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La Haute juridiction a validé, le 21 avril, la loi modifiant le décompte, par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, du temps de parole des candidats à la présidentielle. La Rue de Montpensier donne également son feu vert à la publication intégrale, et au fur et à mesure de leur réception, des parrainages par les élus locaux et parlementaires.
Par ses décisions nos 2016-729 DC et 2016-730 DC du 21 avril 2016, le Conseil constitutionnel a validé l’essentiel de la loi organique de modernisation des règles applicables à l'élection présidentielle, ainsi que de la loi de modernisation de diverses règles applicables aux élections, dont il avait été saisi par le Premier ministre.
Une seule réserve d’interprétation a été émise par la haute juridiction : si les "parrainages" doivent désormais être adressés au Conseil constitutionnel exclusivement par voie postale, il est précisé toutefois "que cette exigence ne s'oppose pas à ce que le Conseil constitutionnel puisse, le cas échéant, prendre en compte des circonstances de force majeure ayant gravement affecté les conditions d'expédition et d'acheminement des parrainages dans les jours précédant l'expiration du délai de présentation des candidats".
Une publication intégrale pour "une plus grande transparence"
Les hauts magistrats ont, pour le reste, jugé conformes à la Constitution les dispositions imposant désormais la publication des noms des élus "parrains" au fur et à mesure de leur réception, au moins deux fois par semaine. Idem pour la règle nouvelle imposant de rendre publics les noms de tous les "parrains". "Une plus grande transparence sera ainsi assurée", approuve le Conseil.
S’agissant du temps de parole des candidats à l’Elysée, ont été validées l'application, en matière audiovisuelle, du "principe d'équité", au lieu du principe d'égalité, pendant la période allant de la publication de la liste des candidats jusqu'à la veille de la campagne "officielle". "Le Conseil constitutionnel a jugé conforme à la Constitution la conciliation opérée par la loi entre l'exercice de la liberté de communication et le principe de pluralisme des courants d'idées et d'opinion", plaide la Rue de Montpensier.
Le motif "d'intérêt général de clarté du débat électoral" fait débat
Et les sages de développer leur argumentaire : "La loi organique a entendu favoriser, dans l'intérêt des citoyens, la clarté du débat électoral, tout en accordant aux opérateurs audiovisuels une liberté accrue dans le traitement de l'information en période électorale. Elle note que la diversité des opérateurs du secteur audiovisuel s'est renforcée et qu'il existe en outre d'autres modes de diffusion qui contribuent à l'information des citoyens en période électorale. La différence de traitement entre les candidats qui peut en résulter est justifiée par le motif d'intérêt général de clarté du débat électoral et est en rapport direct avec l'objet de la loi. Les dispositions imposant l'application du principe d'équité ne sont donc pas contraires au principe d'égalité devant le suffrage ».
Ces dispositions avaient pourtant suscité la polémique au Parlement, et notamment l’ire des partis les moins représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat. Et suscite toujours la colère du député de l'Essonne (Debout la République) Nicolas-Dupont-Aignan :
Décision scandaleuse du Conseil Constitutionnel sur la fin de l'égalité des temps de parole! Du charabia au service de l'oligarchie !
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 21 avril 2016
Le CSA chargé de veiller au respect des critères
Enfin, les critères de la "représentativité des candidats" et de la "contribution de chaque candidat à l'animation du débat électoral" que le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) est chargé d'appliquer sont jugés appropriés par la Haute juridiction.
Certains élus LR avaient pourtant mis en avant que l’évaluation de la "participation des candidats à l’animation du débat" fondée sur la tenue de réunions publiques, la participation à des débats ou les moyens de communication mis en œuvre et des "conditions de programmation comparables" offraient trop d’interprétations possibles.
#ÉlectionPrésidentielle, loi de #modernisation, communiqué de presse : https://t.co/wmq9jErF2o pic.twitter.com/uG9sXNLoAK
— Conseil constit (@Conseil_constit) 21 avril 2016