Islam et radicalisation : une mise en perspective de l’INHESJ
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Les attentats des 7 et 9 janvier 2015 ont provoqué une accélération des initiatives publiques destinées à juguler la menace djihadiste. Et enrichi les débats lancés en 2014 dans le cadre de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), qui publie aujourd'hui ses travaux.
L’axe de réflexion du Groupe de diagnostic stratégique de l’INHESJ s’est notamment articulé autour de la question suivante : les réponses, notamment préventives, à la radicalisation islamiste et djihadiste sont-elles pertinentes et à la hauteur des attentes ?
Une étude comparée de la politique de prévention de la radicalisation a permis au groupe de dégager certaines propositions pragmatiques en matière de prévention et de présenter une analyse sur une nouvelle laïcité à la française.
Laïcité et islam
A cet égard, la mise en perspective, tout à la fois, d'un laïcisme politique contreproductif ("Les ambiguïtés de la laïcité française", pp. 43-44) et des conditions nécessaires à la reconnaissance de l’islam comme levier de l'intégration citoyenne (pp. 45 à 56) seront certainement utiles aux élus et décideurs territoriaux.
« Nous avons considéré que l’état d’exception, nécessairement circonscrit dans le temps, ne saurait constituer une réponse adaptée au terrorisme djihadiste qui n’est, à l’évidence, pas un phénomène passager », note, dans son avant-propos, la présidente du groupe de travail, Marion Marty, chargée de la laïcité, de la pratique du culte et de la politique de la ville au ministère de la Justice.
« Pour cette raison, notre approche privilégie des mesures structurelles qui, si elles ne relèvent pas d’un droit d’exception, sont néanmoins résolues. Nous estimons que les pouvoirs publics n’ont pas d’autre choix que d’être déterminés vis-à-vis d’une menace qui, d’une part, ne relève ni de la criminalité ordinaire ni d’une guerre traditionnelle entre Etats et, d’autre part, charrie une puissance idéologique et symbolique qu’il ne faut pas sous-estimer. Au-delà des enjeux sécuritaires, le défi est intellectuel : il faut inventer de nouveaux messianismes républicains et réapprendre le “vouloir vivre ensemble” dans une conception dynamique et plurielle de notre identité. »
Repérer les « bonnes pratiques »
La réflexion du Groupe de diagnostic stratégique s'est confrontée aux choix opérés à l'étranger face aux menaces djihadistes et terroristes – Algérie, Maroc, Grande-Bretagne, Danemark, Pays-Bas, Belgique – pour y repérer « des “bonnes pratiques” transposables au contexte national ».
« Nous nous sommes assez vite rendu compte que notre valeur ajoutée ne se situerait pas sur le terrain de la réponse répressive, ajoute Marion Marty, d’autant que la France dispose désormais d’un cadre juridique très complet. Dès lors, nous nous sommes concentrés sur les marges de progrès en termes de prévention de la radicalisation – y compris en repensant la place de l’islam en France –, de détection – sous l’angle de la mobilisation des acteurs non sécuritaires plutôt que sous celui de l’action des services de police et de renseignement – et de prise en charge des personnes radicalisées. »
Lire le documentA savoir. L’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) est un établissement public administratif sous tutelle du Premier ministre qui propose une gamme étendue de formations, au profit des acteurs publics et privés de la sécurité, de la justice et du monde économique.
L'institut a créé en 2014 une nouvelle collection, « les travaux des auditeurs ». Totalement numérique, elle est mise à la disposition du public sur le site internet de l’institut. Les auditeurs de la session nationale « Sécurité et Justice » sont répartis en groupes de travail. Chaque groupe produit à l’issue de la session un mémoire. Après présentation par le groupe du mémoire en comité de lecture, celui-ci est validé définitivement et publié dans cette collection.