Solar Decathlon : la Cité du Soleil met en concours vingt maisons solaires du monde entier

Martine Kis

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Solar Decathlon : la Cité du Soleil met en concours vingt maisons solaires du monde entier

Solar Decathlon à Versailles

© M. Kis

Vingt prototypes de maisons solaires, réalisés par autant d'équipes d'étudiants venant de 16 pays, sont exposées à Versailles, dans la Cité du Soleil, dans le cadre de la compétition internationale Solar Decathlon. Au-delà de l'événement, l'occasion pour la ville et son maire, François de Mazières, de réfléchir sur un site délaissé.

[Mise à jour le 13/07/2014] Une compétition de maisons solaires dans la cité du roi Soleil ! Versailles accueille, dans la Cité du soleil, du 28 juin au 14 juillet, la 3e édition européenne du Solar Decathlon. A quelques heures de son inauguration, 800 étudiants venus du monde entier, se démènent encore pour achever et fignoler la construction d’une vingtaine de prototypes de maisons solaires à échelle 1.

Ambiance survoltée, enthousiaste, concentrée aussi. L’enjeu est de taille. Après avoir travaillé durant 18 mois sous la houlette d’un professeur pour concevoir leur projet, y consacrant leurs nuits, leurs week-ends et leurs congés, puis s'être mis en quête de partenaires industriels, ces jeunes en sont désormais à la phase concrète de la compétition.

Ils ont d'abord déconstruit leur prototype et l’ont transporté. Puis ils l'ont monté, eux-mêmes, sur le site, en 11 jours seulement. Vision impressionnante de 20 grandes grues et de 20 chantiers simultanés qui créent la Cité du Soleil, sur le site des Mortemets, dans le domaine du château de Versailles, réhabilité et aménagé pour l’occasion (lire ci-dessous l’entretien avec François de Mazières, maire de Versailles).

Dix critères
C’est aux Etats-Unis que cette compétition bisannuelle a été créée en 2002 par le département d’Etat à l’Energie, sous l’impulsion d’Al Gore qui souhaitait changer les mentalités américaines en passant par les étudiants architectes, ingénieurs, artisans, ainsi que leurs professeurs…

Depuis 2010, l’Europe accueille sa version du Solar Decathlon. « Les gouvernements posent leur candidature auprès des Américains pour obtenir l’organisation du Solar Decathlon. Après l’Espagne, en 2010 et en 2012, c’est la France qui l’a emporté, en proposant le site de Versailles », explique Vincent Jacques Le Seigneur, membre du comité opérationnel de l’événement.

Les projets seront jugés en fonction de 10 critères, d’où le titre de Décathlon : architecture ; ingénierie et construction ; efficience énergétique ; bilan énergétique ; confort, équipement et fonctionnement ; communication et sensibilisation sociale ; projet urbain, mobilité et coût ; innovation ; durabilité.
Pour l’édition française, les organisateurs ont insisté sur 6 points, qui seront particulièrement examinés par le jury :

  • Encouragement au logement collectif en zone dense, ce qui explique que la majorité des prototypes soient en réalité des derniers étages d’immeubles.
  • Intégration de la mobilité.
  • Réflexion sur la sobriété des consommations.
  • Innovation, de l’architecture jusqu’aux appareils ménagers.
  • Un coût qui rend l’habitat accessible au plus grand nombre.
  • Une contextualisation qui permet au prototype d’être fonctionnel dans son pays d’origine.

Alors que les bâtiments écologiques contemporains tendent à se ressembler à travers le monde, la conséquence de ces critères est que chaque proposition est tout à fait unique.

Des propositions uniques et originales
Ainsi, une équipe franco-chilienne de Valparaiso propose un habitat durable autoconstructible répondant aux situations d’urgence après un incendie ou un tremblement de terre. Conçu pour être pérenne, il est modulable et s’inscrit dans l’urbanisme. La ville de Valparaiso est déjà intéressée.

Les étudiants du Costa-Rica se penchent sur le problème du logement pour personnes âgées à prix abordable, les prix de l’immobilier explosant à cause de l’afflux de retraités américains.

De nombreux éléments des projets seront repris par les industriels et la grande distribution. Comme des volets roulants solaires, des mobiliers, des matériaux nouveaux”
Vincent Jacques Le Seigneur, membre du comité opérationnel de Solar Decathlon

Les Français de Nantes travaillent sur le bâti existant. Les Néerlandais proposent de préserver leurs maisons en briques traditionnelles, menacées dans certains quartiers, en les rendant ultra performantes énergétiquement.

Les étudiants japonais proposent une maison capable de participer à la renaissance du Tohoku, où se sont produits le séisme puis le tsunami. Quant aux Indiens, ils tentent de répondre à une demande de logement exponentielle.

