Elections régionales et départementales 2021
© P. Distel
A l’occasion d’une consultation express menée par le ministère de l’Intérieur et très critiquée par les associations d’élus, 56 % des maires se sont déclarés aptes à tenir les bureaux de vote les 13 et 20 juin selon les modalités préconisées par le conseil scientifique. Un argument de poids pour l’exécutif qui devrait plaider pour un maintien des scrutins en juin lors des débats au Parlement prévus ces 13 et 14 avril.
Pour les maires, premiers responsables des bureaux de vote, la tenue des élections départementales et régionales les 13 et 20 juin selon les modalités envisagées par le conseil scientifique dans son rapport dédié est envisageable. Le fruit d’une consultation menée depuis vendredi par le ministère de l’Intérieur via les préfets : sur les 69 % de maires répondants, soit 24 257 maires, 56 % ont jugé que les conditions préconisées par le conseil scientifique leur semblaient réunies pour tenir le double scrutin en juin. 40 % ont répondu par la négative et 4 % n’ont pas répondu à la question posée, rapporte le ministère de l’intérieur dans son communiqué de lundi soir.
Un argument qui devrait servir l’exécutif dans sa probable défense devant le Parlement du calendrier prévu par la loi, à savoir des élections les 13 et 20 juin. D’autant que tant les partis d’opposition que le Sénat et son président militent ardemment pour maintenir ces dates. Gérard Larcher a même prévenu qu’il saisirait le Conseil constitutionnel en cas de nouveau report.
Les associations d'élus remontées contre la consultation des maires
Les associations d’élus ont, elles, peu goûté d’être contournées par l’exécutif pour cette consultation des maires. Dès vendredi, l’AMF avait fait part de son courroux : « Il est toujours légitime que l’Etat prenne l’avis des maires. Mais, dans ces circonstances, cet avis ne saurait faire porter aux maires la responsabilité d’une décision qui relève entièrement de celle de l’Etat. C’est à lui d’offrir la protection sanitaire qui permet de tenir les bureaux de vote et aux citoyens de voter en toute sécurité, réagissait l’association dirigée par François Baroin (LR). Cette consultation précipitée, du vendredi soir pour le lundi matin, ne nous paraît pas être une méthode appropriée pour traiter une question de cette importance. » Et l’association de se prononcer en creux pour un maintien en juin : « il serait paradoxal d’envoyer aux électeurs un signal consistant à relativiser l’importance de deux élections de portée nationale, en les reportant pour la seconde fois. »
72 heures plus tard, alors que le résultat de la consultation n’était pas encore connu, c’est le trio associatif constitué de l’AMF, de l’ADF et de Régions de France qui de concert pointait « une consultation rocambolesque », accusant là aussi l’exécutif de rendre les maires « responsables de la date d’un scrutin pourtant fixée par la loi et dont la modification relève en réalité de sa propre responsabilité ! » Les trois associations, dirigées par deux élus LR (François Baroin pour l’AMF, Renaud Muselier pour Régions de France), et le divers droite ex-LR Dominique Bussereau, y ajoutent même l’accusation de vouloir reporter un scrutin qui ne s’annonce pas favorable à la majorité présidentielle : « Ce dont [le gouvernement] a peur, c’est du verdict des urnes ».
Pas question d'un report à l'après-présidentielle pour Territoires Unis
Repoussant un report tant à octobre (« Est-on sûr de pouvoir organiser à l’automne un scrutin que l’on ne peut pas organiser en juin pour des raisons sanitaires ? ») qu’à l’après présidentielle (les élus départementaux et régionaux « eux-mêmes veulent remettre[leur mandat] en jeu conformément à leurs engagements », Territoires Unis appelle à nouveau, sans le dire explicitement, au maintien du double scrutin en juin. « Nous appelons donc le Premier ministre, qui doit s’exprimer devant le Parlement, à ne pas prendre la responsabilité de fracturer encore un peu plus notre démocratie. Nous demandons à chaque parlementaire en son âme et conscience de ne pas favoriser cette manœuvre. »
Le trio associatif se voit appuyé par les Petites villes de France, qui ont dès vendredi exprimé leur souhait pour un maintien du scrutin en juin, sous réserve de faciliter plus encore le vote via des horaires d’ouverture des bureaux de vote élargis ou des opérations électorales en extérieur si la météo le permet. Seuls les maires ruraux (AMRF) semblent plus que dubitatifs, son président Michel Fournier évoquant des conditions « pour beaucoup de nos collègues impossibles à mettre en œuvre, a fortiori dans le cadre d’un double scrutin imposant la mise à disposition de lieux adaptés, parfois hors de la mairie, quand ils existent dans nos communes. » prévient-il.
Vers de nouvelles facilités de vote ?
In fine, c’est la ligne du maintien en juin qui semble la plus simple à tenir pour le Gouvernement face à la représentation nationale mardi et mercredi. Avec peut-être le retour dans le débat de facilités de votes avancées lors des discussions de la loi pourtant repoussées par le gouvernement et la majorité En Marche. C’est ce que laisse penser le communiqué de la Place Beauvau : « Le ministre de l’Intérieur a remis au Premier ministre des évolutions possibles des modalités de scrutin en s’inspirant directement des propositions des maires nées de cette consultation », assure-t-il.