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Dans « Mobilité et citoyenneté », le sociologue Eric Le Breton juge que la mise en mobilité de la société, après avoir provoqué une multiplication des espaces de vie en quelques décennies à peine, mériterait d'élargir au plus vite la notion de citoyenneté. Il rejoint, en cela, plusieurs de ses homologues et responsables politiques fustigeant une "démocratie du sommeil". Explications.
Les citoyens voteront-ils bientôt en plusieurs lieux, selon leur résidence principale, dans la commune où ils travaillent ou bien encore celle dans laquelle certains disposent éventuellement d'une résidence secondaire ? L'ancien ministre et député (LR) Eric Woerth n'est pas le seul à se poser (dans le sens qui l'arrange seulement) la question. C'est également le cas d'Eric Le Breton, qui aborde le sujet en long et en large dans « Mobilité et citoyenneté ».
Fin analyste de « la mise en mobilité de la société » constatée ces dernières décennies, ce sociologue à l’université Rennes 2 plaide pour que la multiplication des espaces de vie – entre différentes résidences donc ou lieux d’études, de travail ou de loisirs –, s’accompagne d’un véritable aggiornamento démocratique.
En écho à la théorie relative à la « démocratie du sommeil », l’auteur de « Mobilité, la fin d’un rêve ? » ou « Bouger pour s’en sortir », juge nécessaire de réformer les règles de la citoyenneté, définies à une époque – la Révolution de 1789 – durant laquelle le citoyen était encore un homme « ancré dans son quartier, dans son village ». Que l'on se montre naturellement sensible ou non à l'idée, l'ouvrage a au moins le mérite de faire réfléchir.
Mobilité et citoyenneté, Eric Le Breton, éditions Apogée, 132 p., 12 €.