Malgré une forte abstention, en hausse de 5 points toutefois par rapport au premier tour, la gauche l'emporte largement, le 21 mars, au second tour des régionales 2010. Une élection marquée par la poussée du Front national, le renforcement d'Europe-Ecologie et la percée des nationalistes modérés en Corse.
Alsace: la droite remporte la triangulaire
Grâce à un sursaut de mobilisation dans les campagnes, la droite a eu raison d'une alliance socialiste et écologiste prête à s'emparer du pouvoir. Cette victoire prive la gauche du grand chelem espéré en métropole. La participation a augmenté de presque 9 points au second tour, offrant un score de 46,16% à la liste de la majorité présidentielle de Philippe Richert, contre 39,27% à la liste PS/Europe Ecologie de Jacques Bigot, et 14,57% au FN.
Alors que l'"Alsace des villes" (Strasbourg, Mulhouse et Colmar) a voté pour la gauche, l'"Alsace des champs" qui a donné ses deux conseils généraux et tous ses parlementaires (sauf un) à la droite, a pesé lourdement sur le scrutin, à l'issue d'une campagne difficile et incertaine jusqu'au bout.
"L'Alsace reste l'Alsace. Les Alsaciens font un grand pied de nez au reste du pays", s'est félicité le député UMP Yves Bur au QG du parti présidentiel soulevé par une formidable explosion de joie.
Par rapport à 2004, Philippe Richert fait mieux que son emblématique prédécesseur Adrien Zeller qui avait obtenu 43,56% des voix en 2004. Il obtient 28 sièges (+1). Mais la liste Bigot progresse également de cinq points et obtient 14 sièges (+2).
Seule la liste FN de Patrick Binder est en nette perte de vitesse, avec 14,5% des voix, contre 22% en 2004. Le FN, qui obtient cinq sièges, en perd trois par rapport à 2004.
La défaite de Jacques Bigot aux régionales se transforme à Strasbourg en victoire éclatante avec 54,23% des voix contre 37,9% à Philippe Richert et 7,87% des voix au FN. La déception dans le camp de Jacques Bigot et son colistier des Verts, Jacques Fernique, a été à la mesure des espoirs suscités par une campagne extrêmement dure, où les sondages donnaient la droite et la gauche ex-aequo jusqu'à la fin.
Philippe Richert, sénateur du Bas-Rhin, a annoncé qu'il abandonnerait sa charge de parlementaire pour se consacrer à sa région.
Aquitaine: nette victoire de la liste menée par le socialiste Alain Rousset
La liste (PS-EE-FG) menée par le président PS de la région Aquitaine, Alain Rousset, a largement devancé (56,34% contre 28,01%) celle conduite par le ministre du Travail, Xavier Darcos (UMP-NC-CPNT), tandis que Jean Lassalle, seul MoDem présent au second tour, pointait à 15,65%.
Elu depuis 1998, Alain Rousset, également président de l'association des régions de France (ARF), a amélioré son score face à M. Darcos auquel il avait déjà été confronté en 2004, année d'une triangulaire mais avec le FN.
"Nous allons continuer et amplifier le projet de solidarité et de progrès de l'Aquitaine autour des métiers de demain, l'emploi demeure la première exigence", a déclaré Alain Rousset depuis sa permanence.
"Le vote des Français doit mettre un terme à cette réforme territoriale. Le fait régional est renforcé et il serait totalement stupide que l'on continue sur une réforme qui va mettre à bas ce dont les Français ont le plus besoin: préparer l'avenir. Il faut que le gouvernement entende le message des Français", a-t-il ajouté.
Au premier tour, M. Rousset avait totalisé 37,63% des voix devant Xavier Darcos (22,05%) et Jean Lassalle (10,43%). Entre les deux tours, les listes Europe Ecologie (9,75%) et Front de gauche (5,95%) avaient fusionné avec la liste PS.
En 2004, la liste d'Alain Rousset (PS-PRG-Verts) était arrivée en tête avec 54,87% des voix devant celles de Xavier Darcos (UMP-UDF) et de Jacques Colombier (FN), totalisant respectivement de 33,46% et 11,67%.
Même à La Teste-de-Buch (Gironde), où Xavier Darcos est inscrit, la liste Rousset a devancé celle du leader de l'UMP de 423 voix au second tour.
"En Aquitaine, la campagne a fait un peu bouger les lignes, Alain Rousset a fait, à peu de choses près, le même score qu'en 2004. Le tsunami annoncé s'est transformé en vaguelette", a déclaré depuis son QG de campagne Xavier Darcos. "J'appelle mes amis centristes à former un bloc solide face à l'excécutif socialiste", a-t-il ajouté.
Le maire UMP de Bordeaux, Alain Juppé, a estimé qu'"Alain Rousset ne progresse pas". "Xavier Darcos a fait dans le contexte régional une remontée qui mérite d'être saluée. Nous aurons un groupe plus nombreux pour défendre notre conception de la région", a souligné l'ancien Premier ministre.
Pour sa part, le député MoDem Jean Lassalle -seul vainqueur d'une triangulaire aux législatives en 2007 et fidèle lieutenant de l'autre député des Pyrénées-Atlantiques, François Bayrou- a réussi son meilleur score dans son fief des Pyrénées-Atlantiques, sa liste totalisant 24,18% des voix, devancée de peu par celle de Xavier Darcos (25,05% soit 2.180 voix d'avance).
Le nouveau conseil régional d'Aquitaine comptera 58 conseillers régionaux PS-EE-FG, 17 UMP-NC-CPNT et 10 MoDem.
Le secrétaire d'Etat Alain Marleix échoue à ravir l'Auvergne au PS
Le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Alain Marleix, chef de file des liste UMP-NC en Auvergne, a échoué à ravir cette région rose au PS qui l'a nettement emporté avec ses alliés d'Europe Ecologie et du Front de gauche, totalisant 59,68% des voix.
"C'est un résultat exceptionnel... Les régions sont un bouclier contre les excès du sarkozysme", a déclaré le président socialiste sortant du conseil régional René Souchon, soulignant la "dimension à la fois régionale et nationale" de ce scrutin, alors que les listes UMP-NC n'ont réuni que 40,32% des suffrages en Auvergne. "Les électeurs auvergnats ont décidé de reconduire la majorité actuelle pour quatre ans, j'en prends acte", a réagi Alain Marleix sur France 3 Auvergne.
L'Auvergne est terre socialiste depuis 2004, quand le maire socialiste de Riom, Pierre-Joël Bonté, avait réussi à reprendre la région à Valéry Giscard d'Estaing, qui briguait un quatrième mandat, avec 52,65% des voix.
La gauche a amélioré dimanche ce score de sept points, ce qui permet à M. Souchon, ancien maire d'Aurillac désigné président du conseil régional en 2006 après le décès brutal de M. Bonté, d'asseoir sa légitimité.
Dans le Puy-de-Dôme, M. Souchon devance même très largement (65,06%) la liste conduite par le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux (34,94%). La gauche arrive même en tête en Haute-Loire (53,78%), département pourtant classé à droite.
Sur les quatre départements auvergnats, l'UMP l'emporte seulement dans le Cantal, fief d'Alain Marleix, conseiller général dans ce département qui vote habituellement à droite. M. Marleix y devance la gauche avec 51,04% contre 48,96%, mais fait moins bien qu'en 2004 où la liste de Valéry Giscard d'Estaing avait obtenu 54,95% des voix.
A Aurillac, René Souchon, maire de cette ville jusqu'en 2006, obtient 63,78% des voix contre 36,22% pour la liste UMP. La gauche obtient donc 33 sièges sur les 47 à pourvoir et atteint son objectif de dépasser les 30 sièges détenus par la majorité sortante: "Nous espérons faire plus bien entendu. Notre objectif est d'en obtenir un, deux voire trois de plus", avait déclaré M. Souchon après le premier tour, rappelant que les listes PS-Europe-Ecologie-Front de gauche avaient totalisé 52,96% des voix au premier tour.
La campagne est apparue plutôt terne, seulement animée par les déboires de M. Souchon, qui a d'abord vu sa liste rejetée par les militants du Puy-de-Dôme, avant qu'elle ne soit refusée par la préfecture pour cause d'inéligibilité de deux de ses candidats. René Souchon avait alors dénoncé un "procès politique", imputable à Brice Hortefeux et Alain Marleix selon lui.
Bourgogne: François Patriat (PS), largement réélu, conserve la région
La liste PS-PCF-PRG-Europe Ecologie de François Patriat est largement arrivée en tête en Bourgogne avec un score de 52,65% et conserve la région, suivie de l'UMP-NC (33,53%) et du Front national (13,82%), dimanche, à l'issue du second tour des élections régionales.
La composition du futur exécutif régional reste identique à celui de 2004. Avec 37 élus, la coalition de gauche conserve une région arrachée à la droite en 2004. La majorité présidentielle maintient ses 14 élus et le Front national en garde six.
