Tarification du transport urbain : un modèle économique plus fragile qu'il y a quinze ans
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Cette neuvième synthèse sur la tarification des réseaux de transport urbain, réalisée par l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP), présente un panorama des pratiques tarifaires au 1er janvier 2015 de 154 réseaux urbains.
L’UTP a analysé les pratiques tarifaires du transport urbain et leurs évolutions au cours des dix dernières années.
Principal enseignement : les tarifs ne correspondent plus à l’offre proposée, une déconnexion qui accentue la fragilité du modèle économique du secteur.
Très concrètement, l’utilisateur contribue aujourd’hui à seulement 30% du coût de son déplacement en transport urbain contre 50% il y a 15 ans.
De fait, parmi les tarifs des services publics marchands, seuls ceux des transports routiers de voyageurs ont baissé au cours de la décennie passée. Pour autant, la qualité et la quantité du transport public n’ont cessé de s’accroître.
Sensibilité de la question tarifaire
Qu’il s’agisse de l’évolution du forfait de stationnement ou des prix des titres de transport public, les marges de manœuvre sont étroites pour les décideurs locaux, tant la tarification de la mobilité constitue l’élément sensible de toute politique de déplacements.
Reste que la déconnexion entre la montée en gamme de la prestation et son prix induit une crise de financement inédite dans le secteur, dans un contexte où la loi prévoit la fourniture de titres de transport financièrement accessibles aux plus démunis et alors que de nombreux réseaux incluent une large diversité de publics dans leurs réductions tarifaires.
Stratégie à revoir
Bref, il paraît aujourd’hui légitime de s’interroger sur la pérennisation d’une stratégie de baisse des prix du transport public.
- Ce document dresse un panorama des pratiques tarifaires en 2015 et sur dix ans. Il fait ressortir plusieurs chiffres clés et grandes tendances :
- un prix moyen de 30 € pour l’abonnement mensuel ;
- une généralisation des abonnements annuels qui sont aujourd’hui proposés dans près de 90% des réseaux ;
- un prix inférieur à moins d’un euro par jour pour les abonnements annuels ;
- des tarifs « jeunes », autrefois réservés aux scolaires et étudiants, qui se généralisent aux jeunes actifs ;
- une part grandissante de réseaux qui proposent des titres mensuels à des prix dégressifs selon le nombre d’enfants ;
- des tarifs de transports routiers de voyageurs 2015 inférieurs de 2,1 % par rapport à ce qu’ils étaient en 2005.
A noter. Parmi les titres sans conditions (âge, statut, revenu), quatre grands types trouvent leur place dans la très grande majorité des réseaux urbains français : le titre unitaire, le carnet de tickets, les abonnements mensuel et annuel. Le titre valable une journée est, quant à lui, davantage plébiscité dans les réseaux dotés d’une densité d’offre importante, tels que ceux équipés de mode de transport en site propre lourds (tramway, métro). Si le prix moyen des tickets unitaires ou en carnet est relativement homogène selon les tailles d’agglomérations, les tarifs des abonnements traduisent davantage les écarts de densité d’offre. Ainsi, le titre mensuel, avec un prix moyen de l’ordre de 30 €, peut être proposé à un prix 3 fois moindre comme 2,5 fois supérieur selon les réseaux.
Méthodologie. L’analyse effectuée sur la période 2006-2015 est réalisée pour les 119 réseaux qui ont répondu aussi aux 4 enquêtes précédentes, réalisées par le Gart et l’UTP en 2006, 2009, 2011 et 2013, ou dont les tarifs ont pu être reconstitués d’après l’enquête annuelle sur les transports collectifs urbains, commune à la DGITM, au Cerema, au Gart et à l’UTP.