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Deux ans ont passé depuis la crise sanitaire et, après un vrai-faux départ à l’été 2021, le tourisme semble bel et bien reparti à l’orée de cette saison estivale 2022. L’occasion pour un secteur entier de renaître et pour des territoires aux profils très variés de renouer avec – ou de découvrir – les retombées économiques associées, notamment en milieu rural et plus seulement sur le littoral. Encore faut-il en comprendre la nouvelle donne : surfréquentation de certains sites attractifs à l'excès, recherche de destinations « nature » par les Français, nouveau visage du tourisme d’affaires, défis de vacances « pour tous » conjurant l'inflation des prix, tourisme sportif émergent… Dans un contexte encore brumeux alors que l'activité touristique apparaît plus que jamais à la croisée des chemins, penser un projet local d'accueil, maîtriser les outils financiers régissant le secteur et savoir répartir au mieux les responsabilités au sein des acteurs publics locaux n’est pas une mince affaire. Mais s’il y a bien une politique publique pour laquelle les défis sont aussi variés que la compétence doit être partagée pour garantir la satisfaction des visiteurs comme celle des locaux, c’est celle du tourisme...
Après avoir rebondi dès l’été 2020, l’activité touristique reprend progressivement des couleurs, tirée par le tourisme domestique et européen. Elle pourrait même repartir complètement en 2023, grâce au retour des voyageurs internationaux – marché le plus dynamique des dernières années. Une bonne nouvelle assurément pour la première destination mondiale avant la pandémie de Covid-19.
Coup de frein
Après un développement sans heurts ou si peu lors des décennies passées, les contraintes sanitaires et les restrictions de libertés ont précipité la première véritable crise de l’industrie touristique. Plusieurs chocs financiers et attentats terroristes avaient déjà ébranlé le secteur, mais jamais dans de telles proportions. La réponse de l’agence nationale de développement touristique Atout France, des collectivités et de l’Etat – qui se sont immédiatement portés au chevet des entreprises, avant d’inciter très rapidement à la consommation – n’aura pas été vaine. Le plan «Destination France », concocté par le précédent gouvernement, promeut une montée en gamme de l’offre touristique afin de la rendre à la fois plus durable et résiliente. Mais la crise sanitaire laissera des traces. Comme l’abandon de l’objectif d’accueillir 100 millions de visiteurs étrangers, que plus aucun politique n’ose reprendre à son compte. Le nouveau gouvernement devra s’employer à embarquer élus et professionnels du secteur, contraints de mettre en cohérence leurs discours et leurs actes. Déjà sommés d’anticiper les effets du réchauffement climatique, les voilà qui doivent composer avec les doutes d’une partie de leur population. Car la pandémie n’a pas seulement provoqué une désaffection pour les métiers du tourisme, elle a aussi fragilisé le consensus sur les apports et bénéfices de cette activité. Jusqu’où la France peut-elle aller dans l’intensification du tourisme, alors que d’autres aléas environnementaux, géopolitiques ou migratoires menacent tôt ou tard de perturber à nouveau le secteur?
Fortes turbulences
Les élus des destinations les plus prisées, à portée de vols aériens low cost, réorientent leur positionnement, alors que le tourisme d’affaires et les voyages internationaux pourraient prendre un tout autre visage dans le monde d’après. Leurs homologues des territoires ruraux ne turbinent pas moins. Peut-être parviendront-ils à dépasser leurs intérêts antagonistes, trouver des terrains d’entente et ne pas omettre de consolider les politiques sociales du tourisme...