La gauche arrive en tête dans les quatre départements de la région, avec un pic à près de 60% (59,70%) dans la Nièvre. Un scénario identique à celui du 1er tour, excepté dans l'Yonne où la droite était arrivée en tête.
Le Front national, qui obtient 13,82% des voix, ne parvient toutefois pas à son niveau de 2004 (15,37%).
Le président sortant de cette région aussi grande que la Belgique, qui obtient cette large victoire le jour de son 67e anniversaire, a qualifié ce résultat de "vote d'espérance" et "de valeurs". "Les Bourguignons espèrent que demain la région sera encore plus à leur écoute et plus en mesure d'accroître ses compétences", a-t-il déclaré à son arrivée à la préfecture.
Satisfait d'être "le 2e score de France en triangulaire", il a estimé que, dans ce contexte, "c'est pas si facile de passer la majorité absolue". "La différence entre moi et mon challenger, c'est que j'étais un homme de convictions et qu'il y avait plus dans sa démarche une part d'ambition", a-t-il lancé à l'adresse de son principal adversaire, François Sauvadet, avant de juger que désormais, "l'affrontement est terminé, le temps du travail est venu".
M. Sauvadet (UMP-NC), président du conseil général de Côte-d'Or, a qualifié cette campagne de "difficile" et s'est dit "préoccupé" par les enjeux régionaux à venir.
Avec 48,30%, le taux d'abstention reste en-dessous du niveau national.
Bretagne, la liste socialiste reconduite haut la main
La Bretagne, seule région où le PS et Europe Ecologie n'ont pas fusionné au second tour, a facilement réélu le président sortant (PS) Jean-Yves Le Drian (50,27%), largement devant la représentante de la majorité présidentielle Bernadette Malgorn (32,36%) et l'écologiste Guy Hascoët (17,37%).
A l'annonce des résultats, M. Le Drian, rayonnant, s'est dit "surpris par l'ampleur d'un tel score".
La liste socialiste, qui avait réalisé 37,19% des voix au 1er tour, a visiblement bénéficié d'un bon report des voix des forces traditionnelles de gauche, Parti de gauche (3,51%), NPA (2,49%) et Lutte ouvrière (1,47%), mais aussi d'une partie des voix du candidat Modem, Bruno Joncour (5,36%) et de la meilleure mobilisation des électeurs.
Les socialistes relèguent loin derrière la droite menée par Bernadette Malgorn qui, à 32,41%, réalise un des scores les plus faibles de la droite en Bretagne, en-deça du score historiquement bas de Josselin de Rohan (41,20%) en 2004.
Mme Malgorn, qui n'est pas encartée à l'UMP, a souffert de dissensions ouvertes à droite, en particulier avec le villepiniste Jacques Le Guen, qui avait été désigné par les militants comme tête de liste puis écarté par l'état-major du parti.
Tête de liste dans le Finistère, l'ex-préfète de région et ancienne secrétaire générale du ministère de l'Intérieur, a même échoué dans son département (32,41% contre 51,30 au PS) et dans son fief familial de l'île d'Ouessant (38,36% contre 49,82% au PS).
Pour le député du Finistère Jacques Le Guen, ce score, "véritable catastrophe", découle d'un "refus de la politique du président de la République, avec un décalage complet entre la campagne menée et la réalité".
De son côté, Mme Malgorn explique son résultat par le fait que "chaque famille bretonne est touchée par cette crise". "Tout ceci ne peut qu'apporter un trouble général, à imputer plutôt aux instances nationales qu'aux instances régionales", ajoute-t-elle.
Incluant dès le premier tour, comme en 2004, des communistes et des écologistes (Verts), la liste socialiste n'a pas été handicapée par la triangulaire et a même bénéficié de l'abstention moins forte (46,60%) qu'au premier tour (51,18%).
Les écologistes qui espéraient jusqu'à 23% des voix gagnent seulement cinq points entre le premier (12,21%) et le second tour (17,31%), avec le soutien du maire de Carhaix, Christian Troadec (4,29%).
Avec 11 sièges, ils bénéficient finalement d'une représentation équivalente à celle qu'ils auraient pu obtenir s'ils avaient fusionné avec les socialistes au second tour. Ils revendiquaient 14 ou 15 sièges contre les 10 ou 11 proposés par M. Le Drian.
"Les reports de voix se sont fait à notre profit un peu partout, il y a même des endroits où nous dépassons 25% comme dans l'agglomération rennaise", s'est toutefois félicité M. Hascoët.
En Bretagne, trois départements sur quatre sont tenus par la gauche tout comme les grandes villes Brest, Quimper, Lorient et Rennes.
Le nouveau conseil régional comprendra 52 sièges pour le PS, 20 pour la majorité présidentielle et 11 pour Europe Ecologie.
La gauche unie conserve la région Centre face à Hervé Novelli
La gauche unie a conservé la région Centre, qu'elle dirige depuis douze ans, avec la majorité absolue devant la droite, emmenée par Hervé Novelli, secrétaire d'Etat au Commerce, et le Front National, dimanche au second tour des élections régionales.
La liste de gauche, conduite par François Bonneau, président (PS) sortant, a obtenu 50,01% des voix, la liste UMP-Nouveau Centre 36,46%, et la liste du Front National menée par Philippe Loiseau 13,54%.
"Mon objectif était de réaliser 50%, ce qui est le cas. Cette victoire salue la gestion de la gauche depuis 12 ans. C'est la confirmation que l'accord entre le Parti socialiste, Europe Ecologie et le Front de gauche était bon, transparent et efficace", a commenté le vainqueur.
Pour la troisième fois depuis 1998, la gauche l'a emporté à l'issue d'une triangulaire. Pourtant, la droite espérait bien s'emparer du Centre, face à un président de région classé comme le moins connu de toute la métropole par une étude publiée l'an dernier. Mais Hervé Novelli a raté son pari. Même s'il avait terminé en tête à l'issue du premier tour (29,02% contre 28,22% à la liste PS), l'écart creusé n'était pas suffisant pour lui assurer la victoire. Et contrairement à son principal adversaire, il ne disposait pas de réserve de voix.
L'appel aux abstentionnistes du premier tour et le soutien du Premier ministre François Fillon, qui est venu en meeting à Orléans entre les deux tours, n'ont pas suffi.
"Je suis satisfait de mon résultat. Je fais le troisième score de l'UMP dans les triangulaires. J'ai mené une bonne campagne", a cependant déclaré Hervé Novelli depuis le siège de l'UMP à Tours.
"François Bonneau et ses alliés sont élus sans légitimité avec moins d'un électeur sur deux. Les quatre années qui viennent sont perdus pour la Région", a-t-il ajouté. M. Bonneau, qui avait succédé en 2007 à Michel Sapin, démissionnaire pour cumul de mandats, fait mieux que ce dernier en 2004 (49,15%), malgré son gros déficit de notoriété.
"Au-delà de la région, il s'agit d'un signe de mécontentement et de refus de la politique actuelle menée par Nicolas Sarkozy et son gouvernement", a-t-il dit avant de fêter la victoire avec ses partisans.
Alors que les rumeurs de remaniement ministériel vont bon train, Hervé Novelli a avoué dimanche soir "ne pas connaître son avenir politique". "Il va y avoir un remaniement dans les heures ou les jours qui viennent, chaque chose après l'autre", a-t-il dit. Au niveau régional, Hervé Novelli fait deux points de mieux que Serge Vinçon (UMP-UDF) (34,39%) en 2004.
Le Front national de son côté accuse un recul de trois points par rapport au score de Jean Verdon (FN) (16,46%) en 2004. C'est dans l'Indre (54,09%), le Cher (54,10%) et l'Indre-et-Loire (51,88%) que François Bonneau a réalisé ses meilleurs scores.
La gauche conserve la Champagne-Ardenne
Le président DVG sortant Jean-Paul Bachy a remporté dimanche avec une confortable avance (44,31%) le second tour des élections régionales en Champagne-Ardenne, devançant l'UMP Jean-Luc Warsmann (38,49%) et le frontiste Bruno Subtil (17,19%) qui renforce son bon score du premier tour.
La participation a légèrement augmenté par rapport au premier tour mais reste inférieure à la moyenne nationale avec un taux de 48,95% pour l'ensemble de la région. La Marne subit la plus grande désaffection des électeurs avec une abstention record de 53,41%.
Jean-Paul Bachy, arrivé à l'issue du premier tour sur les talons de son rival UMP, va donc présider une seconde fois le conseil régional avec un score supérieur de près de trois points par rapport à 2004. Il devrait bénéficier de 29 sièges sur les 49 que compte l'assemblée.
"C'est une grande satisfaction d'autant que la Champagne-Ardenne était une des régions que l'UMP voulait épingler à son palmarès", a déclaré Jean-Paul Bachy.
