Calais, un groupe de migrants
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Depuis deux années maintenant, de nombreux territoires en France et en Europe sont concrètement confrontés à la crise migratoire. Certaines grandes villes se sentent d’ailleurs bien seules face à ce défi inédit. Un colloque organisé le 9 février à Paris par France Urbaine, la FNAU et l’AdCF a néanmoins ouvert une porte : celle de la mobilisation des fonds structurels européens.
Au cours de cette matinée de réflexion dédiée à la « crise migratoire », de nombreux intervenants se sont relayés au micro pour en éclairer les ressorts et donner quelques clés de compréhension aux élus et DG présents dans la salle. Des chiffres, des définitions, des mises en perspective… avec toujours une constante dans les discours : l’absence d’une réaction efficace et solidaire de l’Union européenne ces derniers mois.
Bruxelles-Capitale : le contre-pied !
Aussi, lorsque Quentin Richard, premier attaché de la région Bruxelles-Capitale en Belgique, prend la parole à la toute fin des discussions, ses propos tranchent.
«Il est clair qu’il y a des incohérences dans les discours que tiennent les différentes entités de l’Union, des incohérences entre ce que la Commission décide et ce qui est mis en œuvre par les Etats-membres, mais à Bruxelles-Capitale, nous sommes parvenus à imaginer un pansement … avec l’aide de l’Europe » lance-t-il à la salle, un brin médusée…
De l’économie aux migrants
Comme les autres régions européennes, Bruxelles-Capitale doit faire face depuis 2015 à un afflux de migrants sur son territoire depuis 2015.
Un campement sauvage, avec des centaines de tentes, a d’ailleurs vu le jour en plein centre de Bruxelles, dans le parc Maximilien, juste en face de l’Office des étrangers où les demandes d’asile sont déposées.
« Il y a évidemment la question des logements qui se pose, la question sanitaire, mais aussi celle socio-médicale, car les demandeurs d’asile que nous recevons ont vécu pour certains de terribles traumatismes de guerre ou n’ont tout simplement pas eu un accès à de bons soins dans leurs pays d’origine » constate Quentin Richard avant de poursuivre : « nous avons donc décidé d’agir sur le levier santé, car c’est aussi un moyen d’intégration ».
Et c’est en accord avec la Commission européenne que la petite région belge (1,2 million d’habitants répartis sur 19 communes) a donc monté un dossier « Santé » inédit à destination du Fonds européen de développement économique régional.
Une première dans la mesure où le Feder était jusqu’ici un fonds de solidarité destiné à pallier les inégalités régionales en matière économique ! Un centre de données écologiques et un parc urbain sur une ancienne friche industrielle ont ainsi été financés en Auvergne et en Haute-Normandie ces dernières années par exemple en France…
Un soutien en personnels, des constructions en dur
Dans son plan, Bruxelles-Capitale – associée à l’ONG Médecins du Monde - a donc imaginé renforcer les personnels de santé dans les centres de soins existants pour mieux prendre en charge ce public spécifique que sont les enfants et les adultes migrants, avant de prévoir la construction de deux nouveaux centres de santé pluridisciplinaires dans des quartiers pauvres du territoires, Molenbeek et Anderlecht, à destination cette fois des plus démunis, migrants ou non.
« Le budget global de cette opération s’élève à 7,7 millions d’euros, la moitié devrait être prise en charge par l’Union » détaille, enthousiaste, Quentin Richard
Une idée qui fait des petits…
Dans la foulée de son « acceptation », la Commission a d’ailleurs décidé de réviser sa réglementation. Dans un récent communiqué, cette dernière a ainsi expliqué avoir « proposé de modifier le règlement relatif à la politique de cohésion afin d’y introduire une priorité d’investissement spécifique en faveur de l’accueil et de l’intégration sociale et économique des migrants ».
Une petite révolution qui pourrait bien apporter une bouffée d’air bienvenue à certains territoires européens en prise avec la crise migratoire.