Energie solaire
Tous ses projets doivent naturellement fonctionner en n’ayant recours qu’à l’énergie solaire, tout en répondant à des critères de consommation et de température très rigoureux.

« Mais nous ne sommes pas des ayatollahs du solaire, sourit Vincent Jacques Le Seigneur. Une fois de retour chez eux, les projets peuvent avoir recours à d’autres énergies, éolienne, biomasse, géothermie… Dans le dossier de candidature, ils ont dû expliquer comment le projet fonctionne dans son contexte. »

Quel rapport entre les prototypes et la « vraie vie » ? Certes, aucun ne pourra être construit tel quel, ne serait-ce que pour des raisons de coûts. « Mais de nombreux éléments des projets seront repris par les industriels et la grande distribution, explique Vincent Jacques Le Seigneur. Comme des volets roulants solaires, des mobiliers, des matériaux nouveaux. »

Surtout, l’objectif est que les 200 000 visiteurs, parmi lesquels des architectes, des bureaux d’études, des élus, mais aussi le grand public, voient qu’il ne s’agit plus d’une utopie, qu’il est possible d’agir sur la construction. Quant aux 800 étudiants, non seulement ils auront vécu une aventure internationale exceptionnelle, mais bénéficieront de cette expérience pour leur vie professionnelle.

LE VAINQUEUR DU GRAND PRIX SOLAR DECATHLON 2014 : "Rhome for Dencity"

L'équipe italienne, Team Rhome, a remporté le Solar 2014 grâce à un projet d'éco-quartier qui s'insère dans le tissu urbain de Rome tout en relevant les défis du changement climatique, de la protection de la nature et des économies d'énergie. Il vise à "requalifier les franges de la ville en densifiant le tissu urbain" tout en renforçant le sentiment d'appartenance des habitants par une forte relation avec la nature, selon ses auteurs, et offre des logements dotés de solutions énergétiques actives propres. L'équipe française Atlantic Challenge est arrivée 2e, avec son projet Phileas, qui imagine la réhabilitation de Cap 44, un bâtiment industriel du 19e siècle aujourd'hui désaffecté, à Nantes. AFP

Entretien avec François de Mazières, maire de Versailles

« Je vois en Versailles le pôle nature-culture du Grand Paris »

Courrierdesmaires.fr. Comment le Solar Decathlon est-il arrivé à Versailles ?

François de Mazières. Lorsque j’étais président de la cité de l’architecture, l’architecte Pascal Rollet, lauréat avec son équipe de Grenoble de la précédente édition en Espagne, est venu me parler du projet français. Je lui ai dit que Versailles pourrait l’accueillir. Les Américains ont beaucoup apprécié cette idée. Pour eux, Versailles signifie quelque chose !

J’ai proposé d’utiliser un terrain du domaine du château, les Mortemets, très bien situé dans le prolongement du château et perpendiculaire à l’allée Le Nôtre, sur lequel nous avions notre camping municipal. Bien sûr, avec l’accord du château. L’Etat a financé les travaux de terrassement.

Le Solar Decathlon est donc l’occasion de la mise en valeur d’un site en friche. Pourquoi la ville y attache-t-elle de l’importance ?

F. de M. Dès mon élection, en 2008, j’ai voulu accompagner le château et l’armée pour la restauration de ces terrains en friche, proche du lac des Suisses, occupés par des bâtiments à l’architecture déplorable. C’est le sens du projet de transfert de Roland-Garros, qui n’a pas abouti, mais a permis de faire bouger les consciences.

Puis, j’ai profité de l’année Le Nôtre, en 2013, pour restaurer, sous maîtrise d’ouvrage intercommunale, l’allée Le Nôtre, de 3,2 km, qui relie le lac des Suisses à Saint-Cyr. L’armée a accepté de laisser traverser un terrain militaire, ce qui n’était pas évident.

L’événement devrait attirer 200 000 visiteurs. Au-delà, avez-vous des projets pour le site ?

F. de M. Il serait aussi logique d’accueillir l’édition 2016 du Solar Decathlon. Au-delà, ma référence sont les Giardini, à Venise, où des parcelles de terrain sont attribuées à des pays étrangers pour y exposer. La Biennale d’architecture y a lieu.

Versailles a un potentiel unique au monde sur le thème des jardins, avec Le Nôtre, le parc du château, le potager du roi, l’Ecole du paysage. La ville elle-même est emblématique dans ce domaine, avec sa politique zéro-phyto, son travail sur les passages entre les quartiers…

On pourrait donc imaginer une biennale sur le thème des jardins. Cela permettrait non seulement d’avoir un site permettant de désaturer un peu le château, mais apporterait une réflexion sur la modernité, l’eau, la nature en ville… Dans le cadre du Grand Paris, je vois Versailles comme son pôle nature-culture.

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