L'ancien maire de Sedan, exclu du Parti socialiste lors des législatives de 2007 pour non-respect des accords électoraux entre le PS et le MRC, avait reçu l'aval du PS pour conduire une liste de rassemblement de la gauche réunissant le PS, le PCF, le PRG et le MRC.
Avec une progression de plus de 13 points par rapport au premier tour, Jean-Paul Bachy semble avoir bien rassemblé à gauche, bénéficiant notamment du vote des électeurs de la liste Europe Ecologie, avec laquelle il a fusionné au lendemain du premier tour.
Jean-Luc Warsmann, le président de la commission des lois à l'Assemblée nationale qui menait une liste de rassemblement UMP-NC-MPF, progresse de huit points par rapport à dimanche dernier, bénéficiant d'une petite mobilisation des abstentionnistes et d'une partie des électeurs du Modem.
Le candidat du Front national Bruno Subtil fait 1,3% de mieux qu'au premier tour pour réaliser 17,19%, soit le troisième meilleur score national du parti frontiste. "Nous savions que le Front bénéficiait de réserves parmi les milieux populaires qui se sont abstenus", a commenté l'élu frontiste. Le Front national atteint son plus haut niveau dans le département de l'Aube avec 19,13% des votants et conservera les six sièges acquis en 2004 dans la nouvelle assemblée régionale.
Corse: la gauche en tête aux territoriales mais sans majorité absolue
La gauche a remporté dimanche les élections territoriales en Corse, écartant du pouvoir la droite aux affaires depuis 26 ans, mais son succès reste relatif car l'absence de majorité absolue va l'amener à composer avec les nationalistes qui ont obtenu un score historique.
La gauche a obtenu 36,62% des voix, un score décevant au regard de celui réalisé au premier tour par les quatre listes (PRG-PS-Front de gauche-DVG) qui avaient fusionné pour ce second tour.
Surtout, elle devra compter avec la forte poussée des deux listes nationalistes (25,89% et 9,85%) dans la seule élection quadrangulaire de ce scrutin régional.
La droite, qui n'a gagné que 6,2 points (27,65% contre 21,34% au premier tour), a subi un sérieux revers. Elle n'occupera plus que 12 des 51 sièges à l'assemblée, contre 19 auparavant.
Le chef de file de la liste UMP, Camille de Rocca Serra, a été nettement battu dans son fief de Porto Vecchio, troisième ville insulaire, où la liste nationaliste, dite modérée, Femu a Corsica (Faisons la Corse) est arrivée en tête. "C'est un échec", a reconnu M. de Rocca Serra, évoquant implicitement, en dépit d'une forte participation (69,01%), l'usure du pouvoir et soulignant que "c'est un mouvement de fond de l'électorat pour dire son désaccord (...) qui s'est exprimé".
Avec 24 sièges à l'Assemblée de Corse, qui se réunira jeudi, la gauche, en dépit de la prime de 9 sièges attribuée au vainqueur, devra trouver un accord avec les nationalistes devenus, avec un total de 35,74% des voix, la deuxième force politique de l'île.
Pour éviter la reproduction du scénario de 2004, où la gauche arrivée en tête au nombre de voix avait vu la présidence lui échapper, son chef de file Paul Giacobbi, député PRG de Haute-Corse, a déclaré, évoquant les nationalistes, qu'il pensait "possible de se mettre d'accord sur un certain nombre de choses" avec eux.
Avec 25,91% des voix, Femu a Corsica, dite modérée en raison du désaveu public par ses dirigeants de l'action clandestine, a largement amplifié son score du premier tour (18,40%) et occupera 11 sièges à l'assemblée, soit seulement un de moins que la droite.
Son chef de file, Gilles Simeoni, a relancé les appels au dialogue formulés entre les deux tours, et auxquels la gauche n'avait pas répondu, en vue d'un éventuel accord de mandature. "Nos idées sont partagées bien au-delà de notre camp. Nous avons la légitimité pour solliciter l'ensemble des forces politiques dans une logique de dialogue", a-t-il déclaré.
L'autre liste, Corsica Libera, a aussi amélioré son résultat, passant de 9,36% à 9,84% et gagnant un siège à l'assemblée où elle en avait trois.
En cas d'accord entre la gauche et les nationalistes, c'est Paul Giacobbi, 52 ans, qui pourrait présider le Conseil exécutif de la Collectivité territoriale et le communiste Dominique Bucchini, 67 ans, l'assemblée.
Percée historique des nationalistes
Les nationalistes ont réalisé une percée historique dimanche aux élections territoriales en Corse, s'installant au centre de l'échiquier politique, face à la gauche qui l'a emporté mais devra composer avec eux faute d'avoir obtenu la majorité absolue.
Avec un score global de 35,74% des voix, les deux listes nationalistes ont, au terme d'une campagne de terrain en prise avec les problèmes du quotidien et les questions économiques, pulvérisé leur score de 2004 (17,34%). Elles deviennent la deuxième force politique insulaire devant la droite (27,65%), qui a perdu le pouvoir qu'elle détenait depuis 26 ans.
Le résultat le plus spectaculaire a été obtenu par la liste des nationalistes dits modérés Femu a Corsica (Faisons la Corse) qui, avec 25,89% des suffrages, a largement amélioré son score du premier tour (18,40%).Celle-ci est arrivée en deuxième position dans les deux plus grandes villes, Ajaccio et Bastia, et même première à Porto Vecchio, troisième ville et fief du député UMP Camille de Rocca Serra, tête de la liste de droite "Rassembler pour la Corse".
La seconde liste, Corsica Libera, a aussi amélioré son résultat du 14 mars, obtenant 9,85% des voix (9,36% au 1er tour).
Le succès nationaliste a été accueilli par des explosions de joie dans ces villes et de nombreux villages dans toute l'île. A Ajaccio, plusieurs centaines de militants et sympathisants ont défilé dans le centre, organisant des concerts de klaxons et agitant des drapeaux corses blancs frappés de la tête de Maure.
Ces deux listes vont occuper 15 (11 et 4) des 51 sièges de l'Assemblée de Corse, soit sept de plus que dans l'assemblée sortante.
Le dirigeant de Corsica Libera, Jean-Guy Talamoni, a insisté dimanche soir sur la nécessité de parvenir à des "convergences au sein du mouvement national" et évoqué la possibilité de former un inter-groupe à l'assemblée. Celui de Femu a Corsica, Gilles Simeoni, a relancé les appels au dialogue formulés entre les deux tours et auxquels la gauche n'avait pas répondu, en vue d'un éventuel accord de mandature. "Nos idées sont partagées bien au-delà de notre camp. Nous avons la légitimité pour solliciter l'ensemble des forces politiques dans une logique de dialogue", a déclaré M. Simeoni. Cet appel s'adresse à la gauche qui n'a pas obtenu la majorité absolue et occupera 24 sièges, la droite en obtenant 12, dans la nouvelle assemblée qui se réunira jeudi. "Le peuple a considéré qu'on était les meilleurs mais que l'on n'était pas les seuls", a souligné le chef de file de la gauche, le député PRG de Haute-Corse Paul Giacobbi, appelé à présider le Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Corse.
Relativisant la victoire de sa liste, issue de la fusion des quatre listes de gauche qui avaient obtenu 40,19% au total au premier tour, M. Giacobbi a ajouté, évoquant implicitement les nationalistes, qu'il pensait "possible de se mettre d'accord sur un certain nombre de choses".
M. Simeoni a rappelé que les priorités de sa liste étaient la réforme des politiques foncière et immobilière, un développement économique équilibré notamment de l'intérieur, la généralisation de la langue corse, la question des "prisonniers politiques" et la démocratisation.
Les nationalistes se retrouvent en position de discuter un accord de mandature avec la gauche ou au moins de passer des accords ponctuels, ont souligné les analystes. Les discussions devraient rapidement s'engager, d'ici à jeudi.
Franche-Comté : la triangulaire avec le FN permet à la gauche de garder la région
Emmenée par la présidente PS sortante Marie-Guite Dufay, la gauche a conservé dimanche la région Franche-Comté face au secrétaire d'Etat à la Coopération et tête de liste UMP, Alain Joyandet, alors que le FN fait un meilleur score qu'au premier tour.
Avec 47,41% des voix, la présidente sortante devance de neuf points l'UMP (38,36%). La tête de liste du Front national (18,66% en 2004), Sophie Montel, fait mieux qu'au premier tour avec 14,23% des suffrages contre 13,14% dimanche dernier.
En Franche-Comté, la participation est en hausse avec 57,94% de votants contre 51,26% pour le premier tour.
Le PS qui s'approche de la barre des 50% a bénéficié du report d'une partie des voix de gauche, dont celles d'Europe écologie (9,36% au premier tour), son allié, et du Front de gauche (4%). "Il faudrait être difficile pour ne pas être contente, quand il y a trois mois, on me donnait perdante devant un ministre. On me disait inconnue, eh bien je pense aujourd'hui avoir fait la preuve que je n'étais pas inconnue pour les Franc-Comtois", a déclaré à la presse Marie-Guite Dufay, qui avait succédé à Raymond Forni, décédé en 2008.
