Marc Vuillemot, maire PS de la Seyne-sur-Mer et président de l’association « Villes & Banlieues »
Comment améliorer la tranquillité publique dans les quartiers « politique de la ville » ? Comment régénérer le lien de confiance avec la police et éliminer les poches de trafics enkystées ? Pour Marc Vuillemot, maire de la Seyne-sur-Mer, il faut agir, entre autres, sur le levier de l’insertion professionnelle et sur celui de la « prévention naturelle ».
Critiqué fin mai après son discours sur les « banlieues » – qui manquait selon plusieurs élus d’annonces concrètes – le Président de la République a prévu de reprendre la parole sur ce sujet à la mi-juillet. En attendant l’acte 2 de la « Politique de la ville façon Emmanuel Macron », Le Courrier des maires donne la parole à des maires de Banlieue. Après Drizz Ettazaoui sur l’image des quartiers et Catherine Arenou sur la réussite éducative, Marc Vuillemot maire PS de la Seyne-sur-Mer et président de l’association « Villes & Banlieues », revient sur les enjeux de sécurité, lui qui a participé ces derniers mois à la réflexion portée par Jean-Louis Borloo.
Courrierdesmaires.fr : Quels constats portez-vous sur les quartiers politique de la ville en termes de tranquillité publique et de sécurité ?
Marc Vuillemot : Ce que l’on voit, c’est que les habitants de nos quartiers populaires sont victimes de nos politiques économiques et sociales et sont de plus en plus pauvres. Pour partie à cause des mécanismes d’insertion vers l’emploi ou vers la formation qui sont en souffrance et fonctionnent donc mal ; mais il y a également une hausse mécanique du nombre de personnes en grande difficulté dans les QPV car ceux qui les quittent sont systématiquement remplacés par des personnes plus pauvres.
En parallèle, nous constatons depuis plusieurs années que les dispositifs de « prévention naturelle » (associations, services publics communaux de jeunesse, prévention spécialisée) disposent de moins de moins de moyens pour mener leurs actions. Dans ma commune par exemple, en 3 ou 4 ans, le service de Prévention spécialisée dont la mission relève de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et donc du département, a perdu 12 emplois temps-plein ! Les départements, même s’ils sont de bonne volonté, sont étranglés par l’augmentation des allocations individuelles de solidarité et la baisse des dotations… Nous sommes donc dans un cercle vicieux qui mène à une élévation de la délinquance. Et des quartiers qui étaient jusqu’ici épargnés par la criminalité tombent sous la main de bandes à la recherche de nouveaux « marchés ». La réalité c’est que des gamins de 6ème sont enrôlés pour devenir des « guetteurs », que des familles sont contraintes de servir de « nourrice » pour la drogue, et que certains halls d’immeubles sont contrôlés par des jeunes encagoulés qui surveillent les allers et venues et « fouillent » les visiteurs !
Et pire, vous estimez que les habitants perdent confiance…
Oui les habitants de nos quartiers populaires, qui sont de braves gens, ont de plus en plus le sentiment que la République les abandonne… Cette perte de confiance dans les institutions laisse malheureusement libre cours – à une vitesse exponentielle - à ceux qui détestent la République. Et ceux qui détestent la République, ce sont les ultras populistes et les fondamentalistes religieux…
Selon vous, de quelles propositions concrètes le gouvernement pourrait-il s’emparer ?
Pour nous, la clé du problème c’est l’insertion professionnelle. Il faut absolument que la promesse des ministres Mézard et Denormandie de maintenir les CAE (contrats aidés) dans les QPV devienne enfin une réalité ! Il faut par ailleurs les maintenir à une hauteur équivalente à ce qui se faisait avant, c’est-à-dire une prise en charge du coût de ces emplois à hauteur de 90%, et non comme on nous le propose actuellement un financement par l’État à hauteur de 55% maximum… Sans cela, les communes et les associations ne peuvent plus signer ces conventions.
Concernant la Prévention Spécialisée, constatant que les départements qui ont la compétence ASE ne peuvent plus assumer cette mission, il faut que cette dernière rentre dans le domaine régalien de l’État, au même titre que l’Éducation nationale, la police, etc.
Quid de la récente police de sécurité du quotidien ?...
Nous pensons que partout où les pouvoirs politiques locaux le réclament, il faut pouvoir étendre le dispositif de police de sécurité du quotidien, doté de moyens effectifs tant au niveau humain que logistique. Avec la possibilité dans le cadre de concertation des Conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance- pour ceux qui le souhaitent – de remettre en place ce qu’on appelait les « îlotiers », qui sont dans des fonctions de médiation entre l’institution policière et les habitants et pas simplement dans un travail de répression, même si la police du quotidien est un peu à cheval entre les deux…
Enfin, il faudrait également nous donner la possibilité d’établir des avenants aux programmes de rénovation urbaine de première génération – ceux qui se terminent maintenant – afin de disposer d’une « saison 2 » pour finir de démolir les tours ou les barres où s’enkystent des trafics. Ce sont dans ces immeubles « oubliés » que s’ancre aujourd’hui la délinquance dans nos quartiers.
Corinne Prunai - 11/07/2018 20h:08
Je suis seynoise , et je suis effarée par les mensonges de "notre" maire. je vis dans le ghetto seynois ( au minimum 25000 et non 13000 h, comme l'a dit Vuillemot. Ensuite = jamais vu, entendu, un élu seynois dans le ghetto ( et ns représentons 1/3 de la pp). je l"affirme et signe = IL FAUT CASSER LES GHETTOS = et c
Répondre au commentaire | Signaler un abus