Quand Airbnb parie sur le potentiel touristique de la France rurale

Hugo Soutra
Quand Airbnb parie sur le potentiel touristique de la France rurale

campagne, nuages, Dordogne

© Flickr/P.Poveda

Les élus ruraux voient une opportunité bien plus qu’une menace dans les plateformes de locations de courte-durée. Un accueil favorable, à mille lieues de celui réservé par leurs homologues des grandes villes ou du littoral à Airbnb ou Abritel, qui a convaincu la firme américaine de partir à la conquête des territoires situés hors des principaux corridors touristiques, les valoriser sur son site afin de gagner les cœurs des élus.

Tous les élus affirment le souhait de relancer le secteur du tourisme. Mais la plupart s'interrogent : doivent-ils s'appuyer sur Airbnb au risque de se faire accuser de laxisme par les hôteliers et les locataires ayant de plus en plus de difficultés à se loger à un prix abordable, ou réguler activement ces acteurs numériques et froisser les commerçants comme les propriétaires soucieux de renforcer leurs chiffre d’affaires comme leur pouvoir d’achat ? La plupart... sauf les élus de villages périurbains ou ruraux. Le développement des plateformes de locations de courte-durée ne leur procure pas de nœuds aux cerveaux, contrairement à nombre de leurs homologues de métropoles ou de communes touristiques.

Il faut bien convenir que les problématiques générées par le modèle d’hébergement touristique d'Airbnb ou d'Abritel se posent avec moins d’acuité dans ces territoires majoritairement situés dans des zones détendues et dépourvues de capacités hôtelières que dans les grandes villes type  Bordeaux, Lyon, Paris, Marseille ou de stations balnéaires telles Cancale, Menton et Saint-Malo.

Lire aussi : L’entente Airbnb - élus à l’épreuve de la relance

 Airbnb, un atout à double tranchant

Le géant américain, qui a parfaitement compris cette différence d’approches selon la taille et la situation géographique des collectivités, s’est rapproché de l’association des Maires ruraux dès 2019, avant même que la crise sanitaire ne complique les séjours à l’autre bout du monde…. Bien lui en a pris, semblerait-il. La pandémie a radicalement modifié les habitudes des touristes, avec une nette prime aux « voyages domestiques » au cours des vacances d’été 2020, comme à la Toussaint et durant les fêtes de fin d’année. La plateforme de réservation de locations observe, de façon plus fine, que les utilisateurs d’Airbnb privilégient de plus en plus les destinations rurales et littorales valorisant le patrimoine local ou la proximité avec la nature aux « city-trips ». L’Ardèche, le Lot, la Manche ou l’Yonne tirent particulièrement leur épingle du jeu depuis l’an dernier. C’est d’ailleurs les îles de la côte Atlantique, le littoral breton, le Perche ou la vallée de la Loire qui tirent désormais la croissance d’Airbnb France, et non plus la région parisienne, Lyon ou Strasbourg.

Directrice des affaires publiques d’Airbnb France, Juliette Langlais est convaincue que cette dissémination des flux touristiques sur l’ensemble de l’Hexagone perdurera cet été. Elle et son service s’y emploient en tout cas, en conseillant des collectivités afin que leurs cadres appréhendent mieux les caractéristiques locales du marché de la location de courte-durée, affinent leurs stratégies touristiques et ajustent leurs campagnes de marketing territorial… Airbnb a récemment renouvelé, par ailleurs, son partenariat avec l’AMRF au printemps, afin d’accroître le développement touristique des communes rurales d’ici la fin de l’année : «Nous sentons un appétit des voyageurs, encore plus qu’au sortir du premier confinement, pour redécouvrir des destinations françaises méconnues. Le Calvados, le Morbihan, la Seine-Maritime ou encore le Vaucluse font preuve d’un engouement très fort » répète à l’envi Juliette Langlais (lire son interview au Courrier des Maires, ndlr). Plus de 40% des recherches effectuées sur Airbnb pour des séjours en mai 2021 ont concerné des zones non-urbaines ».

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