Les médiateurs, "en tenue", luttent aussi par leur simple présence contre le sentiment d'insécurité.
© France Médiation
La médiation sociale est née en France dans les années 90 à l’initiative de quelques femmes vivant en région parisienne. Aujourd’hui, les besoins en médiation ont beaucoup évolué et son champ d’action s’est largement étendu. Le secteur, aussi, s’est peu à peu professionnalisé. Comment les élus peuvent travailler au mieux avec l'association France Médiation.
1- Comment définir la médiation sociale ?
« Il est important de se référer ici à la définition de la médiation sociale à savoir la création ou la recréation de lien social entre les institutions et les habitants, ou entre les habitants eux-mêmes, grâce à l’intervention d’un tiers impartial, neutre, bienveillant et indépendant, explique Xavier Rochefort. Nous défendons vraiment cette notion d’intérêt général dans le cadre des missions de médiation sociale que l’on nous confie, dans la mesure où, selon nous, nos interventions doivent servir à tous les habitants ou usagers des territoires sur lesquels nous intervenons. » L’association travaille notamment sur la place des seniors dans l’espace public.
2- Quelles sont les missions des médiateurs ?
L’une des grandes missions de la médiation sociale « communément admise » est celle du travail dans les espaces publics. Les médiateurs « en tenue » investissent donc des lieux publics notamment en soirée lorsque les services publics sont fermés. « Nos médiateurs entrent en relation avec les habitants et les usagers, ils pacifient les relations et, de par leur simple présence, luttent également contre le sentiment d’insécurité », détaille le président de France Médiation.
3- Pour qui travaillent-ils ?
Les médiateurs travaillent notamment avec les bailleurs sociaux pour prévenir et réguler les conflits de voisinage, mais aussi avec les autorités de transport pour apaiser les tensions dans certains espaces (halls de gare, etc.) et assurer une présence rassurante et dissuasive dans les transports eux-mêmes (bus, tram, etc.)
Depuis quelques années, la médiation sociale a aussi investi le champ scolaire. Des médiateurs sont déployés dans des collèges et des écoles pour prévenir les violences scolaires et les souffrances liées au harcèlement.
Enfin, les médiateurs sont de plus en plus visibles dans les espaces accueillant du public (La Poste, CAF, hôpitaux, médiathèques, etc.) pour aider à pacifier les relations entre les personnels et les usagers, note Cédric Jegou, membre du réseau France Médiation et directeur de l’association Oméga, qui intervient à Angoulême.
4- Comment l’association accompagne les collectivités ?
« Pour les collectivités, nous pouvons déjà être des partenaires », sourit Xavier Rochefort qui évoque des conventions passées sur plusieurs années avec des missions confiées, des territoires à couvrir, des objectifs à atteindre et évidemment des « ajustements » selon l’évolution des situations et les remontées de terrain. Mais les acteurs de la médiation sociale peuvent aussi accompagner les collectivités dans l’élaboration de dispositifs à moyen et long terme. « Nous avons des médiateurs sur le terrain tous les jours, ce qui nous permet d’avoir une connaissance assez fine des territoires que nous couvrons et donc des problématiques qui y émergent. Nous produisons donc un reporting assez précieux pour les élus », enchaîne le président de France Médiation.
Enfin, les médiateurs sont également de plus en plus souvent sollicités par les collectivités pour « former » et « assister » leurs personnels. « Tous les agents en lien avec le public sont finalement des médiateurs, explique Cédric Jegou, mais encore faut-il qu’ils aient les clefs pour gérer les situations conflictuelles qu’ils rencontrent parfois ! » Pour le directeur de l’association Oméga d’Angoulême, ces nouvelles missions menées auprès des agents sont très positives car elles ont des répercussions concrètes et immédiates sur l’absentéisme dans les collectivités. « L’accompagnement des agents territoriaux dans leurs pratiques quotidiennes est un vrai “ plus ” pour les collectivités, tant au niveau des ressources humaines qu’au niveau financier », conclut-il.
« Les médiateurs, un gage de cohésion sociale »
Il y a une vraie culture de la médiation sociale et elle est devenue aujourd’hui un maillon incontournable dans la politique de prévention de la délinquance de notre ville. La médiation a fait son apparition à Lyon au début des années 2000 avec la création de l’ALTM (association dirigée par Xavier Rochefort, Ndlr) et n’a cessé de prendre de l’ampleur. Les médiateurs interviennent dans différents quartiers de la ville - les VIIIe et le XIXe arrondissements mais aussi sur des espaces centraux comme le secteur La Guillotière - avec, en parallèle, de nouvelles expérimentations en cours dans le milieu scolaire. Sans oublier les actions de « médiation nocturne » où des médiateurs vont au contact des habitants présents dans les lieux publics la nuit
Que vous apportent les médiateurs ?
Leur présence sur les différents territoires de la ville est un gage de cohésion sociale et un outil de régulation. Leur immersion dans les quartiers, dans les espaces publics, leur capacité à être au plus près des habitants et de leurs besoins est extrêmement utile en termes de relais mais aussi de création de lien entre acteurs des espaces. Idem pour la médiation nocturne qui permet de vraiment calmer le jeu en prenant en compte les besoins des habitants en termes de tranquillité.
L’ALTM nous accompagne également dans les piscines qui sont à Lyon très fréquentées, ce qui génère des tensions et peut conduire à l’éviction de certains groupes ou personnes. Le travail de prévention des médiateurs permet justement de limiter ces situations. Les médiateurs forment par ailleurs nos agents intervenant dans les piscines pour les aider à désamorcer les situations problématiques.
Comment est perçue l’intervention des médiateurs par les autres acteurs de la ville ?
Les agents de l’ATLM sont tous des professionnels formés et sous contrat. Cela se ressent concrètement : aujourd’hui leur savoir-faire est reconnu par tous les autres acteurs ou structures de la ville, et notamment les forces de police.