Un débat logé à la mauvaise enseigne

Un débat logé à la mauvaise enseigne

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Alors que le pays a affronté une triple crise sanitaire, sociale et économique, peut-il vraiment s’offrir le luxe de se diriger tout droit vers une crise du logement ? Les candidats à la présidentielle ne semblent guère réaliser l'ampleur du défi qui s'ouvre... Edito. 

[Edito] Plus que deux mois avant le premier tour de la présidentielle et, comme tous les cinq ans, on ne compte plus les sujets qui passent « sous les radars » des candidats. L’aménagement du territoire, la culture, la dépendance – jusqu’au scandale Orpea –, les sports, pour ne citer qu’eux, sont de traditionnels impensés des campagnes présidentielles. Et voici que s’y ajoute en 2022 l’accès au logement. On trouve bien le mot dans la bouche des aspirants à l’Elysée, mais indirectement, pour mieux servir, chez Eric Zemmour, l’obsession de l’immigration qui serait dopée par l’offre de logements sociaux ; chez Marine Le Pen, la France fantasmée de propriétaires ou encore la lutte contre les normes chez Valérie Pécresse...

Discours partiels. A gauche, on évoque certes le souhait de rendre effectif le droit au logement (Jean-Luc Mélenchon) et de construire davantage de logements sociaux (Fabien Roussel) mais les stratégies globales se font rares. Symbole de leur campagne hors-sol, tant Yannick Jadot qu’Anne Hidalgo concentrent leur propos sur la rénovation énergétique des bâtiments et la précarité qui en découle pour les plus modestes. Inquiétude fort louable… qui ne résout en rien l’équation de l’accès préalable au logement. Pour Emmanuel Macron, pas de programme et un bilan que les observateurs du secteur jugent décevant. En dehors de la défense des objectifs de la loi SRU et du plan « Logement d’abord » aux premiers résultats chiffrés encourageants, c’est un échec sur « le choc de l’offre » promis en début de quinquennat comme le constate la Fondation Abbé-Pierre.

Crise larvée. Le pouvoir d’achat mis à mal par l’inflation semble tout écraser. Et c’est tout le paradoxe du logement, toujours relégué dans les sondages au-delà de la dixième position des préoccupations des Français, bien qu’il constitue leur premier poste de dépense ! Alors, oui, le sujet est complexe, technique. Oui, il revêt des composantes très variées difficiles à médiatiser, les besoins n’étant pas les mêmes dans les cœurs de métropoles et dans les territoires ruraux, les banlieues denses ou pavillonnaires.

Pour autant, les besoins sont partout et les écueils, fonciers comme financiers, font tâche d’huile. Alors que le pays a affronté une triple crise sanitaire, sociale et économique, peut-il vraiment s’offrir le luxe de se diriger tout droit vers une crise du logement ? Les initiatives sur le terrain ne manquent pas, mais elles se heurtent à divers obstacles. Comme le montre notre vaste séquence dédiée à cette problématique, des dispositifs d’accompagnement existent. Encore faut-il que les pouvoirs publics intègrent les limites sur le terrain de ces outils pour les améliorer et que le futur exécutif se projette dès maintenant dans une politique globale d’accès au logement.

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