Résilience urbaine face aux risques de catastrophes : l’exemple parisien

Denis Solignac
Résilience urbaine face aux risques de catastrophes : l’exemple parisien

Crue de la Seine, à Paris, février 2013

© Flickr-CC-R.Desrosiers

Dans une « Note rapide », l'Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) d’Ile-de-France affirme la nécessité d'une approche collaborative renforcée pour prendre en compte les interactions entre la Ville, les réseaux techniques et les risques en cas de catastrophe naturelle.

Du fait de ses spécificités métropolitaines, de son contexte urbain et de sa gouvernance complexe, l’agglomération parisienne fait figure d’archétype des enjeux de résilience urbaine en cas de perturbation majeure.

L’événement naturel le plus redouté est une crue d’occurrence centennale de la Seine et de la Marne, du niveau de celle, historique, qui a inondé Paris en 1910.

Systèmes et réseaux critiques
Au regard de ses conséquences potentielles, tant humaines (435 000 logements et 830 000 habitants exposés) que socio-économiques (100 000 entreprises et 750 000 emplois), l’hypothèse d’une inondation majeure en Ile-de-France fait l’objet, depuis le milieu des années 2000, d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics, acteurs de la prévention des risques (connaissance de l’aléa, information, réglementation, aménagement) comme de la gestion de crise.

Parallèlement à l’évaluation, de plus en plus fine, des enjeux en zones inondables, les travaux se sont orientés, sous l’égide notamment de la préfecture de police/zone de défense et de sécurité de Paris, qui a en charge l’élaboration et la mise en œuvre du plan de secours spécialisé inondation (plan Orsec), vers les conséquences d’une crue majeure sur les systèmes et réseaux critiques.

Elaborer des solutions intégrées
Le constat est celui d’un manque de connaissance des interdépendances et le besoin de trouver des réponses intégrées pour l’ensemble des interactions entre les réseaux, puis entre la ville et les risques.

Une approche collaborative, basée sur la mutualisation des connaissances, le partage de l’information entre opérateurs – rendu parfois difficile pour des questions de concurrence, de sécurité, de complexité grandissante – devrait permettre de construire une vision partagée des enjeux et favoriser l’élaboration de solutions intégrées.

Cette approche collaborative doit aussi et surtout être élargie aux acteurs de l’aménagement et en priorité aux collectivités locales, au titre de leurs multiples compétences exercées au service des territoires, de leurs populations et des acteurs économiques.

Idéalement, elle devrait même être portée par ces collectivités, souvent concédantes de ces services urbains. Leur rôle sera prépondérant en cas de crise, en matière de réponse organisationnelle, de solidarité et de maintien de la continuité des services publics.

Problématique inondation
La ville de Paris, en collaboration avec la zone de défense et de sécurité, s’est engagée en 2014 dans ce processus, en réunissant régulièrement une quinzaine d’opérateurs de réseaux, pour faire connaître et partager les décisions qui seraient prises en cas de crue exceptionnelle de la Seine.

La mise en œuvre des stratégies locales de gestion des risques d’inondation, à l’échelle du territoire à risques importants (TRI) de la métropole francilienne, dans le contexte de la directive inondation, pourrait constituer un cadre à des démarches similaires sur d’autres territoires fortement exposés.

Au-delà de la problématique inondation, et face à la complexité croissante des systèmes urbains, comment traduire dans les réflexions d’aménagement, de développement de nouvelles infrastructures et réseaux, ce concept de résilience à l’échelle de la ville dense et des territoires ? Comment l’élargir à d’autres scénarios et d’autres enjeux ?

Plus qu’un objectif opérationnel, ce concept de résilience appliqué aux territoires pourrait se construire avant tout sur une démarche de transversalité, de partage de l’information et de culture du risque entre les acteurs publics, privés, et la population.

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