« Pour être à la hauteur des défis de la transition, il est temps de prendre en main notre (trans)formation »

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« Pour être à la hauteur des défis de la transition, il est temps de prendre en main notre (trans)formation »

Conférence

© Adobe Stock

Comment accélérer les transitions démocratique, économique, environnementale ou sociale, et conduire à temps la mue de son territoire… lorsqu’on ne sait pas par quel bout prendre le problème ? Plus d'une trentaine d'élus locaux dénoncent, dans une tribune adressée au Courrier des Maires, l’obsolescence des formations à leur disposition. A les lire, le format comme le contenu des modules dont les maires et leurs adjoints peuvent bénéficier apparaît en profond décalage avec leurs besoins et leurs vécus. Ils invitent leurs homologues et les organismes de formation à mieux s’outiller pour relever sur le terrain les principaux enjeux du 21ème siècle.

« Deux ans après le début de notre mandat local, beaucoup d'entre nous ressentent la complexité de leur fonction d’élu. Les attentes qui pèsent sur nos épaules sont de plus en plus grandes. L’impératif de transition écologique accentue encore la responsabilité qui incombe au local.

N’ayons pas peur de le dire : pour être à la hauteur des défis de la transition écologique, nous avons besoin de formation. Être mieux formés ne signifie pas plus experts techniquement. Si une montée en compétence technique sur les sujets dont nous avons la charge est évidemment nécessaire, nous ne devons pas devenir des super-techniciens des transitions. Nous avons surtout besoin de redonner du sens à notre action, savoir fixer des orientations stratégiques et construire l’avenir avec les citoyens.

"Nous avons besoin de faire équipe, y compris le temps des formations"

Mais la formation des élus locaux reste le parent pauvre de la décentralisation. La loi Engagement et Proximité a constitué un progrès, par la généralisation du droit des élus à la formation. Pourtant beaucoup d'entre nous n'y avons toujours pas recours. Faute de temps d’abord, car les formations sont souvent trop chronophages pour nos agendas bien chargés, pour faire vivre les instances où nous siégeons. Mais ce n’est pas qu’une question de temps. Plus largement, l’offre de formation existante est en décalage avec nos besoins.

Les formations qu’on nous propose sont trop souvent individuelles, alors que nous avons besoin de faire équipe. A l’heure actuelle, c’est à chacun de nous de faire la démarche de repérer une formation, de s’y inscrire et d’obtenir son financement par la collectivité. Ce fonctionnement a ses vertus, mais il est en décalage avec la gouvernance collective des communes et des intercommunalités. Être élu local n’est pas une fonction autonome, mais s’inscrit dans un ensemble plus large : une équipe municipale ou intercommunale avec sa majorité et son opposition, des délégations thématiques souvent difficiles à séparer nettement, une collectivité avec son administration plus ou moins étoffée, etc… Autant d’acteurs parmi lesquels il nous faut trouver notre juste place ! En début de mandature, c’est surtout sur les questions de partage des rôles que nous avons besoin d’être formés et accompagnés. « Faire équipe » ne se décrète pas. Cela demande des outils de coordination et de coopération.

"Nous avons besoin d'échanger en pair-à-pair"

Les formations actuelles sont trop souvent descendantes alors que nous avons besoin d’échanger en pair-à-pair. C’est particulièrement vrai pour celles et ceux qui exercent leur mandat dans de petites communes. Nous sommes en première ligne de la complexité du réel, qui oblige à trouver des ajustements inédits et bricoler des solutions temporaires. Aux exposés magistraux, nous préférons le dialogue avec les savoirs, le croisement des pratiques, et le témoignage de nos collègues, qui rencontrent les mêmes difficultés que nous. Temps d’échanges abrités entre élus pour partager leurs « trucs et astuces », voyages d’études pour aller voir sur le terrain les réalisations des collègues, le tutorat entre expérimentés / novices, etc… : le pair-à-pair est une modalité de formation bien adaptée à nos attentes.

Cela ne veut pas dire que nous n’avons plus besoin d’apports de connaissances, de savoirs scientifiques et d’expertises. Ils restent plus que jamais nécessaires. Cela ne veut pas dire non plus que nous n’avons plus besoin de structures de formation. Elles ont indéniablement un rôle à jouer pour faire émerger, structurer, « colorer » et faire monter en compétence des groupes de pairs, en fonction des problématiques que nous rencontrons.

"Nous aurions besoin d'un accompagnement sur-mesure"

Nous avons accès à des formations sur catalogue alors que nous aurions besoin d’un accompagnement sur-mesure. A l’heure actuelle, nous devons choisir des modules parmi l’offre existante, sans garantie que ceux-ci répondent à nos besoins du moment, ni à nos problématiques de terrain. Notre rapport au terrain explique notre sentiment que l’offre de formation est souvent hors-sol et déconnectée du réel.
Pour avancer sur la mise en œuvre de la transition, nous avons aussi besoin d’accompagnement territorialisé, qui prenne en compte la diversité de nos configurations locales.

