues sur le devant de la scène ces derniers mois, avec leur inscription dans la loi d'orientation des mobilités (LOM) du 24 décembre 2019. L'article 8 de ce texte offrait en effet la possibilité aux communautés de communes, intercos visant plutôt les zones rurales ou périurbaines avec une faible densité de population, de devenir des autorités organisatrices de la mobilité (AOM) sur leur ressort territorial et ce, jusqu'au 31 mars dernier. Les pôles d'équilibre territorial et rural (PETR) étaient aussi concernés.
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Autosolisme, double danger
Pourquoi cette disposition ? Pour mieux mailler ces territoires en offres de déplacement et ainsi proposer des alternatives à l'autosolisme. La voiture individuelle pollue, alors que les préoccupations pour la qualité de l'air et le réchauffement climatique croissent.
Surtout, la crise des Gilets jaunes l'a mis en exergue, avoir une voiture, l'entretenir, faire le plein coûtent de plus en plus cher : alors que les salaires stagnent, le prix du carburant ne cesse d'augmenter via la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), adoptée notamment suite à l'abandon de l'écotaxe en 2013. Autre phénomène notable : la difficulté accrue, ces dernières années, pour obtenir le permis de conduire : 58 % de réussite en moyenne, contre près de 90 % pour le bac !
Equation économique complexe
Quant aux transports en commun, les autorités organisatrices l'ont maintes fois expérimenté : faire circuler une ligne de bus presque vide pour irriguer les zones les moins peuplées est une équation économique non viable. Aussi est-on passé au fil du temps du concept de « transports » à celui de « mobilités », en élargissant la palette des modes possibles : à côté des bus se sont développés les transports à la demande, les voitures partagées, des taxis solidaires, la marche et le vélo. C'est en conjuguant ces différents moyens de déplacement qu'il sera possible de réduire l'autosolisme dans les zones rurales et périurbaines peu peuplées.
Un vaste chantier pour les communautés de communes qui sont devenues autorités organisatrices de la mobilité - ou, à défaut, pour les régions qui récupèrent la compétence là où les intercos rurales l'ont déclinée. La LOM prévoit en effet qu'en cas de non-adoption de la compétence par les CC, les régions sont les « AOM de substitution ». Qu'ils optent ou non pour la prise de compétence, les élus des zones peu denses ont à tout le moins pris conscience de la nécessité de repenser les mobilités, les offres de services, l'information des usagers et les infrastructures.