Police municipale, patrouille
© Flickr-CC-D.Roué
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a dévoilé le 8 février les contours de la nouvelle "PSQ". 60 quartiers "de reconquête républicaine" d'ici 2020 avec des effectifs et des moyens décuplés, 20 départements mieux accompagnés et une implication accrue des acteurs locaux de la sécurité, élus et policiers municipaux au premier rang, en constituent l'épine dorsale. Davantage qu’une doctrine d'intervention, c'est l'idée d'un partenariat entre acteurs nationaux et locaux, publics et privés, que promeut la police voulue par Emmanuel Macron.
C’est dans le cadre prestigieux de l’Ecole militaire à Paris et dans une programmation au timing millimétré que le ministre de l’Intérieur a présenté officiellement la Police de sécurité du quotidien. Au milieu de plusieurs hauts-responsables de la gendarmerie et de la police nationale, Gérard Collomb a détaillé plus de deux heures durant les contours d’une PSQ qui se veut à mi-chemin de feu la police de proximité du Gouvernement Jospin et du tout-répressif et de la politique du chiffre valorisés sous le quinquennat Sarkozy. Avec, en même temps, pour reprendre l'antienne du chef de l'Etat qui a voulu cette PSQ, davantage de "contact avec la population" et une réponse plus rapide aux incivilité, infractions et délits.
Une police qui se définit par... ce qu'elle n'est pas, ou ne fera plus
Comment définir la Police de sécurité du quotidien ? D’abord par ce qu’elle ne sera pas : une nouvelle brigade spécialisée, un choix un temps envisagé. La PSQ ne sera plus, non plus, une administration bis : finie la masse de tâches indues, ces heures passées "à noircir du papier", promet la Place Beauvau. « Nous passons un certain nombre de temps à remplir des papiers plutôt que de protéger nos concitoyens... », regrettait Gérard Collomb.
Ainsi, le ministère compte retirer aux commissariats de police la gestion de l’enregistrement des procurations de vote. « En 2017, on a compté 1,8 millions de procurations de votes, soit 5 000 patrouilles de deux militaires pendant quatre heures… », était venu illustrer Eric Morvan, directeur Général de la Police Nationale .
15 à 25 policiers en plus par "quartier de reconquête républicaine"
L’exécutif a surtout choisi de fonder la PSQ sur des effectifs supplémentaires : 10 000 agents supplémentaires en 5 ans. Et surtout se concentrant sur certains quartiers, ou, à l’échelle supérieure, dans certains départements. « Dans un certain nombre de quartiers, l’ordre républicain n’est plus quelque chose qui permet de régir la cité. Nous avons décidé de définir 30 quartiers de reconquête républicaine où nous affecterons un certain nombre d’agents de police, entre 15 et 25 policiers supplémentaires par quartier », a précisé le ministre d’Etat. 600 policiers en tout et des moyens supplémentaire leur seront affectés.
A terme, ces quartiers « de reconquête » devraient être 60 : 15 premiers quartier en septembre 2018 – dont un tiers en Ile-de-France-, 15 en janvier 2019, et 30 nouveaux d’ici 2020.
Diversité des territoires, diversité des interventions
Outre la volonté de cibler les quartiers où la délinquance, le trafic de stupéfiants ou la violence sont particulièrement prégnants, il y a derrière ce ciblage le constat que « les phénomènes de la délinquance varient selon les territoires. La délinquance, ce n’est pas que dans les villes ou dans les quartiers en difficulté. C’est aussi dans les zones périphériques. Et nos villes ont tendance à s’étendre. C’est en même temps les zones rurales qui sont concernées pas d’autres types de délinquance : dans certaines zones, les cambriolages ont tendance à se multiplier », a détaillé l’ancien édile de Lyon.
A partir de ce constat, le ministre veut « faire varier le type de réponse. Nous voulons demain décentraliser pour donner beaucoup plus de pouvoirs aux commissaires, aux commandants de gendarmerie ».
A l’échelle géographique supérieure, 20 départements ((Ain, Calvados, Charente-Maritime, Finistère, Gars, Haute-Garonne, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Isère, Loire-Atlantique, Oise, Puy-de-Dôme, Bas-Rhin, Rhône, Haute-Savoie, Deux-Sèvres)), en zone gendarmerie, bénéficieront d’un accompagnement renforcé -500 gendarmes -, pour répondre au taux élevé d’interventions.
[caption id="attachment_73774" align="alignleft" width="605"] Les 20 départements retenus pour bénéficier des renforcements d'effectifs de gendarmes dans le cadre de la Police de sécurité du quotidien[/caption]
Un continuum de sécurité avec le privé... et les polices municipales
La PSQ se veut également davantage « partenariale ». L’occasion pour le ministre d’Etat de rappeler la récente mission parlementaire lancée sur le « continuum de sécurité » qui doit associer forces de police et de gendarmerie, secteur de la sécurité privée et polices municipales, qui se « sont beaucoup professionnalisées ces dernières années ».
Et au-delà des professionnels de sécurité, c’est aux élus locaux et aux maires qu’a fait référence le ministre, alors que se tenait au premier rang des auditeurs le président de l’AMF, François Baroin. « Les élus, en particulier, les maires sont ceux qui connaissent le mieux leur territoire, qui savent où se développe la délinquance. Je demande que dans les trois prochains mois on puisse prendre contact avec eux pour définir en partenariat une vraie stratégie de sécurité pour le territoire.[ ...] Qu’on n’ait plus l’impression qu’il y ait d’un côté les force de police et de gendarmerie qui travaillent avec leur propre stratégie ; et de l’autre les élus qui essaient de faire face comme ils peuvent avec leurs problèmes de délinquance », a-t-il invoqué.
Les élus locaux auront en l'Etat un partenaire... exigeant
Si tous les patrons d'exécutifs communaux devraient être sondés à ce sujets « dans les trois mois », le contact avec la Place Beauvau se ferait dans les « 48 heures » s’agissant des 117 maires qui ont demandé à expérimenter la PSQ, selon les chiffres du ministère.
Reste que de cette main tendue, l’Etat attend aussi un effort « d’outillage » des municipalités. Gérard Collomb demande ainsi « aux maires qu’ils développent leur police municipale, qu’ils mettent de la vidéoprotection, qu’il fasse de la protection situationnelle : on sait bien que tel ou tel type d’urbanisme sera plus ou moins criminogène ». La Police de sécurité du quotidien sera aussi « partenariale » dans son aspect donnant-donnant.
Jacques ARMESTO - 19/05/2018 08h:48
Les gardes champêtres territoriaux, qui sont depuis toujours, la police de proximité des zones et des territoires ruraux, souhaitent également un renforcement des contacts et des liens avec les forces de sécurité de l'État. Les politiques de sécurité intérieure, ne doivent pas oublier, nos villages et nos territoires ruraux les plus reculés. Les gardes champêtres territoriaux veulent être entendu concernant leur rôle et leurs missions actuelles. J.A
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