Être élu local n’est pas un métier, c’est un engagement citoyen. Nous ne cherchons pas à faire carrière mais à remplir la mission que nous ont confiée les citoyens. Nous sommes déjà en situation, les mains dans le cambouis. Ce qui nous manque aujourd’hui pour faire avancer les transitions dans nos territoires, ce sont des formations collégiales, horizontales et sur-mesure, des formations au sein desquelles les savoirs rencontrent le terrain et ses réalités. »

Les signataires de cette tribune 

L’idée de cette tribune a germé dans la tête de sept élus ayant participé à la démarche (Dé)formation des élus en transition. Ce module s’inscrivait dans le cadre du programme TIGA porté par la région Île-de-France, en partenariat avec l’Institut Paris Région, la 27ème région, ainsi que les agences Partie Prenante et Pratico-Pratiques.

  • Jean-Luc DELPEUCH, président de la communauté de communes du Clunisois (71)
  • Emmanuelle DUVAL, élue en charge de la transition écologique à Fontenay-lès-Briis (91)
  • Véronique JAMAGNE, déléguée à l’environnement de Villiers le Bâcle (91)
  • Didier PERRIN, membre au sein du conseil municipal, commission développement durable, Avrainville (91)
  • Delphine PERSON, adjointe au maire en charge de la transition écologique et de la culture et conseillère communautaire à Palaiseau (91)
  • Nathalie PLUMAIL, adjointe au maire, environnement et développement durable, Villebon-sur-Yvette (91)
  • Bernard XAVIER, adjoint au maire à l'aménagement durable, transition écologique et urbanisme, Longjumeau (91)

Cherchant à rallier d’autres élus à leur initiative, ils ont rapidement été rejoints par une trentaine d’autres élus locaux ; certains participant à la Fabrique des transitions, d’autres au cycle « Vers des territoires participatifs » du Centre Ressource du Développement Durable (CERDD) ou bien encore aux travaux du CLER.

  • Pierric AMELLA, conseiller municipal de Pantin, délégué aux mobilités douces, à la qualité de l'air et au budget carbone et conseiller territorial d’Est Ensemble (93)
  • Fabien BAZIN, président du conseil départemental de la Nièvre (58)
  • Danièle BIDEONDO BARON, adjointe cohésion sociale, Communauté Pays Basque (64)
  • Martha BOZEK, adjointe à la participation citoyenne et CCAS de Sailly-Lez-Lannoy (59)
  • Jérémy CADART, adjoint délégué à la transition écologique et à la démocratie participative, Ronchin (59)
  • Jean-François CARON, maire de Loos-en-Gohelle (62)
  • Linda COMITO-WHEATLEY, conseillère municipale, Bailleul (59)
  • Samuel DIXNEUF, conseiller délégué au patrimoine / conseiller délégué à l'évaluation des politiques publiques / président de groupe, Annecy - Agglomération du Grand Annecy (74)
  • Martine GAUDIN, conseillère départementale de la Nièvre (58)
  • Amandine GOUDARD, adjointe à la mobilité, cadre de vie, développement durable, mairie de Templeuve en Pélève (59)
  • Justine GUYOT, maire de Decize (58)
  • Audrey HENOCQUE, adjointe à la ville de Lyon (69)
  • Wandrille JUMEAUX, conseiller municipal à Montreuil et conseiller territorial délégué à la résilience et aux financements européens à Est Ensemble (93)
  • Julie LEFEVRE, 1ère vice-présidente d’Est Ensemble- Développement économique, emploi, insertion (93)
  • Yvan LUBRANESKI, maire des Molières, président de l’Association des Maires Ruraux de l'Essonne (91)
  • Michel MAYA, maire de Tramayes (71)
  • Jean-Marie OUDARD, vice-président de la communauté de communes des Crêtes Pré-ardennaises en charge de la Transition énergétique et écologique - Agriculture et alimentation durables, maire de Poix-Terron (08)
  • Michel PERNOT DU BREUIL, adjoint développement durable et participatif, Margny-lès-Compiègne (60)
  • Olivia SALLE, conseillère municipale à la transition écologique et au budget, Templeuve en Pélève (59)
  • Wilfrid SEJEAU, vice-président au conseil départemental de la Nièvre (58)
  • Coralie SCHOEMAECKER, adjointe environnement, cadre de vie, développement durable à Baisieux (59)
  • ERIC SKYRONKA, maire Sailly-Lez-Lannoy et vice-président à la Métropole Européenne de Lille (59)
  • Axelle TREHIN, adjointe aux finances et à l’urbanisme à Reugny et 2ème vice-présidente à la transition écologique et à la prévention des risques, Touraine est-Vallées (37)
  • Jeannie TREMBLAY-GUETTET, 1ère adjointe à la transition et à l’aménagement des espaces, Faverges-Seythenex , vice-présidente à la Communauté de Communes des Sources du lac d’Annecy (74)
  • Myriam VIGROUX, maire d’Assac, 1ère vice-présidente de la CCVAL (81) 
  • Julien WOJCIESZAK, premier adjoint à la transition écologique, Vimy (62)
  • Robert VERRIERE, adjoint transition écologique et citoyenne, agriculture, communication, Reugny (37)
  • Maritxu ZUBIETA, adjointe aux ressources humaines, Urrugne, Communauté Pays Basque (64)

Le Courrier des Maires est ravi de leur ouvrir ses colonnes et prendre ainsi part, à sa petite échelle, à ce nécessaire débat démocratique.

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