Réforme territoriale : les capitales régionales rétrogradées veulent négocier avec l’Etat

Aurélien Hélias
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anatole giboulette - 19/04/2015 17h:22

Pourquoi toujours donner aux plus riches ? Pourquoi ne pas faire simple et équitable : faire en sorte que l'ancienne capitale régionale de la région la mois économiquement développée (en termes de PIB/habitant) devienne la capitale régionale de la nouvelle région? Cela permettrait un certain rééquilibrage.

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Réforme territoriale : les capitales régionales rétrogradées veulent négocier avec l’Etat

Benoist Apparu

© Sénat/C. Lerouge

Cinq villes qui pourraient prochainement perdre leur statut de chef-lieu à la faveur de la nouvelle carte des régions s’associent pour prévenir les conséquences économiques d’un tel « déclassement ». Menées par Benoist Apparu (photo), maire de Châlons-en-Champagne, ces capitales régionales espèrent bien obtenir des compensations de l’Etat… et de leur nouveau conseil régional respectif.

Elles sont cinq villes, bien décidées à travailler ensemble pour optimiser les compensations à obtenir de l’Etat contre une certaine « rétrogradation » : la perte de leur statut de chef-lieu liée à la fusion des 22 régions en 13 régions. Car « à la faveur de ce mercato institutionnel, nous risquons de passer de Ligue 1 en Ligue 2 », a illustré Jean-Luc Bohl, président (UMP) de la communauté d'agglomération Metz Métropole. La ville perdra en effet son statut au profit de Strasbourg au sein de la future région réunissant Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne.

Emmenées par Benoist Apparu, dont la ville qu’il dirige, Châlons-en-Champagne, fera aussi les frais du leadership strasbourgeois, Amiens, Besançon, Metz et Limoges comptent bien négocier autant avec le gouvernement qu’avec les nouveaux exécutifs régionaux pour « défendre les capitales régionales existantes et les équilibres qui vont avec, (...) peser sur les choix qui vont arriver. Les neuf villes qui vont perdre leur statut doivent s'organiser », a expliqué l'élu.

Recenser les emplois liés
Soutenu par les associations Villes de France (villes moyennes) et des maires de grandes villes de France (AMGVF), le collectif de ces "capitales en sursis" qui se réunissaient pour la première fois le 9 décembre à l'Assemblée nationale se fixe plusieurs objectifs. D’abord celui de « collecter des données », alors qu'il « n'y a pas d'étude d'impact sur les conséquences de la réforme ». Traduction : recenser le nombre de salariés attachés aux différentes institutions installées dans les chefs-lieux, du conseil régional aux différentes directions régionales de l'Etat (des finances publiques, de l'environnement, de l'aménagement et du logement, rectorats, agences régionales de santé, etc.)

Une étape nécessaire avant d’avancer « des préconisations » pour organiser la collaboration entre les anciennes et nouvelles capitales, le collectif espérant qu’une répartition des services entre les villes sera privilégiée à leur concentration dans une seule. Ensuite, le collectif souhaite rencontrer le Premier ministre et le secrétaire d'Etat chargé de la réforme de l'Etat, Thierry Mandon.

Un statut « ni anecdotique, ni anodin »
Car certaines des villes en instance de « rétrogradation » savent d’expérience qu’il vaut mieux négocier avec l’Etat avant d’être mis devant le fait accompli. Alors que la ville de Metz a perdu 5 000 emplois lors de la réorganisation de la carte militaire, la cité chef-lieu de Lorraine devait bénéficier de 1 500 emplois délocalisés. « Le compte n’y est toujours pas. L’Insee n’est toujours pas installé », déplore Jean-Luc Bohl, président (UMP) de la communauté d'agglomération Metz Métropole.

Seuls quelques services des douanes sont venus s’installer et au final, un millier d'emplois, parmi ceux qui avaient été promis, ont été effectivement délocalisés à Metz. « Tout cela crée un effet domino », regrette le maire de Montigny-lès-Metz, d’autant que la ville devra bientôt subir le reclassement des salariés d'Ecomouv après l'abandon de l'écotaxe. « Une double-peine » qui l’amène à rappeler que « perdre le statut de capitale régionale n'est ni anecdotique ni anodin ».

A Besançon, Pascal Curie, conseiller municipal (PS) a aussi fait le compte : 1 700 emplois y dépendent directement des services locaux de l’Etat et 410 du conseil régional. Des chiffres non négligeables à l’heure où la cité franc-comtoise pourrait perdre son statut de chef-lieu au profit de Dijon.

Ceux qui évitent le « club des ex »…
Enfin, autre difficulté de la démarche, au-delà même du peu d’empressement du gouvernement à se saisir de cette question : beaucoup de villes qui craignent de perdre leur capitale régionale ne veulent pas s’associer dès maintenant à la démarche de peur de perdre toute chance de conserver leur statut. D’où la représentation à la première réunion de représentants de seulement 5 capitales régionales alors que neuf en tout vont mathématiquement « rétrograder ».

« Certains territoires ne souhaitent pas s’associer à ce qui pourrait être vécu, ce qui n’est pas le cas, comme un club des futurs ex… », confie Benoist Apparu. Ainsi Montpellier espère encore l’emporter sur Toulouse de même que Caen ambitionne de supplanter Rouen. Les deux candidates au titre de chef-lieu de la Normandie unifiée n’étaient ainsi « pas présentes car elles estiment qu’elles ont des cartes à jouer et ne veulent pas appartenir au club des ex… », glisse le députe-maire de Châlons.

Pour d’autres, la marche s’avère plus difficile à monter : on imagine mal Poitiers ou Limoges griller la politesse à la métropole de Bordeaux pour abriter le conseil de la future région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin. Ce qui n’empêche pas Patrick Trannoy (PS), conseiller régional du Limousin de faire état d’une « exigence d’équilibre » entre les trois cités même si la « victoire bordelaise » ne fait pas de doute.

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