Maison des femmes
© Maison des femmes
"Le Courrier des maires" a choisi de s'associer à la 5e édition de « La France des solutions », du 14 au 20 octobre 2019. Une initiative portée par Reporters d’espoirs. Aujourd'hui : la Maison des femmes de Saint-Denis, ouverte en juillet 2016, qui souhaite redonner confiance aux femmes victimes de tous types de violences par une offre globale de soins. Cette structure unique réunit tous les professionnels sur un même lieu.
En mettant en avant des initiatives constructives, porteuses d’espoirs et de solutions concrètes, « Le Courrier des maires » s’associe, du 14 au 20 octobre 2019, à la 5e édition de « La France des solutions », initiée par Reporters d’espoirs. Aujourd’hui : Saint-Denis, 111 354 habitants, en Seine-Saint-Denis.
Le constat
Trois femmes sur quatre estiment avoir subi des violences mais seulement 19 % déclarent avoir déposé plainte au commissariat. Une gynécologue, Ghada Hatem, à l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a pris ce problème à bras-le-corps pour améliorer la prise en charge de tous types de violences faites aux femmes. Son idée ? Créer une structure unique à côté de l’hôpital qui rassemble en un même lieu tous les professionnels dont ont besoin ces femmes : psychologues, chirurgiens, assistantes sociales, policiers, sexologue, prof de karaté…
Objectifs
Avant cette création, le planning familial, trois petits bureaux au fond d’un couloir, à l’étroit dans la maternité, n’était pas en mesure de répondre au défi croissant des violences sexuelles et mutilations (+21 % d’IVG en deux ans). La Maison reçoit toute femme ayant besoin de contraception ou d’une IVG dans un pôle « planning familial », et celles pour qui des soins sont nécessaires, suite à une mutilation, un viol ou des violences physiques ou psychologiques, au sein du pôle « violences ». L’objectif est simple : leur redonner confiance en elles à travers une prise en charge globale qui dépasse le soin. Groupe de parole, danse, karaté, théâtre, aide juridique, consultation de sexologie… Ces activités peu habituelles à l’hôpital ont vite trouvé leur public.
Moyens
Pour financer près de 900 000 € du budget de fonctionnement annuel, Ghada Hatem a fait appel à des dons de fondations privées (Kering, Sanofi, Raja-Danièle Marcovici). « Il ne faut pas lâcher l’apport de fonds privés car le gouvernement n’est pas en mesure de financer tout ce qu’il devrait », regrette la gynécologue. Pour le reste, l’établissement perçoit une participation de l’agence régionale de santé (260 000 €/an) et du département (325 000 €/an).
Résultats
Depuis son ouverture, la structure a mené 25 000 consultations et épaulé 7 000 femmes, soit entre 30 et 50 chaque jour. Même un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a préconisé la pérennisation de ce type de lieux dans toute la France. Aujourd’hui, cette solution inspire. Deux structures similaires ont été créées à Bordeaux et à Tournus en Bourgogne, et d’autres sont en cours de construction.
Projets
La Maison des femmes commence à être étroite et va s’agrandir. Deux ans de travaux seront nécessaires pour permettre la création d’une permanence de police pour recueillir les plaintes. « Les victimes ont beaucoup de mal à se rendre dans un commissariat, alors qu’elles n’ont aucun problème à venir à la Maison des femmes et à y demander de l’aide juridique », pointe Ghada Hatem pour expliquer ce lourd investissement de plus de 900 000 €. L’extension permettra également la réalisation d’un petit bloc opératoire uniquement pour les interventions sous anesthésie locale, notamment les IVG. Enfin, une salle plus grande sera aménagée pour les ateliers et les activités. La gynécologue garde espoir et espère bien réussir, un jour, à pérenniser son projet.
Associations, CCAS...
Ouverte depuis le 5 février 2019, la Maison d’Ella de Bordeaux est pilotée par le Centre accueil consultation information sexualité (Cacis). A Tournus, la Maison des femmes de Bourgogne a la particularité de ne pas être rattachée à un hôpital. Elle regroupe trois associations et sept professionnelles de santé : sages-femmes, psychologue, gynécologue, sophrologue, réflexologue plantaire et diététicienne.
« Ses financements devraient être pris en charge par l’Etat »
Elisabeth Belin, maire-adjointe de Saint-Denis en charge de la santé
« La ville n’a pas de compétences en matière de santé mais elle travaille régulièrement avec la maison des femmes. La municipalité a donné 30 000 € lors de la construction de l’établissement mais ne finance pas son fonctionnement. La complexité du financement de ce dispositif provient du fait qu’il propose des activités qui vont bien au-delà du soin médical. Ses financements devraient être pris en charge par l’Etat à travers un mécanisme interministériel pour pérenniser l’infrastructure, mais ce n’est toujours pas le cas. Il faut continuer à dupliquer ce succès car Saint-Denis est une terre d’innovation qui n’a pas vocation à attirer toute la France en consultation. Il faut sectoriser. »