Elections
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Alors que Jean-Louis Debré doit rendre en fin de semaine son rapport à l'exécutif, l'hypothèse de repousser les scrutins de trois mois semble désormais faire consensus, aussi bien dans les partis politiques que chez les présidents de région.
C’est vendredi matin que l’ancien président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré doit rendre son rapport à Jean Castex sur un éventuel report des élections régionales. Et des indiscrétions faites par les responsables politiques qu’il a rencontrés, c’est un double-scrutin en juin, avec les départementales, qui tiendrait la corde. Une hypothèse qui semble justement faire un quasi-consensus tant chez les responsables politiques que chez les présidents de régions, pas encore sur cette ligne à la mi-octobre, mais qui ont évolué au regard de la situation sanitaire.
« Dans le contexte que nous connaissons, ce serait bien de le reporter » a ainsi glissé le patron des députés En marche Christophe Castaner sur les ondes de France Inter. Pour l’ancien ministre de l’Intérieur, qui avait organisé le report du second tour des municipales à fin juin, c’est la campagne électorale et ses nombreux rassemblements qui interdisent la tenue d’un scrutin en mars, puisque cette campagne devrait débuter dans quelques semaines en pleine épidémie.
Reporter pour mieux faire campagne
Son alter-ego du groupe Les Républicains, Christian Jacob, est quasiment sur la même ligne : « On peut décaler de quelques semaines, au mois de mai ou de juin, a-t-il déclaré à l'association des journalistes parlementaires. Au-delà, ça ne me paraît pas sérieux », prévient-il tout de même en repoussant l’hypothèse d’un scrutin en septembre ou octobre. Même position du député LR du Mot Aurélien Pradié : « A l'évidence, la situation sanitaire de mars ne nous permettra pas, non seulement de tenir l'élection mais également de faire campagne », a-t-il déclaré sur le plateau de Public Sénat lundi.
Chez les présidents de région aussi, l’hypothèse d’un scrutin printanier gagne les esprits. « Quand beaucoup de Français combattent pour survivre, faire des élections en mars semble compliqué. Fin juin me semble la bonne fenêtre de tir », a déclaré le président de la région Normandie, Hervé Morin, pourtant opposé à l’idée il y a encore trois semaines. Mais le candidat à sa propre succession à la tête de l’exécutif normand est sur la même position que Christian Jacob : oui à un report de trois mois, pas plus : « Après, cela serait trop tard à cause des présidentielles trop proches », estime-t-il.
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, se dit également favorable à un report en juin tout comme le patron d’EELV, Julien Bayou, qui, a minima, ne « s’y oppose pas ».
L'opposition ne veut pas entendre parler de septembre
Enfin, autre soutien d’importance à l’idée d’un scrutin en juin : celui de Gérard Larcher. « Même si le respect des dates est préférable en démocratie, je ne suis pas opposé à un report du scrutin à la fin du printemps pour des raisons sanitaires », déclare le président du Sénat dans un entretien au Figaro ce matin.
Avec les mêmes réserves et avertissements que les autres ténors de la droite et du centre : « Reporter le scrutin après l’été poserait en revanche un problème politique et constitutionnel. Si on n’est pas capable d’organiser un scrutin avant l’été, c’est qu’on a de sérieuses lacunes », prévient-il. La piste évoquée, fin octobre, d'un scrutin en septembre voire même après la présidentielle du printemps 2022 avait suscité l'indignation de plusieurs responsables politiques...
Le président breton en faveur d’un vote en ligne
Pas opposé à un report du scrutin, le président de la Région Bretagne Loïg Chesnais-Girard voit même plus loin et appelle à des modalités de vote renouvelées : « Osons remettre en cause la pertinence d’un vote exclusivement physique, avec un bulletin papier dans un bureau de vote ouvert seulement une journée, le dimanche. Ouvrons toutes les possibilités : ouverture des bureaux de vote plusieurs jours, y compris en semaine, autorisation du vote par correspondance et, bien sûr, vote en ligne », lance-t-il dans une tribune diffusée lundi sur les réseaux sociaux. Un pari osé, comme le note lui-même l’élu breton qui mise toutefois sur les progrès technologiques pour assurer la sincérité du vote : « Toutes [les expérimentations] n’ont pas été des succès, mais le contexte d’aujourd’hui est différent et les technologies ont progressé ».
Plus prudent, le président du Sénat appelle lui dans le Figaro à « étudier la possibilité de doubles procurations » et à « travailler sur le vote par correspondance ». Une piste qu'avait sèchement repoussé le ministre de l'Intérieur de l'époque, Christophe Castaner, pour le second tour des municipales.