Sénatoriales : « Le temps passe vite et le temps joue contre La République en marche »

Aurélien Hélias

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Sénatoriales : « Le temps passe vite et le temps joue contre La République en marche »

Jean Petaux, politologue, professeur à Sciences-Po Bordeaux

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Le 24 septembre prochain, une partie de la chambre sénatoriale (171 sénateurs sur 348) sera renouvelée. Cette grande élection, au second degré, intervient moins de quatre mois après la séquence électorale du printemps, qui a vu le jeune parti présidentiel émerger. Jean Petaux, politologue à Sciences Po Bordeaux, décortique pour Le Courrier des maires les enjeux de ce scrutin.

Courrierdesmaires.fr : on a l’habitude de dire que les sénatoriales profitent essentiellement aux grands partis bien implantés localement, ceux qui « ont » déjà des régions, des départements ou de grandes villes… La donne va-t-elle changer avec l’arrivée de La République en Marche ?

Jean Petaux : Ce qu’il faut préciser d’emblée, c’est que ces élections sénatoriales ne concernent pas toute la France. C’est important de le dire pour éviter de tirer des lois définitives d’un scrutin, qui n’est finalement que partiel.

Ensuite, il faut aussi se rappeler que la majorité des grands électeurs, qui forment le collège électoral de ces sénatoriales, ont la particularité d’être apartisans ou de s’afficher comme tel, même si cela ne les empêche pas d’avoir des sensibilités politiques. La plupart des maires, conseillers municipaux, conseillers départementaux et délégués se présentent comme « sans étiquette ». Et d’ailleurs, ceux qui sont candidats à cette élection n’affichent pas non plus, nécessairement leur couleur politique…

Avec l’apparition d’un nouveau parti, LREM, on pourrait donc imaginer que cette « troisième voie » séduise des élus locaux, qui n’adhèrent ni à LR, ni au PS.

Le profil des candidats présentés par LREM devrait jouer également dans ses résultats? Les maires aiment l’expérience…

Effectivement. À côté de la simple problématique « d’étiquette politique », la question des profils des candidats présentés par LRM jouera certainement.

Mais je dirais qu’au-delà de ces deux points, il y a quelque chose que ces élus locaux – apartisans, de gauche ou de droite – partagent, en fait gardent en travers de la gorge, c’est la gestion par l’exécutif de la réforme des emplois aidés ainsi que la politique de réattribution des dotations et des subventions de l’Etat aux collectivités

De quoi handicaper les candidats se revendiquant de la majorité présidentielle ?...

Les candidats de LRM se retrouvent donc pour ces sénatoriales dans une situation diamétralement opposée à celle vécue par les candidats aux législatives, qui bénéficiaient alors du « bonus » de l’inconnu, presque d’un « bonus » innocence de leur parti.

Quatre mois plus tard, le bilan est différent. Ils sont désormais identifiés comme appartenant à une majorité qui a déjà des choses à se reprocher, du moins aux yeux des collectivités. Le temps passe vite et le temps, selon moi, joue en défaveur de la LREM.

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