Pascal Allizard, président du Cner : « Il n’y a pas de doublons entre agences de développement économique »

Aurélien Hélias
Pascal Allizard, président du Cner : « Il n’y a pas de doublons entre agences de développement économique »

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© P.Forget/Sagaphoto

110 agences de développement économique pour un budget moyen d’1,6 million d’euros : c’est manifestement trop pour le président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, qui propose dans son rapport sur les aides aux entreprises de ramener la carte des agences à une seule par région afin d’économiser 70 millions d’euros. Une « ineptie » pour le président du Cner, Pascal Allizard, qui fédère ces agences. Le maire de Condé-sur-Noireau (14) et patron de l’agence de développement du Calvados récuse tout « doublon » et plaide pour l’adaptation du périmètre de ces agences aux problématiques économiques locales.

Le Courrier des maires : Comment réagissez-vous au rapport de Jean-Jack Queyranne proposant de passer de près de 110 agences de développement économique à seulement 26 dans un souci d’économies ?

Pascal Allizard. D’abord, ce rapport ne nous apprend pas grand-chose que nous ne savions déjà, notamment quand il affirme la nécessité du principe de chef de file économique des régions auquel le Cner est favorable. Petite différence tout de même : nous privilégions une logique de co-production. Ensuite, je note que sur les 110 milliards d’euros d’aides de l’Etat aux entreprises, la mission n’a travaillé que sur un périmètre de 45 milliards. En face, les aides des collectivités ne représentent que 6,5 milliards…

Les régions n’ont pas les budgets pour assumer à la place des agences les missions qui seraient supprimées”

Le souhait de rationaliser la carte des agences pour n’en garder qu’une par région pour dégager 70 millions d’euros d’économies n’est-il pas légitime ?

P.A. Mais cela fait plusieurs années que les agences, au niveau territorial, se réorganisent entre elles ! Et j’affirme que l’hypothèse d’une économie de 70 millions d’euros juste en les réorganisant au seul niveau régional est une ineptie, sauf à leur retirer des missions ! Car les régions n’ont pas les budgets pour les assumer à la place des agences qui seraient supprimées. Sans compter le risque de perte de savoir-faire des agences territoriales.

La mission Queyranne évoque pourtant beaucoup de doublons entre agences…

P.A. Il n’y a pas de doublons : les agences se réorganisent et se répartissent les tâches. Un exemple : en Aquitaine, la région a fusionné ses deux agences régionales dédiées respectivement à l’innovation et au développement, et a conventionné avec le département et l’agglomération pour porter les politiques territoriales. L’agence régionale se concentre sur la stratégie ; les agences départementales et d’agglomération se préoccupent du développement économique et de la gestion au quotidien des projets, avec des missions très disparates. Je remarque d’ailleurs qu’il est étonnant, à l’heure où tout le monde parle de co-production, de viser les agences alors qu’elles sont les seules à pratiquer concrètement cette co-production au quotidien, puisque leur conseil d’administration réunit tout le monde autour de la table.

N’y-a-t-il pas tout de même des économies à réaliser dans l’organisation du réseau des agences ?

P.A. Les coûts d’administration calculés par la mission Queyranne ne sont pas illusoires. Et des économies de structures sont faites au travers d’une démarche d’optimisation. Mais sur l’opérationnel, il faut bien que le travail soit fait ! Et si on veut aller encore plus loin dans les économies, alors il faut clairement dire quelles missions on veut supprimer.

Vous soutenez toujours la nécessité d’adapter le périmètre des agences aux différents territoires ?

P.A. Tout à fait ! En Midi-Pyrénées, on ne rencontre pas les mêmes problèmes que l’on se penche sur la ville de Toulouse ou sur la commune de Foix. Si on ne « colle » pas aux territoires, alors l’agence ne fonctionne pas. Car chaque agence exerce des métiers différents selon le territoire dont elle a la charge.

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