"Cette victoire, c'est d'abord la victoire de la gauche rassemblée et c'est pour moi un très beau signe pour l'avenir. Nous avons une bonne majorité, c'est le résultat d'une bonne campagne et du rassemblement", a-t-elle commenté.
La majorité présidentielle (UMP-Nouveau centre-Parti radical-Gauche moderne- MPF-CPNT) enregistre 38,36% des suffrages, soit six points de plus qu'au premier tour (32,13%) dans une région longtemps considérée comme "gagnable" par l'UMP.
"A partir du moment où il y avait une triangulaire avec le FN, ça allait être difficile, le résultat d'aujourd'hui n'est pas une surprise", a cependant affirmé Alain Joyandet. Le secrétaire d'Etat a parlé d'une "victoire relative" de Marie-Guite Dufay. "Il y a plus de voix à droite qu'à gauche", a-t-il relevé.
En 2004, une triangulaire avec le FN, qui avait atteint 18,66% au premier tour, avait permis au PS (31,28% au premier tour en 2004) de prendre la tête de la région.
Le secrétaire d'Etat Alain Joyandet battu
Le secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie, Alain Joyandet, a été battu dimanche au second tour des régionales avec 38,36% des voix, contre 47,41% à la liste de gauche emmenée par la présidente sortante Marie-Guite Dufay (PS) et 14,23% au FN, selon les résultats définitifs donnés par la préfecture.
"La gauche a gagné" en Franche-Comté, a déclaré Alain Joyandet, tête de liste du parti de la majorité présidentielle, reconnaissant sa défaite au soir du deuxième tour des élections régionales, dimanche. "Nous devons entendre le message des Français qui, pour beaucoup, se trouvent dans une grande difficulté, il faut continuer les réformes", a-t-il estimé.
"A partir du moment où il y avait une triangulaire avec le FN, ça allait être difficile, le résultat d'aujourd'hui n'est pas une surprise", a-t-il expliqué. Il a toutefois souligné que "la majorité des suffrages n'a pas passé la barre des 50%", évoquant une "victoire relative" de Mme Dufay, tête de liste PS et présidente sortante). "Il y a plus de voix à droite qu'à gauche", a-t-il fait remarquer.
Ile-de-France : la liste de gauche l'emporte largement
La liste de gauche conduite par le président sortant Jean-Paul Huchon (PS) l'a emporté largement dimanche en Ile-de-France, avec 56,69% des voix face à la liste UMP conduite par Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur.
"On a pris une claque", a commenté Roger Karoutchi, président du groupe UMP dans le conseil régional sortant, tandis que M. Huchon, qui se présentait pour la troisième fois d'affilée, notait que c'était son meilleur score.
L'abstention (56,11% au premier tour) est toutefois demeurée élevée (52,86%) et supérieure de quatre points à la moyenne nationale (48,8%).
La gauche rate de peu le grand chelem dans la région puisque seules les Yvelines donnent la majorité à la droite. Fait particulièrement notable, la liste Huchon obtient la majorité dans les Hauts-de-Seine, le département de Nicolas Sarkozy.
Elle gagne aussi des villes symboles comme Meaux (52,18%), fief de Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, ou Issy-les-Moulineaux (52,45%), la ville d'André Santini, tête de liste UMP-NC dans les Hauts-de-Seine.
A Villiers-le-Bel, sa commune, la tête de liste PS dans le Val-d'Oise Ali Soumaré, durement attaqué pendant la campagne par des élus UMP qui l'avaient qualifié de "délinquant multirécidiviste", a obtenu 71,80% des voix.
A Paris, l'UMP arrive en tête dans six arrondissements qui lui sont traditionnellement acquis -6e, 7e, 8e, 15e, 16e, 17e- mais se fait battre largement dans le 5e (58,01% pour Huchon) et de 2 voix dans le 1er. La ville de Paris donne 57,95% de ses voix à la liste Huchon, un score jamais atteint sauf pour les dernières municipales, où Bertrand Deltoïde avait obtenu 57,7% des voix.
Pour M. Huchon, les Franciliens "ont voté pour une vision solidaire" de leur région. "Une autre politique que celle de Nicolas Sarkozy est possible, sociale, respectueuse des hommes, solidaire, vraie", a-t-il déclaré. Il a estimé aussi que la victoire de la gauche signifiait "le rejet du Grand Paris du Président de la République", alors que Mme Pécresse affirmait qu'elle continuerait à "soutenir le projet visionnaire et nécessaire du Grand Paris".
Sur les 209 sièges du conseil régional, la gauche obtient 142 sièges, et l'UMP et le Nouveau centre 67.
Au premier tour, la liste de Jean-Paul Huchon, avec 25,26% des voix, était arrivée derrière celle de Mme Pécresse (27,76%). La liste d'Europe-Ecologie, conduite par la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot, avait réuni 16,58% des voix.
"Les listes écologistes renforcent très fortement la gauche et créent une très belle dynamique au 2ème tour", a souligné Jean-Vincent Placé, numéro 2 des Verts, qui se présentait dans l'Essonne.
Le Front national n'aura aucun élu à la région, n'ayant pas atteint 10% au premier tour, non plus que le Modem.
Au début de la campagne, la droite espérait ravir la première région de France, qui compte 11,7 millions d'habitants et représente 30% du PIB français.
Georges Frêche réélu dans un fauteuil en Languedoc-Roussillon
Georges Frêche, candidat à sa propre succession à la tête de la région Languedoc-Roussillon, a remporté le second tour des régionales dans cette région, très loin devant ses adversaires UMP et Front national, ce dernier flirtant avec les 20% des suffrages. M. Frêche a recueilli 54,19% des voix, devançant le sénateur-maire UMP de Béziers Raymond Couderc de près de 30 points (26,43%).
Le FN, conduit par France Jamet, arrive en troisième position. Avec 19,38% des voix, il réalise un score très élevé dans cette région. Lors du précédent scrutin régional, en 2004, le père de France Jamet, Alain Jamet, alors tête de liste du Front national, avait obtenu 15,67% des suffrages. Avant le premier tour, aucun sondage n'avait donné le FN à plus de 10%.
A l'issue de ce second tour marqué par une abstention de 47,40%, Georges Frêche arrive en tête dans les 5 départements -- l'Aude lui offrant même 62,25% -- et dans toutes les principales villes de la région, y compris celles dirigées par l'UMP, dont Perpignan, Nîmes et même Béziers, la ville du candidat UMP.
M. Frêche remporte donc une éclatante victoire, alors que ni le Parti socialiste, ni Europe-Ecologie, ni l'alliance Front de gauche/NPA, trois listes engagées dans un front "anti-Frêche" mais qui n'avaient pas réussi à franchir le seuil des 10% au premier tour, n'avaient donné de consigne de vote explicite en sa faveur. Il n'a d'ailleurs pas fait dimanche le plein des voix à gauche. Georges Frêche a livré son commentaire, sitôt les premières tendances du scrutin connues: "J'observerai d'abord une minute de silence pour les partis politiques tels qu'on les a connus au XXe siècle. Ce soir, ce sont eux qui sont les grands perdants de ces élections au vu de l'abstention", a-t-il jugé. "J'appelle à faire de la politique autrement en France. Les Français n'ont plus confiance dans les partis, ni dans la droite ni dans la gauche", a-t-il ajouté.
M. Frêche a aussi décoché quelques flèches en direction du PS et de sa première secrétaire Martine Aubry, qui l'avait lâché fin janvier après ses propos controversés sur Laurent Fabius et lui avait opposé une liste conduite par la maire de Montpellier, Hélène Mandroux.
Revenant sur la campagne et le bras de fer qui a opposé Georges Frêche au PS, le candidat de l'UMP Raymond Couderc a exprimé dimanche le "grand regret qu'on n'ait jamais réussi à parler du fond avant la dernière semaine de campagne, puisque le Guignol frêchiste a entretenu l'actualité pendant des semaines". Il a toutefois reconnu qu'un "certain nombre des électeurs de la majorité" étaient "agacés par le rythme des réformes", qui par ailleurs "n'ont pas encore donné de résultats".
De son côté, France Jamet s'est félicitée sur France Bleu Hérault "d'une victoire du mouvement populaire qui s'était amorcé au premier tour". "Dans de nombreux endroits, nous sommes pratiquement en deuxième position, donc on peut considérer que le Front national est la deuxième ou troisième force politique en Languedoc-Roussillon", a-t-elle commenté.
Limousin : le PS vainqueur sans surprise de la triangulaire avec près de 48%
La liste PS-EE, conduite par le président sortant Jean-Paul Denanot, a remporté sans surprise, avec près de 48% des voix, le second tour des élections dans le Limousin, devançant dans une triangulaire l'UMP (32,95%) et la liste PCF-PG-NPA (19,1% des voix).
