Vanik Berberian, entre Arménie et « Ruralie »

Aurélien Hélias
3 commentaires

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Moreau - 09/03/2021 23h:28

J'apprends avec tristesse le décès de Monsieur Berberian et vous prie de transmettre mes plus sincères condoléances à ses proches et à l'Association des Maires ruraux de l'Indre.

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JEANNOT - 10/03/2021 07h:59

excellent souvenir de ce maire qui nous a accueilli chaleureusement dans le gite communal lors d'une sortie de 3 jours(groupe de 15 cyclos de l usc chambray les tours) intituléee " les plus beaux villages de france region centre"

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gerard HOTIER - 10/03/2021 09h:05

Bonjour, Auriez-vous un lien vers une information plus précise sur la généalogie de Vanik BERBERIAN. En particulier était-il apparenté à Haïg BERBERIAN, secrétaire de la branche "études arméniennes" de la fondation Callouste Goulbenkian. Erudit rédacteur de l'article littérature arménienne" de la pléïade, 1887 Istanbul - 1978 Paris Cdlt

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Vanik Berberian, entre Arménie et « Ruralie »

Vanik Berberian, président de l’AMRF : « Les maires ruraux ne baissent pas les bras ! »

© L. Habib

Président 13 ans durant de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), Vanik Berberian est décédé ce mardi 9 mars. Le Courrier des maires avait consacré en 2017 un portrait à cet élu haut en couleurs, farouche défenseur des territoires ruraux comme de ses origines arméniennes.

[Portrait initialement publié dans le Courrier des maires de juin 2017]

Dès qu’il s’agit de porter haut la voix, souvent revendicative, de la ruralité, c’est lui qu’on appelle. Encore plus ces dernières années, qui ont vu la « fracture territoriale », la « France périphérique », et les inégalités entre métropoles et campagnes sortir de l’angle mort médiatique et s’imposer comme sujet des campagnes, électorales cette fois. Sa casquette de président de l’association des maires ruraux de France (AMRF) ouvre à Vanik Berberian les cabinets ministériels, les radios nationales et certaines émissions télé, chose rare pour un élu local rural.

Les racines du maire de Gargilesse-Dampierre, petite commune de l’Indre (306 hab.), ne présageaient pas qu’il serait, à 62 ans, l’édile qui parle à l’oreille des maires ruraux. Parisien de naissance, Vanik Berberian affiche un arbre généalogique étonnant, fait d’origines arméniennes, certes, mais aussi allemandes, suisses, prussiennes. Et d’enquêter aujourd’hui sur ses ancêtres pour (se) prouver qu’il en a aussi… des provençales. Ses convictions se sont, elles, enracinées au collège arménien de Sèvres, au milieu des années 70. Il a compris qu’il y avait « des exploiteurs et des exploités », et, qu’à choisir quelque chose à faire dans la vie, « autant que ce soit utile ». Il décide donc d’être éducateur spécialisé.

Responsable de formation pour des organismes de jeunesse et sports, telles les fédérations d’éducation populaire, il sillonne la France, finit par s’installer dans le Berry au début des années 80. « Je suis un vrai rural car j’ai décidé d’y vivre. J’ai choisi d’aller en Ruralie », dit-il souvent. Il a d’ailleurs suivi une formation d’agent de développement en milieu rural – activité qu’il a exercée quelques années –, puis obtenu un diplôme d’études supérieures économiques, option gestion des collectivités locales, au Cnam.

Discret, voire pudique

En poste depuis 1989, la secrétaire des associations des maires et des maires ruraux de l’Indre, Paule Vallet, le connaît bien. « Il est engagé, à la recherche de la sagesse, de la raison, et cherche à faire passer ses idées par le dialogue, sans jamais les imposer. Pour moi c’est un philosophe, très écouté par les élus départementaux, l’Etat, les maires. On vient le chercher pour plein de sujets. » Elle n’a toutefois « jamais bien su comment il était arrivé à Gargilesse ».

Le village berrichon cher à George Sand, classé parmi les plus beaux de France, organise en 2017, pour la 50e année, un festival d’été dédié à la musique de chambre et la harpe, mais où tous les styles sont les bienvenus. Même sur le site du festival, le maire s’efface derrière la directrice artistique. Mais parmi les invités internationaux d’une dizaine de pays, l’Arménie figure en ouverture du programme.

Un côté discret, voire pudique, qui lui vient peut-être de sa famille. Son père, égyptien d’origine arménienne, né en Bulgarie – où le petit Vanik passait ses vacances –, a rencontré et épousé sa mère à Beyrouth. « Le génocide arménien, dans ma famille, on n’en a jamais parlé, » assure celui qui a appris il y a quelques années que son aïeul, Rétéos Berberian, érudit arménien, avait créé à la toute fin du XIXe siècle un établissement pédagogique réputé dans la Constantinople d’alors. « Il a un attachement fort à l’Arménie, il y va plusieurs fois par an. Sa démarche en faveur de la ruralité ne concerne pas que la France », souligne Christophe Bedrossian, maire d’Autrac (Haute-Loire), qui l’a accompagné en décembre 2016 à Erevan pour les assises de la coopération franco-arménienne.

Les voyages, il les multiplie. « Je rêve de faire la carte de France de ses déplacements. Elle ferait pâlir nombre de présidents de la République », assure le directeur de l’AMRF, Cédric Szabo, son bras droit depuis six ans. Selon ses calculs, le président a fait quelque 250 déplacements en neuf ans, depuis son élection à la tête de l’AMRF. Surtout avec sa propre voiture. « Et pas dans les grandes villes, mais dans les villages, ce qui en fait un parcours intéressant, atypique et complet. »

« Un côté équilibré »

En 2018, il fêtera ses dix ans à la tête de l’association d’élus. Dès ses débuts, « il avait déjà de la disponibilité, une proximité parisienne, et puis une forme de détermination que l’on pressentait », explique le truculent maire des Voivres (Vosges), Michel Fournier. « Sa détermination est devenue forte, une forme de ténacité qui fait qu’il ne lâche rien. Au départ, je ne pensais pas qu’il pouvait être aussi performant. J’apprécie sa notion d’équilibre et sa fidélité à notre idée du maire rural. Il ne renie rien, on le voit avec l’Arménie. C’est quelqu’un qui ose. Pas courant chez les élus. C’est un homme entier, libre, dans tous les sens du mot. »

Lors de ses interventions dans les médias, il n’oublie jamais « son humour, quasi permanent. Une forme de légèreté. Même s’il est très impliqué, il ne se prend pas trop au sérieux, il sait prendre de la distance », note Cédric Szabo. Qui loue aussi la « belle plume » de l’élu, « dont il ne se sert pas beaucoup ».

Très actif sur Twitter, son pseudo en a interpellé plus d’un : @defibrilators. Un clin d’œil… au défibrillateur qu’on lui a implanté dans la poitrine suite au diagnostic d’une cardiomyopathie hypertrophique. « J’ai un cœur trop gros, la même maladie que certains footballeurs. C’est pourquoi je ne joue jamais au foot ! »

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