Philippe de Fontaine Vive
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Vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI), Philippe de Fontaine Vive est venu présenter le 9 octobre au Congrès des régions de France le nouveau partenariat que l’institution bancaire noue, en France, avec la Caisse des dépôts pour proposer aux grandes collectivités des points d’accès régionaux aux enveloppes financières de la BEI en soutien à l’investissement local. Aux côtés du directeur général de la CDC, Pierre-René Lemas, Philippe de Fontaine Vive est aussi revenu sur ce que devraient être les contours du futur plan européen de relance des investissements de 300 milliards.
Courrierdesmaires.fr. Pourquoi la Banque européenne d’investissement (BEI) se rapproche-t-elle de la Caisse des dépôts et consignations ?
Philippe de Fontaine Vive. On s’est « mariés » dès juin 2013 et nous avions alors commencé à faire beaucoup ensemble : le financement du plan Hôpital pour 3 milliards d’euros ; le plan Très haut débit pour 1,5 milliard ; le plan de modernisation des Universités dit plan « Campus » pour 2,6 milliards ; la rénovation énergétique des collèges pour deux milliards ; sans parler d’autres projets pilotes plus petits.
Nous voulons passer à une degré de coopération supérieur sur deux points. Au quotidien, que les caisses régionales de la CDC soient la porte d’entrée vers la Caisse des dépôts nationale, bien évidemment, mais aussi vers la BEI. Les investisseurs publics locaux ont besoin d’un point d’entrée en région, que nous ne souhaitions pas créer pour ne pas doublonner avec ceux de la Caisse.
Et puis nous devons préparer le plan Juncker de 300 milliards d’euros. Le gouvernement français a désigné la CDC comme étant le partenaire de préparation de ce plan européen de relance des investissements.
Existe-t-il d’autres exemples de coopération entre la BEI et l’équivalent de la CDC dans les pays de l’Union européenne ?
P. F. V. En Italie, en Espagne, en Allemagne, et, depuis plus récemment en Pologne, une coopération existe déjà entre la BEI et l’équivalent de la Caisse des dépôts. Mais à ce degré d’entente, cela pourrait faire des jaloux !
L’idée de manière générale est de sortir de la logique de guichet de subvention pour aller vers une logique de financement de projets.
Du fait des montants importants que vous souhaitez mettre à disposition, les régions seront-elles les seuls niveaux de collectivité locale à avoir votre appui ?
P. F. V. Les régions, en tant que gestionnaires des fonds structurels, sont par nature les premières concernées. Les autres acteurs sont les bienvenus dans deux cas. Soit s’ils portent un projet de taille suffisante ; soit s’ils se sont agrégés pour donner au projet une taille suffisante, comme les métros.
Entre les marchés obligataires et les marchés de quelques millions d’euros, ce sont deux mondes… Mais sur un projet visant le numérique, sur le moyen terme, se regrouper est par exemple envisageable.
Quelles sont les thématiques d’investissement prioritaires envisagées par la commission Juncker pour son plan de relance de 300 milliards d’euros ?
P. F. V. Les secteurs porteurs seront d’abord ceux définis par l’Etat, et ceux du plan de la commission Juncker. Mais là, au lieu de voir la commission européenne dire quels sont les secteurs choisis, c’est l’inverse.
Chaque ministre des Finances a reçu une lettre du vice-président de la BEI et du vice-président de l’ancienne Commission européenne pour qu’ils fassent chacun leurs propositions. En France, c’est Thierry Francq, commissaire général adjoint à l’investissement qui nous dira quels sont les secteurs prioritaires.
Un exemple : l’idée d’une Smart city à Toulouse est typiquement un projet sur lequel on est à disposition, comme pour tout grand projet d’investissement local, avec une importante composante numérique - le déploiement de la fibre -, une composante quartiers nouveaux, etc.