"Ce résultat est conforme à mon analyse même si j'espérais arriver à 49%. Néanmoins, je me félicite d'une majorité fortement ancrée à gauche qui sera certes divisée mais qui devrait se retrouver sur les grands dossiers", a commenté celui qui sera reconduit président de la région, et qui avait formé une liste d'union avec Europe-Ecologie pour le second tour.
La liste PS-EE obtient 27 des 43 sièges du Conseil régional.
En 2004, M. Denanot, alors allié au PCF, avait recueilli 62% des voix dans un duel avec Raymond Archer (UMP). La majorité sortante de gauche comptait 31 sièges (donc 5 PCF et 3 verts).
L'alliance PCF-PG-NPA, un cas unique en France, a frôlé les 20% en Limousin, une barre qu'elle a même dépassée en Haute-Vienne (21,47%), obtenant six élus: 3 pour le PCF, 2 pour le NPA et 1 pour le Parti de gauche. Le bloc PCF-PG-NPA, crédité de 13,13% des voix au 1er tour, s'était maintenu "forcé et contraint" selon sa tête de liste, Christian Audouin (PCF), en raison, selon lui, du refus de la fédération du PS de Haute-Vienne d'accueillir des représentants NPA sur une liste commune. Le Limousin était la seule région française où le Front de gauche ne s'est pas allié au PS pour la second tour.
Aux européennes, en 2009, le Front de gauche PCF-PG (10%) et le NPA (6,9%) avaient frôlé les 17% dans cette région marquée par la résistance à l'occupation et la politisation des luttes sociales.
L'UMP, conduite cette année encore par M. Archer, qui n'avait pas réussi à atteindre son objectif de 30% au 1er tour (avec 24,16%) a cette fois recueilli 32,95% des voix mais perd deux sièges dans la nouvelle assemblée (10 au lieu de 12).
François Hollande, président (PS) du Conseil général de la Corrèze, a vu dans ce résultat "une belle victoire dans une configuration de trois listes". "Cela aurait été une victoire totale si la gauche avait été rassemblée, nous aurions été ce soir la région où la gauche aurait fait le meilleur résultat de France", a-t-il fait remarquer sur France 3 Limousin.
Lorraine : la gauche remporte la triangulaire, le FN au plus haut
Les socialistes et leurs alliés écologistes et communistes ont conservé à la gauche la Lorraine où, à l'issue d'une triangulaire, le Front national a augmenté d'un point son score des élections régionales de 2004.
A l'issue du second tour marqué par un taux d'abstention de 52,94%, la liste composée par le Parti socialite (PS), Europe Ecologie (EE), le Parti communiste (PCF) et le Mouvement républicain et citoyen de Jean-Pierre Chevènement a obtenu 50,02% des suffrages, en hausse de 1,61% par rapport aux 48,41% réussis il y a six ans.
La majorité présidentielle, qui avait à sa tête le radical valoisien Laurent Hénart, a obtenu 31,54%, en recul de 2,67% par rapport aux 34,21% de 2004.
Dans son fief de Nancy, M. Hénart, qui a indiqué qu'il pourrait ne pas siéger dans l'assemblée régionale, est à 12 points derrière la liste du président sortant, le sénateur (PS) Jean-Pierre Masseret.
Le Front national pointe au plus haut à 18,44%, en hausse de 1,07% par rapport aux 17,37% enregistrés au soir du 2e tour de 2004. "Les électeurs du FN de 2004 (...) sont revenus à la maison-mère", s'est félicité Thierry Gourlot, la tête de la liste frontiste. "L'électorat ouvrier (...) nous est revenu, car qui sème la misère récolte la colère", a-t-il ajouté. "Un vote de colère", a également analysé M. Masseret. "Il doit amener à faire réfléchir très sérieusement ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui et ceux qui aspirent à y être demain", a-t-il ajouté.
"La faute à la crise mondiale", a déclaré Gérard Longuet, président du groupe UMP au Sénat, pour expliquer la démonstration de force du FN dans la région. "La majorité (présidentielle) doit revenir à ses valeurs de 2007. (Depuis), des réformes et des attitudes n'ont pas été comprises", a-t-il dit. "Je dis à l'exécutif qu'il y a des choses qu'il faut remettre en cause", a ajouté M. Longuet, qui figurait sur la liste de droite en compagnie de Nadine Morano, secrétaire d'État (UMP) à la Famille.
Dans la nouvelle assemblée régionale, la gauche aura 46 sièges (+1 par rapport à 2004), la droite 17 sièges (-2) et l'extrême droite 10 sièges (+1).
Midi-Pyrénées: Victoire record et troisième mandat pour Martin Malvy
La liste de gauche conduite par Martin Malvy, président PS sortant du conseil régional de Midi-Pyrénées, a écrasé dimanche au second tour la liste de droite menée par Brigitte Barèges avec près de 68% des suffrages, le record de ces élections.
La liste Malvy (PS, Europe Ecologie, FG, PRG, MRC) totalise 67,77% des suffrages exprimés, contre 32,23% à la liste de la députée-maire de Montauban (UMP-NC), dans un scrutin marqué par une abstention de 45,61%, après 48,26% au premier tour.
En 2004, la liste PS-PRG-PCF de Martin Malvy avait obtenu 57,5% des suffrages dans une triangulaire face à la liste UMP-UDF (30,4%) et au Front National (12,6%), avec une abstention de 30,99%.
Agé de 74 ans, Martin Malvy est assuré d'être réélu vendredi prochain pour un troisième mandat à la tête de la Région, fief traditionnel de la gauche, qui contrôle sept des huit départements, à l'exception de l'Aveyron. Ce résultat est "une réponse à la droite, à la politique de plus en plus insupportable qu'elle mène dans ce pays", a estimé Martin Malvy, soulignant devant une centaine de militants que le rassemblement des forces de gauche avait été déterminant pour l'ampleur de cette victoire. "Le rassemblement c'est l'acte politique que nous devions commettre, la gauche a toujours gagné unie, elle ne gagnera jamais désunie". "C'est la leçon qu'il faut entendre pour faire en sorte que le peuple de France retrouve le pouvoir", a-t-il ajouté.
Gérard Onesta, chef de file d'Europe Ecologie au premier tour, a souligné sa confiance dans l'avenir de l'alliance en déclarant à France 3 Sud: "je n'imagine pas que notre accord soit rompu. On fera vivre nos différences: du moment que c'est dans le respect, il n'y aura pas de problèmes", a-t-il dit.
Défaite, Brigitte Barèges a déclaré: "nous ne sommes pas ridicules dans une région traditionnellement à gauche où le président sortant fait campagne depuis 12 ans". La députée-maire de Montauban a annoncé qu'elle allait démissionner de son mandat de députée pour conduire l'opposition régionale. "C'est un nouveau départ, nous avons quatre ans pour reconstruire", a-t-elle déclaré.
Au premier tour, la liste Malvy avait obtenu 40,93% des suffrages exprimés, devançant la liste Barèges (21,75%) et celle d'Europe Ecologie, menée par Gérard Onesta (13,46%). Celle-ci s'est unie au PS avec la liste du Front de gauche (6,91%) pour le second tour.
La prochaine assemblée régionale avec 91 élus comportera 69 élus de gauche, dont 15 élus d'Europe Ecologie et 7 du Front de gauche, contre 22 à la liste de droite.
Journaliste de formation, ancien maire de Figeac (Lot), ancien secrétaire d'Etat à l'Energie (1984-86) de François Mitterrand, aux relations avec le Parlement (1991-92), puis ministre du Budget (1992-93), Martin Malvy avait ravi en 1998, le perchoir de l'assemblée régionale à l'UDF Marc Censi.
Nord-Pas-de-Calais : victoire aisée de la gauche, le FN au-dessus des 20%
La gauche a conservé aisément son bastion du Nord/Pas-de-Calais dimanche, sa liste d'union PS-Front de gauche-Europe Ecologie-MRC-PRG (51,89%) devançant très largement la liste UMP (25,91%), elle-même talonnée par le FN (22,20%), en progrès.
En position de force à l'issue du premier tour avec notamment 29,16% des suffrages pour la liste PS-MRC-PRG, la gauche unie a bénéficié d'un bon report des voix des listes Europe Ecologie et du Front de gauche. Elle subit cependant un tassement de son score par rapport à 2004 (53,75%), dans une région où l'abstention (50,81%) était voisine de son chiffre national.
"L'événement principal, c'est le score de Marine Le Pen dans la région, qui progresse de 4 points environ par rapport au premier tour (18,31%)", a estimé le politologue Bernard Dolez.
La vice-présidente du FN doit d'abord cette performance, une des meilleures de sa formation, au département du Pas-de-Calais, où elle devance la secrétaire d'Etat UMP aux technologies vertes Valérie Létard (24,38% contre 22,63%), notamment grâce à un score massif dans son fief d'Hénin-Beaumont (44,23%).
