« Pas une commune nouvelle n’a consulté d’historiens »

jmoulin
« Pas une commune nouvelle n’a consulté d’historiens »

Communes nouvelles Normandie

Docteur en sciences du langage à l’université de Caen-Normandie, Stéphane Lainé a étudié de près l'épineuse question de la dénomination des communes nouvelles, tout particulièrement dans la Manche, où elles sont très nombreuses. Il déplore que les élus ne fassent pas suffisamment appel à l'histoire territoriale pour choisir le nom de la nouvelle commune...et constate quelques appellations pour le moins originales...

Comment sont choisis les noms des communes nouvelles ?

[caption id="attachment_68268" align="alignright" width="274"] Pascal Lainé[/caption]

Certaines choisissent sur proposition du maire, d’autres, une minorité, consultent la population, à l’instar du Val de Saire, au nord-est du Cotentin. Si le procédé démocratique est louable, on peut se demander sur quoi se fondent les habitants. D’autant que pas une, parmi les communes nouvelles, n’a consulté d’historiens locaux…

Quelles sont les tendances de la Manche, très fertile en communes nouvelles ?

Quatre tendances se dégagent. La première consiste à reprendre le nom de la commune siège, la plus peuplée. C’est le cas de Sainte-Mère-Eglise ou de Condé-sur-Vire. Même si dans certains cas, cette volonté est un facteur d’échec du projet de commune nouvelle ! La deuxième tendance, pour celles composées de deux petites communes, est de joindre les appellations : Ducey-Les Chéris, Gonneville-Le Theil, etc.

L’histoire locale entre-t-elle en compte ?

C’est la troisième orientation : on reprend le nom de la commune historique principale en y ajoutant un déterminant : Cherbourg-en-Cotentin, « Cotentin » renvoyant historiquement au diocèse de Coutances. Ce complément peut aussi renvoyer à un caractère géographique ou physique : Buais-Les-Monts, Carentan-les-Marais. Enfin, des noms nouveaux sont créés : Parigny devient Grandparigny pour indiquer le changement d’échelle. Une autre adopte le nom du lieu-dit à la jonction des trois communes qui fusionnent : Le Parc, référence au territoire de chasse qu’avait instauré l’évêque d’Avranches. Montsenelle est lié au Mont Castres et à la rivière Senelle qui traverse les quatre communes fusionnées.

L’inventivité connaît-elle des limites ?

Elle devrait ! Paradoxalement, certaines simplifications faites pour ne fâcher aucune des anciennes communes sont contestables : quand La Haye-du-Puits devient La Haye, elle perd sa spécificité et se confond avec d’autres communes homonymes de France ! Bourgvallées ne correspond à rien si ce n’est à une description simpliste. De même que Terres-et-Marais, qui sonne davantage comme une marque ou une entreprise…

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