Intercités
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Villes de France et l'Association des régions de France s'inquiètent de l'avenir des Trains d'équilibre du territoire (TET). A quelques jours de la remise du rapport de la commission Duron sur les « TET », les deux associations d'élus ont expliqué pourquoi il faut maintenir le maillage des trains Intercités, qui sont complémentaires des TGV et des TER.
Villes de France et l'ARF ont pris un train d'avance : elles ont tenu une conférence destinée à la presse et aux députés, le 20 mai, à Paris, pour expliquer leur position. Le temps presse : le 26 mai, la commission Duron doit remettre son rapport sur les « Trains d'équilibre du territoire ». En question, le devenir des lignes Intercités, gérées au niveau national par l'Etat et SNCF Mobilités, qui affichent un déficit de plus de 300 millions d'euros.
Les TET, ce sont plus de 40 lignes qui assurent la desserte ferroviaire de 355 villes, petites et moyennes, et de 21 régions. « Ces réseaux de moyenne et longue distance sont complémentaires des TER et des liaisons à grande vitesse ; ils sont vitaux pour l'aménagement du territoire », indique Caroline Cayeux, sénateur-maire de Beauvais et présidente de Villes de France.
Un document interne à la SNCF, que s'est procuré Villes de France, a de quoi inquiéter : il fait état de suppressions ou de fortes diminutions de fréquence à venir sur une dizaine de lignes Intercités. Pour les deux associations d'élus se profile un scénario noir de démembrement de ces lignes : fermeture pure et simple, poursuite de la suppression des trains de nuit, transfert de lignes non rentables aux régions...
A Montargis, des trains qui passent et ne s'arrêtent pas
C'est déjà une réalité pour certaines lignes. Exemple : le train Intercités Paris/Cosne-sur-Loire – qui dessert notamment Gien et Montargis, dans le Loiret – a vu sa fréquence diminuer.
« Aujourd'hui, il n'y a plus de trains aux heures creuses », déplore Jean-Pierre Door, député-maire de Montargis. La situation est parfois ubuesque pour les usagers postés sur les quais de la gare de Montargis, qui voient passer les trains Téoz qui relient Paris à Clermont-Ferrand, mais qui ne s'arrêtent pas... L'élu a demandé des haltes supplémentaires, mais SNCF Mobilités lui a opposé une fin de non-recevoir...
La concurrence du covoiturage et du transport par autocar
Villes de France et l'ARF craignent donc un système ferroviaire à deux vitesses, où les Intercités seraient oubliés, où seuls subsisteraient les TGV et les TER.
L'inquiétude est d'autant plus vive que des modes de transport concurrents apparaissent : le covoiturage, qui conquiert de plus en plus d'adeptes, et les trajets en autocars, appelés à se développer par la loi Macron qui entérine leur libéralisation.
Au-delà des infrastructures, il faut se préoccuper du matériel roulant. Jacques Auxiette, responsable des transports au sein de l'ARF, appelle à des investissements substantiels pour renouveler les voitures vieillissantes des trains Intercités. Ce qui serait un facteur d'attractivité pour les usagers.
Oui à la libéralisation du transport ferroviaire
Pour Jacques Auxiette, si l'Etat et la SNCF abandonnent certaines lignes Intercités et les transfèrent aux régions, « cela doit se faire selon des principes de compensation financière précis ».
Par ailleurs, celui qui est aussi président des Pays de la Loire souhaite que « les régions aient la possibilité d'expérimenter l'ouverture à la concurrence. Nous pourrions alors faire appel à des opérateurs privés pour exploiter ces lignes, comme le font les agglos avec des transporteurs pour les dessertes urbaines ».
Les règles européennes prévoient que d'ici à 2019, au plus tard, l'ouverture des trains à la concurrence puisse être expérimentée. Pour l'instant, cette disposition européenne n'est pas déclinée en France, hormis pour les lignes internationales.
« Pourquoi libéraliser d'ores et déjà le transport par autocar et attendre 2019 pour les trains ? » s'interroge Jacques Auxiette. La commission présidée par le député (PS) Philippe Duron pourrait vraisemblablement, dans son rapport, inciter l'Etat français à se mettre à la page de la législation européenne...