La benjamine du clan Le Pen n'a pas réalisé son rêve de devancer l'UMP, mais améliore sensiblement le résultat, déjà exceptionnel, obtenu par sa formation en 2004 (19,98%).
Elle est ainsi plus que jamais confortée dans ses ambitions de prendre les rênes du Front.
"Lorsque nous aurons démontré à la région ce dont nous sommes capables dans l'opposition, ces scores vont se multiplier", a-t-elle prédit. "Nous serons là avec un groupe très important (...). M. Percheron et Mme Létard ne savaient pas ce que c'est qu'une opposition, ils vont l'apprendre", a-t-elle averti.
Le président reconduit Daniel Percheron a exprimé son ambition de "faire en sorte que le bonheur collectif soit de nouveau l'apanage des 4 millions d'habitants du Nord/Pas-de-Calais", alors que "le gouvernement va nous priver du levier fiscal".
Dans la ville de Lille, fief de la première secrétaire du PS Martine Aubry, la liste de gauche a obtenu quelque 61,82% des suffrages.
Valérie Létard apparaît comme la grande perdante du scrutin, même si elle a progressé de 7 points par rapport au premier tour (19,00%). La secrétaire d'Etat a toutefois estimé faire partie "des listes qui ont le mieux maintenu leur score par rapport à 2004".
Basse-Normandie: envol de la gauche avec un score historique
La gauche emmenée par le socialiste Laurent Beauvais a renforcé sa domination sur la Basse-Normandie, atteignant un score historique de 57,15%. "Sur un fond d'abstention qui reste considérable malgré une légère amélioration, on a un envol des positions de la gauche qui enregistre des scores qui n'étaient pas imaginables sur la base des scrutins précédents", a estimé Pascal Buléon, politologue de l'université de Caen.
La liste PS-EE-PCF-PRG menée par le président sortant de la région, le socialiste Laurent Beauvais, qui aura 32 siège dans la nouvelle assemblée régionale, devance très largement la liste UMP-NC-MPF de la majorité présidentielle menée par le sénateur UMP Jean-François Le Grand (15 sièges).
L'abstention s'élève à 48,57% au second tour contre 52,86% au premier, et 35,06% au second tour de 2004. "On a un ancrage durable en Basse-Normandie de la gauche conjugué à un vote national qui a entraîné une mobilisation à gauche et une démobilisation de la droite", a ajouté M. Buléon.
Le bon score du MoDem en Basse-Normandie au premier tour - avec 8,9%, le parti de François Bayrou avait enregistré son deuxième meilleur score en France- n'a "absolument pas profité à l'UMP", constate le politologue.
"On a très probablement eu également un très mauvais report" des voix de l'extrême droite, qui s'était maintenue à un niveau inattendu au premier tour (8,70% pour le FN et 3,71% pour le Parti de la France), ajoute M. Buléon.
La liste du Parti de la France était menée par Fernand Le Rachinel, ex imprimeur du FN et tête de liste de ce parti en 2004 en Basse-Normandie.
La stratégie de Jean-François Le Grand consistant à tenter de pousser les électeurs d'Europe Ecologie à l'abstention au second tour n'a eu "aucun effet", pense aussi l'universitaire.
Le sénateur UMP, président du conseil général de la Manche a, à de nombreuses reprises, souligné les désaccords entre le PS et Europe Ecologie sur de grands dossiers comme la filière nucléaire, pilier économique de la Manche, ou un projet de terminal charbonnier à Cherbourg, auxquels les Verts sont opposés.
Laurent Beauvais en revanche, arrivé en 2008 à la tête de la région en remplacement de Philippe Duron élu maire de Caen, "a réussi à prendre en cours de route la présidence de la région et à se faire reconnaître comme tel, y compris dans le Calvados", alors qu'il est élu à Argentan (Orne), poursuit M. Buléon.
En 2004, où le FN avait pu se maintenir au second tour, la liste menée par le député-maire de Caen Philippe Duron avait enregistré un score de 46,22% contre 40,01% pour la liste UMP-UDF-MPF et 13,78% pour le parti d'extrême droite.
Haute-Normandie : la gauche pour un troisième mandat avec 24 points d'avance
La gauche unie conduite par le président sortant PS Alain Le Vern est victorieuse, pour la troisième fois consécutive, avec 24 points d'avance sur la droite emmenée par le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire (UMP).
A l'issue d'un scrutin marqué par une forte abstention (49,0%) mais plus faible qu'au premier tour (53,6%), la gauche a réuni 55,1% des suffrages contre 30,7% à la droite et 14,2% au Front national. La liste d'Alain Le Vern a fait le plein des voix qui s'étaient portées au premier tour sur le PS (34,9%), Europe Ecologie (9,1%), le Front de Gauche (8,4%).
La droite a également progressé, gagnant cinq points, mais ses réserves de voix étaient très faibles à l'issue du premier tour. Elle a probablement récupéré une partie de l'électorat qui s'était porté sur Debout la République (1,8%), le Modem (2,9%) et l'Alliance écologiste (1,1%).
Au sein de la gauche, le PS sort grand vainqueur du scrutin. L'alliance PS-PRG-DVG compte 25 élus contre 21 à la fin de la précédente mandature. Les écologistes conservent leurs six sièges tandis que les communistes en perdent trois et tombent à quatre, car ils ont dû faire la place à leurs alliés de la Gauche unitaire et du Parti de gauche qui ont obtenu chacun un élu.
Globalement, le PS animé ici depuis la fin des années 1970, par l'ancien Premier ministre Laurent Fabius confirme son emprise en Haute-Normandie où il gère la région, les deux départements et les principales villes, à l'exception du Havre (UMP) et de Dieppe (PCF).
En revanche, pour la droite qui réalise son plus mauvais score depuis les débuts de la Vème République, l'échec est cuisant. Mais Bruno Le Maire, ancré dans cette région seulement depuis 2007, veut voir dans ce résultat "le socle" sur lequel il compte s'appuyer pour organiser "la reconquête". Durant la campagne, le jeune ministre -40 ans- s'est imposé comme le chef de file de la majorité présidentielle dans la région. Il a aujourd'hui les coudées franches pour tenter de densifier le maillage local de l'UMP qui compte aujourd'hui "trop de zones d'ombre" à ses yeux pour que la droite puisse prétendre rivaliser avec les socialistes.
A l'extrême-droite, le FN sort de ces élections avec une représentation numériquement inchangée par rapport à 2004 - six élus - mais complètement renouvelée. Entre-temps, la plupart de ses sortants ont rejoint le Parti de la France qui a été éliminé dès le premier tour après avoir réuni seulement 1,5% des suffrages.
Hormis l'UMP, les autres vaincus du scrutin sont les petites listes, aux marges de la droite et de la gauche, qui sont restées au premier tour loin du seuil des 5%. La remarque vaut particulièrement pour le Modem dont le président en Seine-Maritime a démissionné entre les deux tours et pour le NPA, parti en solitaire et dont la campagne a été éclipsée par celle du Front de gauche.
Pays de la Loire: Jacques Auxiette (PS) en tête dans les cinq départements
La liste menée par le socialiste sortant Jacques Auxiette l'a emporté dans les cinq départements des Pays-de-la-Loire, face à la droite menée par l'UMP Christophe Béchu, qui a échoué à reprendre la région perdue par François Fillon en 2004.
Avec 56,39%, Jacques Auxiette améliore même son score de 2004 (52,35%) face à François Fillon. La tête de la liste d'alliance PS et Europe Ecologie avait réuni 34,36% au premier tour (13,64% pour Europe Ecologie). Il arrive même en tête dans tous les départements, y compris le Maine-et-Loire (52,91%), le fief de Christophe Béchu, et même la Vendée (50,29%), où règne son allié, le président du conseil général Philippe de Villiers (MPF).
Le président sortant, qui a notamment bénéficié du soutien de la liste d'extrême gauche (un peu moins de 5% au premier tour), n'avait dominé le premier tour que dans deux départements traditionnellement de gauche, la Sarthe et la Loire-Atlantique. Au second tour il a renforcé sa position dans ces départements (59,50% dans la Sarthe et 61,24% dans la Loire-Atlantique) et a dépassé son adversaire dans les trois autres départements, ce qu'il n'avait pas réussi en 2004. En Vendée il s'impose de peu, mais il domine facilement en Mayenne (52,31%)
Le difficile accord conclu lundi entre le PS, qui soutient la création d'un aéroport grand ouest, et Europe-Ecologie, farouchement contre, a trouvé sa résonnance dimanche dans la commune de Notre-Dame-des-Landes, qui doit accueillir les nouvelles pistes.
Le parti écologiste y était arrivé en tête au premier tour avec un très bon score de 33,33%. Le MoDem, lui aussi opposé au projet, y avait devancé largement le PS (19,09% contre 12,82%).
