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© Flickr CC by R. Noyon
Logement, aides sociales, démarches administratives facilitées... : 17 mesures adoptées lors du 3e comité interministériel de la jeunesse du 3 juillet 2015 complètent le plan "Priorité jeunesse", qui en compte maintenant 60. Un "catalogue" plus qu'un vrai projet de société, déplore un collectif d'organisations de jeunesse, par ailleurs curieux de savoir quelle sera la déclinaison locale de ces mesures.
Le 3e Comité interministériel de la jeunesse du 3 juillet 2015 a adopté 17 mesures, dans la lignée des actions du plan "Priorité jeunesse", lancé en 2012. Toutefois, un collectif d'associations de jeunesse((ANACEJ (Association nationale des conseils d'enfants et de jeunes), CNAJEP (Comité national des associations de jeunesse et d'éducation populaire), FFJ (Forum français de la jeunesse), FNARS (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale), JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne), UNHAJ (Union nationale pour l'habitant des jeunes) et UNML (Union nationale des missions locales.)) ne voit pas là une "véritable politique ambitieuse pour la jeunesse".
A l'heure de la réforme territoriale, ces organisations, parmi lesquelles l'Association nationale des conseils d'enfants et de jeunes et le Comité national des associations de jeunesse et d'éducation populaire attendent une clarification du rôle et de la place des collectivités territoriales dans un plan global et national.
Priorité jeunesse : la coconstruction, grande "nouveauté" 2015
Le 3e Comité interministériel à la Jeunesse (CIJ) s'est tenu le 3 juillet 2015, à Besançon (Doubs), sous la houlette du ministre de la Ville, de la jeunesse et des sports, Patrick Kanner. Cette rencontre annuelle a été précédée de 5 Rendez-vous de la jeunesse, à Nantes, Avignon, Creil, Saint-Max-Nancy et Saint-Denis-de-la-Réunion. La grande nouveauté de l'année, clairement désirée par le ministre, c'est la coconstruction.
Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sportsJ'ai rencontré plus d'un millier de jeunes. Ils ont pu, librement, pousser des coups de gueule, faire part de leurs aspirations et de leurs exaspérations."
Initiative inédite pour le gouvernement, ces rendez-vous devaient permettre de récolter des idées pour nourrir les trois axes du plan Priorité jeunesse :
- "Se former et travailler",
- "S'engager et s'épanouir",
- "Vivre dans de bonnes conditions".
La démarche a abouti, selon le ministère, sur 150 propositions, soumises par la suite au huis-clos du CIJ, puis, le même jour, rediscutées avec une assemblée de jeunes. In fine, 17 propositions ont été adoptées. Dans sa communication, le ministère en met en avant 4.
Les 4 projets mis en avant par le ministère de la Ville et de la Jeunesse
"Vivre dans de bonnes conditions" : se loger plus plus facilement
Dans le volet "Vivre dans de bonnes conditions", où le logement occupe une place prépondérante, le gouvernement annonce des dispositifs de sécurisation locative, autrement dit des systèmes de cautionnement et de garantie des loyers pour les jeunes, actifs ou étudiants, qui ne bénéficient pas de garants dans leur entourage.
Ces mesures ne sont en réalité pas nouvelles. Le dispositif CLE pour les étudiants est déjà accessible dans toutes les académies. De même, la caution solidaire (Visale) financée par Action logement pour les jeunes salariés est déjà programmée pour janvier 2016.
"S'engager et s'épanouir" : favoriser la participation électorale
Dans le volet "S'engager et s'épanouir", le ministère met en valeur 2 projets.
• Les étudiants pourront suspendre leurs études sans conséquence sur leur cursus, ni sur leurs droits, afin de partir à l'étranger ou de s'engager dans une cause pendant un an.
• "N'étant souvent pas inscrits sur les listes électorales de la ville où ils sont étudiants, la démarche du vote peut s'avérer complexe", estime le ministère, alors que l'abstention des jeunes est particulièrement élevée. Désormais, ceux-ci pourront s'inscrire sur les listes électorales en cours d'année. En outre, des bureaux d'inscription éphémères seront installés dans les campus.
"Se former et travailler" : centraliser et faciliter l'accès à l'information
Dans le volet "Se former et travailler" , le gouvernement compte mettre en place une "Boussole des droits", sous la forme d'un site internet, à l'attention des jeunes actifs. "L'information quant aux droits dont peuvent bénéficier les jeunes est parfois illisible, insiste le communiqué du ministère.
Avec la Boussole des droits, les jeunes sauront précisément, grâce à un simulateur personnalisé, à quels droits ils peuvent prétendre."
Centraliser et améliorer l'information et l'accès aux droits est un objectif important du comité interministériel de la jeunesse du 3 juillet, puisque deux autres plateformes de renseignements devraient voir rapidement le jour sur la Toile.
- L'une portera sur la mobilité internationale et recensera tous les dispositifs, interlocuteurs et informations pratiques à l'attention des jeunes en formation ou en activité. Elle ira de pair avec la création d'une carte étudiante européenne (pour les Français en Europe ou pour les européens en France) qui devra permettre à ses détenteurs de faire valoir leurs droits.
- L'autre portail d'informations (etudiant.gouv.fr) regroupera les renseignements dispersés entre le CNOUS, les CROUS, les établissements d'enseignement, la Caisse d'allocations familiales, les collectivités territoriales, etc, et permettra d'effectuer ses démarches.
Aides sociales et mesures pour le logement autonome
Parmi les autres mesures validées par le Comité interministériel à la jeunesse, on trouve de nombreuses aides sociales et mesures en faveur du logement autonome. Accès à la prime d'activité, au tiers payant, à la CMU-Complémentaire (CMU-C, pour les étudiants en rupture familiale), hausse des plafonds d'accès à la CMU-C et à l'ACS (aide à complémentaire santé), création d'un contrat-type de location, encadrement des loyers et des honoraires de location, encadrement de la colocation dans le parc privé, accès facilité des jeunes au parc de logements social sans conditions de ressources, etc.
Ces mesures devraient être bénéfiques aux jeunes actifs ou étudiants, mais la plupart d'entre elles relèvent de politiques générales. En ce sens, le Comité interministériel à la jeunesse joue un rôle de révélateur des droits accessibles aux jeunes et, comme il le souhaite, de "coordinateur de la priorité jeunesse du gouvernement, qui comprend désormais 60 mesures ", mesures de droit commun ou spécifiques.
"Un catalogue de 60 mesures" décevant
Soixante mesures. C'est justement le nombre qui pose problème aux organisations de jeunes, de jeunesse et d'éducation populaire, auteurs d'un rapport alternatif au plan Priorité jeunesse, "Pour un big bang des politiques jeunesse !", diffusé la veille du comité interministériel.
"Le plan Priorité jeunesse s’est métamorphosé en un catalogue mettant au même niveau mesures ciblées et ambitions généralistes, sans que l’on puisse y lire une ligne d’horizon, un projet de société dans lequel les jeunes pourraient s’inscrire", reprochent-ils.
Pour rompre avec "cette logique des dispositifs", les auteurs réclament un projet de société qui combinerait une action de moyen et long terme et des politiques conjoncturelles.