"Sans la politique de cohésion, les investissements publics auraient diminué de 70%"

La rédaction

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Sans la politique régionale, les effets de la crise auraient été encore plus désastreux sur l'emploi et sur les investissements publics, souligne Nicola de Michelis. Le chef de cabinet adjoint du commissaire européen à la politique régionale, nous livre son éclairage sur le 6e rapport sur la cohésion de la Commission européenne.

La Commission européenne publie son 6e rapport sur la politique de cohésion, alors que commence la programmation 2014-2020 de la politique de cohésion. Cette étude analyse notamment les effets de la crise financière et économique sur la politique régionale européenne, et en tire un certain nombre d'enseignements

>> Lire notre synthèse du 6e rapport, 25 juillet 2014

"Le Courrier des maires" a demandé à Nicola de Michelis, chef de cabinet adjoint du commissaire européen à la politique régionale, Johannes Hahn, son éclairage sur ce 6e rapport.

Le Courrier des maires : Quelles sont les idées fortes du 6e rapport sur la politique de cohésion ?

N. de Michelis. Tout d’abord, il faut rappeler que ce rapport est la source la plus importante pour analyser la situation au niveau régional et local en Europe. Il en ressort que la crise a arrêté le processus de réduction des disparités régionales en cours jusqu’en 2005-2006.

Ensuite, les disparités se sont de nouveau accrues. Autre phénomène crucial, les investissements publics ont diminué d’environ 20% entre 2008 et 2013.

Dans ce contexte, la politique de cohésion a permis de conserver un minimum d’investissements publics. Sans elle, on estime que les investissements auraient diminués de 50% en plus. Dans la moitié des Etats membres, essentiellement à l’Est et au Sud, les fonds de cohésion sont les seules sources de financement.

On estime que grâce à la politique de cohésion, 600 000 nouveaux emplois ont pu être créés, soit l’équivalent de 20 % des emplois perdus sur la période 2007-2013.

Selon ce 6e rapport, dans les pays de l’ouest, les villes ont plus souffert que le monde rural, qu'en pensez-vous ?

Effectivement, dans les pays où les migrations rurales sont finies, le milieu urbain concentre les tensions sociales et économiques. Aussi la prochaine programmation met-elle l’accent sur la dimension urbaine. Ce n’est pas seulement parce que la majorité de la population est urbaine, mais aussi pour mieux impliquer les autorités locales de gestion.

Grâce à la politique de cohésion, 600 000 nouveaux emplois ont pu être créés, soit l’équivalent de 20 % des emplois perdus sur la période 2007-2013."

Comment les autorités urbaines seront-elles mieux impliquées ?

Le nouveau règlement demande qu’environ 5% du Feder soient gérés par les autorités locales, c’est-à-dire, dans le jargon communautaire, les autorités infrarégionales. En outre, la Commission met de côté 350 millions d’euros pour tester des projets novateurs qui pourront être ensuite généralisés.

Enfin, la méthode de l’initiative Leader, avec les Groupes d’action locale, est intégrée aux fonds structurels. Les initiatives locales pourront être fédérées au sein d'actions de développement local menées par les acteurs locaux (DLAL) sur des territoires dont la population est entre 10 000 et 150 000 habitants, sur l’ensemble du territoire et non seulement les zones rurales, comme auparavant Leader. Il pourrait s’agir, par exemple, de projet d’intégration des migrants dans les quartiers en difficulté ou sur la mobilité domicile travail.

En France, les régions doivent disposer des capacités pour gérer. Mais il ne faut pas oublier que, lorsque l’on décentralise, il faut aussi disposer d’un point de contrôle et de support central fort."

Qu’en sera-t-il de la gouvernance ?

C’est un défi important à relever, en particulier pour la France avec la décentralisation de la gestion des fonds. Le rapport souligne bien le fait qu’une bonne stratégie politique ne suffit pas si l’administration ne peut ensuite gérer le programme.

En France, les régions doivent disposer des capacités pour gérer. Mais il ne faut pas oublier que, lorsque l’on décentralise, il faut aussi disposer d’un point de contrôle et de support central fort. A ce stade, nous n’avons aucune raison d’être inquiets. On verra dans deux ans lorsque les programmes seront lancés. C’est une question à ne pas sous-estimer.

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