Au second tour, même si l'alliance PS/EE l'emporte avec 57,97%, la liste de Christophe Béchu, prudent quant à ce projet, y a fait un bond de 17,09% à 42,03% au second tour, récupérant bon nombre des voix des opposants. Beaucoup ont préféré opté pour le bulletin blanc ou nul (10,50%).
Christophe Béchu, président UMP du conseil général du Maine-et-Loire, qui n'avait réuni que 32,78% des voix avec sa liste d'union au premier tour, n'a donc pas réussi à ravir cette région perdue en 2004 par la liste menée par l'actuel Premier ministre François Fillon.
Le Front national (7,05% des voix) n'avait pas donné de consigne de vote, tout comme le MoDem (4,57%) ou la liste régionaliste qui prône le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne (0,99%). La liste de Lutte Ouvrière avait obtenu 1,60% au premier tour.
L'abstention est restée forte dans la région avec 48,22% contre 36,18% en 2004.
La gauche conserve sans surprise la Picardie
La gauche a conservé sans surprise la Picardie dimanche soir au second tour des élections régionales, la liste menée par le président sortant Claude Gewerc (PS) recueillant 48,28% des voix, contre 32,43% pour la liste UMP de Caroline Cayeux et 19,3% pour le FN avec Michel Guiniot. Le taux d'abstention a atteint 48,84%, semblable à la moyenne nationale, contre 54,44% lors du premier tour dimanche dernier.
La liste menée par M. Gewerc, qui avait fusionné avec Europe Ecologie (9,98% au premier tour) mais pas avec le Front de gauche (5,35% dimanche dernier), l'emporte donc avec près de 16 points d'avance sur l'UMP.
La liste de la maire de Beauvais Caroline Cayeux avait recueilli 25,94% des suffrages au premier tour. "Nous n'avons pas pu ou pas su réagir" face à "un vent national anti-gouvernemental", a-t-elle reconnu.
M. Gewerc, qui avait pris la région en 2004 à l'UDF en battant avec plus de 10 points d'avance Gilles de Robien, s'est félicité de la "confiance renouvelée des Picards", tout en déplorant l'absence d'accord avec le Front de gauche. "J'aurais souhaité que l'ensemble de la gauche soit réuni", a-t-il déclaré. Il a, semble-t-il bénéficié d'un bon report des voix de gauche, y compris des électeurs du dissident communiste Maxime Gremetz (dont la liste "Colère et Espoir" avait fait 6,21% au premier tour), et ce bien que tout accord ait été exclu après le premier tour.
Il a par ailleurs déploré le fait que le FN n'ait "jamais été aussi haut". Signe selon lui que "les plus fragiles, les plus démunis nous renvoient un message que nous devons entendre", dans une région particulièrement touchée par la crise économique. Par rapport au premier tour, le FN progresse de près de quatre points et gagne plus de 33.000 électeurs. En 2004, il avait obtenu 18,66% des suffrages au second tour.
A Amiens, la capitale régionale, la gauche obtient 53,77% des suffrages, contre 32,26%, le FN marquant le pas avec 13,98%. Sur 57 sièges à pourvoir, la gauche en remporte 35, contre 14 à l'UMP et huit au FN.
Victoire de Royal en Poitou-Charentes, deuxième score de France
Le duel entre Ségolène Royal et Dominique Bussereau a, comme attendu, tourné largement à l'avantage de la présidente PS sortante du conseil régional de Poitou-Charentes, qui a recueilli 60,61% des suffrages, enregistrant le deuxième meilleur résultat de ces élections.
Avec 39,39%, les listes du secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau améliorent notablement leur score du premier tour (29,46%), dans un scrutin marqué par une abstention moins élevée que dimanche dernier (46,51% contre 49,89%).
Les voix de la gauche picto-charentaise, qui avait totalisé un peu plus de 58% au premier tour, semblent s'être portées massivement sur les listes PS/Europe Ecologie, qui enregistrent le deuxième meilleur résultat, derrière Midi-Pyrénées (67,27%). En 2004, la gauche l'avait emporté avec 55,10% des voix.
Au premier tour, les listes Royal avaient totalisé 38,98% des suffrages, Europe Ecologie 11,92%, le FN 7,72%, le Front de gauche 4,66%, le MoDem 4,37% et l'extrême gauche 2,89%.
Trente-neuf des 55 sièges de la nouvelle assemblée reviennent aux élus des listes Royal et 16 aux partisans de M. Bussereau, qui a fait part de son intention de siéger dans l'opposition régionale.
Le nouveau conseil régional, élu pour quatre ans, ne comptera plus ni communistes, ni frontistes. Les écologistes voient en revanche leurs effectifs passer à neuf (contre sept), plus deux Verts ralliés à Mme Royal dès le premier tour. Deux syndicalistes de Heuliez et New Fabris siègeront également sur les bancs de la majorité, au côté de trois ex-MoDem, débauchés par Mme Royal. L'opposition comptera sept élus UMP, six Nouveau centre et trois divers droite.
Président du conseil général de Charente-Maritime, M. Bussereau est toutefois une nouvelle fois distancé dans son département, avec 43,10% des voix. Mme Royal totalise par ailleursz 65,47% des suffrages à Cerizay (Deux-Sèvres), siège du constructeur automobile en difficulté Heuliez.
A l'issue du scrutin, Ségolène Royal a estimé qu'il s'agissait d'"une belle victoire des présidents de gauche à travers toute la France", mais qu'il appartenait à la gauche "désormais de faire en sorte que cette victoire ne soit pas la victoire d'un camp mais (de) tout le pays".
"Face à une star, une idole, nous n'avons pas fait un si mauvais parcours", a jugé depuis Saint-Georges-de-Didonne M. Bussereau, qui a salué son opposant.
Paca : troisième mandat pour Vauzelle, Le Pen plastronne
Le socialiste Michel Vauzelle rempile sans surprise à la tête de Provence-Alpes-Côte-d'Azur, après avoir remporté le second tour des régionales dimanche avec 44,11% des voix devant l'UMP Thierry Mariani (33,02%) et Jean-Marie Le Pen (22,87%) qui réalise le meilleur score du FN.
A 81 ans, M. Le Pen a amélioré son résultat du premier tour (20,29%) dans une région historiquement favorable au parti d'extrême droite. Il a fait un tabac par endroits, arrivant en tête à Marignane (Bouches-du-Rhône) avec 37,67% des voix et à Cavaillon (Vaucluse) avec 38,20%. Avec une participation moindre de 13 points à 52,21%, le Front national obtient deux sièges de plus qu'il y a six ans, soit 21 contre 72 à la liste Vauzelle et 30 à la liste Mariani. M. Le Pen, installé pour la soirée dans un grand hôtel niçois, a estimé que si sa carrière politique se terminait là, "elle se terminait bien". "Mais (...) quand je vois Mme Veil entrer à l'Académie et qu'elle a mon âge, je me dis que j'ai encore de l'avenir", a-t-il ajouté.
Michel Vauzelle, 65 ans, a bénéficié de l'exact report des voix de ses partenaires d'Europe-Ecologie et du Front de gauche, mais obtient un point de moins que lors de la triangulaire similaire de 2004. "Je souhaite qu'à Paris les chefs, de quelque parti qu'ils soient, entendent le message qui monte de la province", a-t-il déclaré, appelant les responsables de la gauche à faire leur "examen de conscience".
L'ancien garde des Sceaux l'emporte dans les Hautes-Alpes, les Alpes-de-Haute-Provence, le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône, ainsi qu'à Avignon, Marseille et Nice, des mairies pourtant à droite, tandis que l'UMP arrive en tête dans le Var, les Alpes-Maritimes et à Toulon.
M. Vauzelle est depuis 1998 à la tête de la région Paca. Cet avocat de formation, père de trois enfants, avait abordé la campagne sûr de son bilan et de sa notoriété face à son adversaire UMP Thierry Mariani.
Celui-ci, 51 ans, a fait presque jeu égal avec l'UMP Renaud Muselier qui avait obtenu 33,82% des voix en 2004. Mais il n'a jamais pu combler le handicap dû à la défection du maire de Toulon Hubert Falco, qui avait renoncé en novembre à mener la liste alors qu'il avait les faveurs de l'Elysée.
M. Mariani, épinglé durant la campagne pour son manque d'assiduité dans l'hémicycle régional, a assuré qu'il serait désormais "le pire cauchemar" de M. Vauzelle à l'hôtel de région, pointant que son adversaire "réalise l'un des plus faibles scores des présidents sortants".
M. Vauzelle, qui a sondé Provençaux, Alpins et Azuréens en 2009 pour changer le nom de leur région, n'a pas précisé dimanche s'il le ferait, donnant "la priorité à l'emploi, au logement et à la solidarité".
Vendredi, il sera formellement investi à la tête du conseil régional lors d'une séance présidée traditionnellement par le doyen des élus, Jean-Marie Le Pen.
