Quelle est votre vision du conseiller territorial ? Points de vue d'élus

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Christophe Castaner, maire (PS) de Forcalquier, vice-président du conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, craint que le conseiller territorial ne soit que le défenseur d'un micro territoire.
Selon François Patriat, président (PS) de la région Bourgogne, il ne servira pas la région.
Jean-Patrick Courtois, sénateur-maire (UMP) de Mâcon (71), rapporteur du projet de loi de réforme des collectivités territoriales, estime que ce nouvel élu aura une connaissance à la fois plus large et plus fine des dossiers complexes intéressant le département et la région.

"Il sera le défenseur d'un micro-territoire"

Christophe Castaner,
maire (PS) de Forcalquier

"Ma région présente une spécificité : l'eau y provient à 90% de deux départements, et il existe aujourd'hui une formidable solidarité régionale. Demain, les élus de ces territoires transalpins souhaiteront instaurer une taxe, alors que l'organisation de l'eau n'a de sens qu'à l'échelle régionale. Avec cette réforme, on crée des clivages. Autres exemples. Un conseiller territorial de Sophia Antipolis ne saura comment justifier des dépenses pour aider l'habitat social en Avignon, contrairement au conseiller régional poussé à porter le discours de l'institution. Nous avons développé des partenariats forts autour de la Méditerranée. Je crains que le conseiller territorial ne soit plus motivé pour accompagner la politique internationale. Cet élu sera avant tout le défenseur d'un micro-territoire."

"Il ne portera pas l'idée de la région"

François Patriat,
président (PS) de la région Bourgogne

"La création du conseiller territorial aboutira à la victoire du rond-point sur l'innovation. Cet élu va préférer faire des salles polyvalentes, plutôt que décider de l'avenir de la recherche ou de l'enseignement supérieur. Le développement de l'apprentissage va-t-il intéresser le conseiller territorial ? Il s'inquiétera plutôt du maintien de son collège, même avec 80 élèves. Le souci de cet élu ne sera pas de parcourir tout le territoire comme le fait aujourd'hui un conseiller régional, mais de se rendre chaque week-end dans son canton. Il voudra avoir chez lui la maison de retraite ou la chambre d'agriculture au lieu de choisir l'endroit le mieux adapté, là où elle sera la plus efficace pour rendre service aux territoires. Aujourd'hui, seul le conseiller régional porte l'idée de la région."

 "Les élus auront le même niveau d'information"

Jean-Patrick Courtois,
sénateur-maire (UMP) de Mâcon (71)

"Pour les arbitrages de la région concernant les grandes routes, certains conseillers généraux présentaient l'avantage d'être aussi conseillers régionaux et de maîtriser le dossier. A l'avenir, l'information sur un sujet aussi complexe sera détenue par tous les conseillers territoriaux. La politique sportive n'est pas la même, vue de la région et du département, mais il est possible de s'adapter. Il arrive déjà souvent aux élus de traiter plusieurs dossiers de front. A la mairie, je m'occupe des problèmes locaux et, à Paris, je vote les lois. Les sujets seront différents à la région et au département. Et pour un projet sur une ligne budgétaire qui intéresse les deux collectivités, le conseiller pourra ajuster et dire ne mettez pas un centime, car l'autre assemblée a prévu tel budget, ou le contraire."

Propos recueillis par Agathe Vovard
Article publié dans le Courrier des maires de mars 2011

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