centre de santé
Auditionnés jeudi 28 juin à l’Assemblée nationale, les représentants de trois grandes associations d’élus locaux ont été invités à présenter leurs solutions ou leurs visions permettant d’assurer un meilleur accès aux soins des Français. Si tous réclament de « la souplesse » et « un droit à l’expérimentation territoriale », hors de question pour autant de prendre la place de l’État sur cette compétence régalienne qui relève, selon ces élus, de l’équité territoriale.
L’Association des maires ruraux de France (AMRF), l’Association des maires de France (AMF) et l’Association des départements de France (ADF) étaient invitées ce jeudi 28 juin à témoigner devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale missionnée sur la question de « l’égal accès aux soins des Français sur l’ensemble du territoire et sur l’efficacité des politiques publiques ».
Des élus qui, confrontés tous les jours à la pénurie des soins dans les territoires, portent un regard aiguisé sur les solutions à imaginer ou à faciliter mais aussi sur les freins à lever d’urgence.
AMRF : « travailler en amont sur les externes en médecine »
« Je suis absolument convaincu qu’il faut mettre le paquet sur les externes en 4ème, 5ème ou 6ème année de médecine » a pointé Dominique Dhumeaux, vice-président de l’association des maires ruraux de France (AMRF) avant de poursuivre : « hier à 18 heures, 9250 externes ont reçu leur ordre de classement au concours national et ont désormais deux mois pour définir où ils veulent aller et pour faire quoi. Tout se joue dans ces deux mois mais aussi dans les mois qui précèdent ce choix de vie car après… c’est trop tard ! » Le maire de Fercé-sur-Sarthe estime donc qu’un gros travail doit être mené rapidement pour accompagner les externes à découvrir la médecine en milieu rural et faire en sorte « qu’elle devienne pour ces futurs médecins une solution intéressante et non dénigrée par leurs pairs ».
Parmi les freins repérés par le vice-président de l’AMRF, il y a notamment le fait que certains externes renoncent à leur stage en milieu rural faute de pouvoir poursuivre en parallèle leur « petit job d’appoint » qui leur permet de vivre. Il propose ainsi une compensation financière à ces étudiants qui viendraient découvrir l’exercice de leur profession dans des territoires plus excentrés. Enfin, Dominique Dhumeaux appelle les parlementaires à avoir « le courage politique » de limiter « pour une durée donnée le conventionnement des médecins généralistes qui s’installent dans des zones correctement dotées ».
Pour Isabelle Maincion, vice-présidente de l’association des maires de France (AMF), il est urgent de « remettre l’hôpital – qui structure le bassin de vie - au cœur du dispositif pour permettre aux médecins hospitaliers d’assurer des consultations avancées dans les territoires ». Assurant que les « praticiens hospitaliers publics ou privés se montraient de plus en plus favorables sur cette question », la maire de La-Ville-aux-Clerc estime donc que la mixité « des exercices entre l’hôpital, le libéral et le salariat doit être encouragée et facilitée » pour permettre à des expérimentations de voir le jour, ces dernières devant a demeurant « absolument être co-construites avec les médecins et les professions para-médicales ».
Isabelle Maincion fustige par ailleurs le cruel manque de dialogue entre les élus et les directeurs/trices des ARS « qui la plupart du temps ne connaissent pas leurs territoires d’action ». « Des outils existent mais il faut nous laisser la liberté de mener des expériences sur nos territoires pour apporter des solutions pertinentes, adaptées et différenciées » conclut l’élue.
ADF : « Recruter directement des médecins pour en finir avec les zones blanches »
« Nous avons conscience que ce que nous faisons n’est pas l’alpha et l’oméga mais en attentant que l’État trouve des solutions, nous avons fait le choix d’agir » explique André Accary, le président du département de Saône-et-Loire, en présentant le centre départemental de santé qu’il a imaginé pour son territoire. Cette expérience, lancée à l’automne 2017, vise à recruter directement des médecins généralistes afin de répartir leurs compétences sur les 4 pôles du département et les 45 antennes locales. Près de 10 médecins ont déjà signé un contrat de 3 ans avec le département et selon André Accary les recrutements sont en train de monter en puissance.
« Nous proposons des salaires basés sur la grille hospitalière et qui tournent entre 4600 euros et 7000 euros nets avec les heures supplémentaires » détaille l’élu « il nous faut trouver des contrats qui séduisent les praticiens, mais aussi leur proposer de la souplesse dans leur exercice mais aussi pour l’avenir ». Ainsi après les 3 années au service du département, les médecins pourront au choix resigner ou s’installer en libéral dans leur zone d’exercice « sachant qu’ils auront déjà constitué leur patientèle ». Dans les mois à venir, le président de Saône-et-Loire imagine pouvoir recréer un système de garde mais aussi relancer les visites à domicile qui manquent cruellement, « les premières consultations avec nos nouveaux médecins ont été très longues, car nous nous sommes aperçus que les habitants n’avaient pas vu de médecins depuis longtemps. »
YD - 02/07/2018 21h:01
C'est l'Etat qui doit trancher et pas aux élus locaux de jouer aux "rabatteurs"! Inadmissible car on file vers la surenchère et la non-fidélisation des médecins.
Répondre au commentaire | Signaler un abus