Rhône-Alpes : la gauche l'emporte, malgré une meilleure mobilisation à droite
Le PS, allié à Europe Ecologie et au Front de gauche, a réussi dimanche à conserver haut la main la région Rhône-Alpes, qu'elle avait ravie en 2004 à la droite, même si cette dernière, entre les deux tours, semble avoir réussi à mobiliser davantage d'abstentionnistes.
La gauche unie, avec 50,76%, fait à peine mieux que les trois scores additionnés du PS, d'Europe Ecologie et du Front de gauche le 14 mars, respectivement 25,40%, 17,83% et 6,31%, soit 49,54%.
En outre, plusieurs élus du Modem de Rhône-Alpes, dont la liste avait réuni 4,33% des suffrages au premier tour, avaient appelé leurs électeurs à voter pour la liste conduite par Jean-Jack Queyranne (PS). Leur chef de file Azouz Begag avait même demandé de "faire barrage au Front national et aux sarkozystes qui l'ont fait renaître".
En face, Françoise Grossetête, tête de liste pour la majorité présidentielle, qui avait obtenu 26,39% des voix au premier tour, a réalisé 34,02% dimanche, soit près de 8% de plus.
Elle semble avoir réussi, avec les visites de plusieurs membres du gouvernement dont François Fillon, à mobiliser les abstentionnistes, qui sont passés de 57,13% à 50,83% en une semaine.
Le Front National, emmené par Bruno Gollnisch, est quant à lui passé en une semaine de 14,01% à 15,23% des voix.
En Rhône-Alpes comme ailleurs, les enjeux régionaux comme la fiscalité, la formation professionnelle ou les transports semblent n'avoir eu qu'une importance très relative sur le choix des électeurs.
Le fait que les électeurs aient boudé l'UMP est un message à dimension nationale, analysait ainsi M. Queyranne dimanche soir: "Le président de la République doit entendre le message des urnes et tirer les conclusions de la défaite cinglante de l'UMP comme de la progression du Front national, dont son gouvernement est le premier coupable".
En écho, Bruno Gollnisch, tête de liste FN, a déclaré dimanche soir devant la presse: "Je me serais consolé que Sarkozy tue le FN s'il avait résolu les problèmes du pays, mais nous savions que c'étaient des paroles en l'air".
La région Rhône-Alpes, qui compte un peu plus de six millions d'habitants et huit départements (Ain, Ardèche, Drôme, Isère, Loire, Rhône, Savoie et Haute-Savoie), affiche un taux de chômage parmi les plus bas de France, avec 8,5% au trimestre 2009 (contre 9,1% au niveau national). Elle a toutefois été aussi violemment touchée par la crise, avec près de 7.000 défaillances d'entreprises l'an dernier (+ 23% par rapport à 2008).
La Guyane bascule à droite avec un divers gauche investi par l'UMP
La Guyane a basculé dimanche à droite avec la victoire du divers gauche Rodolphe Alexandre, maire de Cayenne, dont la liste investie par l'UMP a obtenu 56,11% des voix, contre 43,89% pour celle de la députée DVG Christiane Taubira.
M. Alexandre, qualifié de "socialiste sarkozyste" par le ministre de l'Intérieur et de l'Outre-mer Brice Hortefeux, avait fait la bonne "pioche" en janvier lors des referendums statutaires, où à la différence des autres grands élus de Guyane, il avait dit non à une autonomie accrue puis oui à une collectivité unique.
Il aurait été choisi par Nicolas Sarkozy pour sa "culture du résultat", avait-il indiqué dans une interview.
Arrivé largement en tête au premier tour, avec plus 40% des suffrages, il avait distancé de plus de 17 points la liste de Mme Taubira (23,02%).
La gauche s'était présentée en ordre dispersé dans cette région gérée pendant dix-huit ans par Antoine Karam (PSG), qui ne se représentait pas.
La fusion de la liste de Mme Taubira avec trois listes de gauche ou écologistes, dont celle de l'autre députée DVG Chantal Berthelot, n'a pas permis à l'ancienne candidate à la présidentielle de refaire son retard.
Pas plus que le soutien appuyé apporté par la première secrétaire du PS Martine Aubry et la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot.
La liste d'"ouverture" de M. Alexandre, qui souligne qu'il est un "homme de gauche", a obtenu 21 sièges, contre 10 à celle de Mme Taubira. On y trouve des DVG, des DVD, des UMP et des "divers", décidés selon lui à travailler à "un projet de société soudé".
Le taux d'abstention a atteint 49,3%, soit six points de moins qu'au premier tour de scrutin.
"C'est véritablement un signe majeur pour que la Guyane aille vers l'avant, vers l'innovation. C'est la démocratie qui a triomphé", a déclaré M. Alexandre. "Aujourd'hui, les Guyanais ont dit non à la pensée unique. Les Guyanais ont signifié qu'il ne veulent plus de fractures, plus de divisions stériles. C'est la société civile qui a dit non aux appareils politiques", a-t-il ajouté. Selon lui, "toute la Guyane va se retrouver à travers un dialogue avec le gouvernement". M. Alexandre a précisé qu'il resterait au conseil municipal de Cayenne comme premier adjoint au maire.
De son côté, Mme Taubira a estimé que la liste de M. Alexandre avait pratiqué un "jeu communautariste" qui "a donné des résultats graves et dangereux pour la société". Elle a ajouté à l'égard de son adversaire: "Nous avons un idéal : nous ne changeons pas de valeurs ni d'appartenance politique chaque fois qu'il y un puissant qui claque des doigts".
La victoire de la liste Alexandre permet à l'UMP de l'emporter dans deux régions d'outre-mer sur quatre, en Guyane et à La Réunion, où la droite a également profité de la désunion de la gauche.
La Guadeloupe, avec Victorin Lurel (PS), et la Martinique, où Serge Letchimy a battu Alfred Marie-Jeanne, restent à gauche.
La ministre de l'Outre-mer Marie-Luce Penchard a annoncé qu'elle se déplacerait en Guyane du 28 au 30 mars et réunirait les élus pour entamer la consultation préalable à l'élaboration du projet de loi sur la collectivité unique, qui sera mise en place au plus tôt dans deux ans.
Martinique : Serge Letchimy enlève la région à l'indépendantiste Alfred Marie-Jeanne
La liste conduite par le député-maire autonomiste de Fort-de-France Serge Letchimy, leader du Parti progressiste martiniquais (PPM), l'a emporté dimanche en Martinique avec 48,32% des voix face au président sortant et leader du Mouvement indépendantiste martiniquais (MIM), Alfred Marie-Jeanne (41,05%).
La liste du candidat soutenu par la majorité présidentielle André Lesueur (DVD) a recueilli 10,63% des voix.
Près de 12.000 voix séparent Serge Letchimy d'Alfred Marie-Jeanne. Sur les 41 sièges de la région Martinique, Serge Letchimy en remporte 26, Alfred Marie-Jeanne 12 et André Lesueur 3.
L'abstention, qui s'élevait au premier tour à 55,55%, a diminué de près de 8 points au second tour.
Serge Letchimy devance le président sortant de la région Martinique dans 21 communes sur 34.
Fort-de-France, la ville dont il est le maire, lui offre l'un de ses meilleurs scores (63,43%).
Parallèlement, c'est dans son fief de Rivière-Pilote dont il fut le maire durant près de 30 ans, qu'Alfred Marie-Jeanne obtient son meilleur score dans toute l'île avec 87,94 % des suffrages.
Le second tour des régionales a marqué une sorte de coupure de l'île entre un sud plutôt acquis à M. Marie-Jeanne et un nord qui s'est ouvert au député-maire de Fort-de-France.
La droite martiniquaise, menée par le maire et conseiller général de Rivière-Salée André Lesueur, n'est pas parvenue à faire son come-back.
Elle perd même un siège par rapport à la précédente mandature en passant de 4 à 3.
Le candidat soutenu par la majorité présidentielle semble avoir pâti d'une forme de "bipolarisation" entre un courant autonomiste et un courant indépendantiste à gauche.
Cette bipolarisation aurait conduit à une sorte de réflexe de vote utile chez une partie de la droite qui aurait voté en faveur de la liste de Serge Letchimy, selon des observateurs de la vie politique locale.
"Le peuple martiniquais a fait le choix d'un changement profond dans un pays qui vit une crise sans précédent", a indiqué le député-maire de Fort-de-France dans une déclaration à l'annonce des résultats. "Le choix d'une vision moderne du développement économique", a-t-il précisé avant d'ajouter que "cette victoire n'était pas celle d'un clan contre un autre mais la victoire de l'ensemble des Martiniquais".
De son côté, Alfred Marie-Jeanne a estimé que ces résultats ne traduisaient pas l'effondrement que l'on prédisait. "Il y a là matière réconfortante à continuer la lutte ", a-t-il lancé dimanche soir depuis le balcon de la mairie de son fief de Rivière-Pilote.