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© Flickr/Pan-Ant
Le plan France très haut débit (FTHD) a été lancé en février 2013. Son objectif est de couvrir intégralement le territoire d’ici 2022. La Basse-Normandie, tôt engagée dans des réseaux d’initiative publique (RIP) pour le déploiement de la fibre optique à l’abonné, est pionnière dans cette technique, à laquelle FTHD donne la priorité.
Commercialiser, former et développer des usages : les élus bas-normands engagés dans des réseaux d’initiative publique (RIP) pour le déploiement de la fibre optique à l’abonné veulent partager leur expérience et rassembler au-delà de leur territoire. En effet, des conditions restent à remplir pour assurer le succès de l’intervention des collectivités dans le plan France THD.
« Notre réseau fibre optique à l’abonné était prêt avec un an d’avance. Trop vite. Trop tôt. Nous rencontrons beaucoup de difficultés à le commercialiser auprès des habitants. Est-ce l’absence d’un fournisseur d’accès internet majeur ou bien l’absence d’un besoin ? », expose sans détour Philippe Augier, maire de Deauville et président de la communauté de communes Cœur Côte Fleurie, alors qu'il présente, au Sénat, la 3e édition des Etats généraux des RIP qui se tiendront dans sa ville le 17 mars prochain.
L’événement organisé par PP Agency((PP Agency, spécialisé dans les événements « numérique et territoires » organise aussi Ruralitic en Auvergne et le Printemps numérique dans l'Oise.)), en partenariat avec la région Basse-Normandie, le conseil général du Calvados et Manche Numérique, doit permettre aux territoires pionniers du FTTH (fiber to the home, soit, fibre optique jusqu’à l’abonné) et aux départements en phase de lancement de leurs projets RIP, de se préparer aux écueils qui les attendent.
Former pour des emplois non délocalisables
« A l’ouverture du réseau, s’est ajouté aussi le problème des équipes techniques non francophones qui étaient envoyées pour raccorder les maisons, ce qui n’a pas facilité la communication avec les habitants ! témoigne Philippe Augier. La formation, en France, d’une main-d’œuvre qualifiée de proximité est un point majeur qui reste encore à régler. »
Cependant le tableau n’est pas si noir, puisque 4 foyers sur 10 se sont abonnés à une connexion fibre optique dans les communes les plus rurales de Cœur Côte fleurie et donc les moins bien desservies en ADSL. Le réseau Cœur de Fibre n’a pas pour autant vocation à devenir un cas atypique et isolé. Ses 33 500 prises FTTH déjà construites rejoindront celles engagées par le département du Calvados.
Un projet démarré en 2011 et délégué au même opérateur de réseau (Tutor) qui a l’ambition de couvrir 100 % de son territoire d’un réseau fibre optique à l’abonné. D’ici fin 2015, il est prévu de rapprocher le réseau de 75 % des logements situés sur le périmètre d’intervention du département (hors agglomération caennaise et Cœur Côte Fleurie).
« Nous aurons à cette date plus de 180 000 logements raccordables, une des plus importantes plaques de prises FTTH à commercialiser par un département » précise Frédéric Ollivier, directeur général des services du conseil général du Calvados.
Présenter les innovations numériques
La région Basse-Normandie elle-même s’implique financièrement et met en place une gouvernance pour accompagner les RIP des trois départements de son territoire.
« La gouvernance du numérique va au-delà de la construction de l’infrastructure car il ne faut pas négliger les usages, détaille Vincent Louvet, conseiller régional délégué à l’habitat, à la santé, aux solidarités et au développement numérique du territoire. Pour susciter la demande, il faut faire naître l’envie en présentant tous les services qui seront facilités avec ces nouveau réseaux. » Et de citer la création du Rond-point numérique ouvert à Caen il y a un an pour présenter à la population les innovations en matière d’e-santé, e-éducation et e-administration etc.
« Ce chantier est aussi une véritable opportunité à saisir pour la création d’emplois non délocalisables », souligne encore Vincent Louvet. L’éco-système numérique bas-normand s’illustre d’ailleurs par la création d’un centre de formation dédié aux métiers de la filière fibre optique et FTTH. Novea installé à Mortain dans la Manche a notamment contribué à définir un référentiel national de ces métiers. Cet outil de formation essaime déjà au-delà des frontières régionales. C’est le cas du syndicat mixte Ardèche-Drôme numérique qui a signé une convention de formation avec les acteurs de la filière de son territoire.
Fixer un cadre « stable et clair » à la commercialisation
« On risque de perdre des emplois si l’on ne sécurise pas nos investissements et ceux de nos partenaires privés, prévient Gilles Quinquenel, vice-président du conseil général de la Manche et président du syndicat mixte Manche Numérique.
Alors que les collectivités fêteront cet été les 10 ans de l’article (L.1425-1 du CGCT ) qui les autorise à établir des réseaux de communication électroniques, une nouvelle loi est attendue pour fixer le cadre de la commercialisation des RIP de nouvelle génération dont le déploiement est déjà initié par les schémas directeurs territoriaux d’aménagement numérique (DDTAN) de 94 départements.
« A l’heure où les collectivités se mobilisent en masse pour ce chantier d’avenir, nous devons parler d’une seul voix à l’Etat, poursuit Gilles Quinquenel, par ailleurs président de la commission “communications électroniques” de la Fédération national des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et vice-président de l’Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca). Il y a urgence à agir pour définir les conditions de basculement du réseau cuivre vers le réseau fibre dans un cadre stable et clair. »
L’extinction du cuivre compromise ?
En effet, l’alerte est donnée : l’espoir de la programmation d’un basculement sur le modèle de la télévision analogique vers la TNT semble s’évanouir.
La commission chargée de remettre fin 2014 ses conclusions sur l’organisation de l’extinction du réseau cuivre sur la ville pilote de Palaiseau (présidée par Paul Champsaur, ancien président de l’Arcep) a, dans un rapport intermédiaire, indiqué qu’il était « d’ores et déjà peu vraisemblable que ce travail débouche sur une programmation précise de l’extinction du réseau de cuivre ».
Yves Rome le président de l’Avicca s’en émouvait le 20 février dernier dans une lettre adressée à Fleur Pellerin, ministre de l’Economie numérique.
Ce point essentiel pour garantir à long terme un modèle économique aux RIP ne manquera pas d’alimenter les débats à Deauville.
Rond-point numérique - 10/03/2014 17h:43
Juste une précision : le Rond-point numérique est une création du Conseil général du Calvados, en lien avec les travaux de déploiement du THD dans le département
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