Parité : retour à l’anormal dans les conseils municipaux

Hugo Soutra
Parité : retour à l’anormal dans les conseils municipaux

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© HCEfh

En attendant le verdict du second tour dans les 4855 communes encore concernées par les élections municipales 2020, les femmes maires sont passées de 16 à 19% indique le Haut Comité à l’égalité entre les femmes et les hommes. Un léger progrès, qui ne garantit pas des exécutifs communaux ni intercommunaux paritaires. Cette vigie prône « un sursaut démocratique, pour permettre un partage du pouvoir à égalité entre les femmes et les hommes. »

A quoi ressemblera le « jour d’après » dans les conseils municipaux et communautaires ? Ni plus ni moins qu’au jour d’avant… Faute de contraintes législatives fortes sur la composition des exécutifs et donc sur la base du seul volontarisme prôné par les présidents d’associations d’élus locaux, le Haut Comité à l'Egalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) constate une « faible avancée » de la cause de la parité à l’issue du premier tour des élections municipales 2020.

En dépit de l’alternance de sexe sur les listes électorales des communes de plus de 1 000 habitants, « le partage du pouvoir n’atteint pas le haut de la pyramide. L’exercice du pouvoir reste aux mains des hommes », ne peut que regretter une nouvelle fois cette instance consultative rattachée à Matignon.

Sur plus de 30 000 conseils municipaux intégralement renouvelés après leurs victoires le 15 mars dernier, 19,2% de femmes ont officiellement été nommées maires, fin mai. Un chiffre non définitif, encore amené à évoluer légèrement du fait de l’organisation d’un second tour dans plus de 4 800 communes le 28 juin prochain. A titre de comparaison, toutefois, les maires de sexe féminin étaient 16% lors du précédent mandat.

Peu de femmes maires de villes moyennes ou grandes

Dans cette note intitulée "Une occasion manquée?" parue jeudi 18 juin, le HCEfh fait état d'une proportion plus élevée de femmes maires dans les petites communes que les villes moyennes ou grandes. « Elles ne sont que 12% dans les villes de plus de 30 000 habitant.es, là où les enjeux de pouvoir et de conciliation des temps ont des effets d’éviction plus fort sur les candidates » interprète ainsi cette vigie, auteure de plusieurs rapports et travaux sur la parité dans les instances politiques locales, ces dernières années. 

Les hommes représentent plus de 80% des 30 185 maires nouvellement élus, mais aussi 71,5% des premiers adjoints faute de contraintes paritaires sur les postes n°1 et n°2 des exécutifs. L’occasion, pour le HCE, de rappeler que « là où des règles paritaires existent, la tendance est au partage du pouvoir. En l’absence de contraintes, la parité n’advient pas spontanément. » Dans leur viseur ? Les organigrammes des 4 855 prochains conseils municipaux mais aussi de la plupart des communautés de communes, d’agglomération, urbaines et métropoles, qui s’étaient déjà faites remarquer par leur faible allant sur le sujet en 2014… « Il est à craindre qu’en l’absence de nouvelles règles paritaires, la nomination des représentant.es des communes au conseil communautaire, puis les élections de l’exécutif dans les EPCI ne viennent confirmer cette tendance. »

De nouvelles règles face aux "zones blanches" ?

Le HCE tire donc la sonnette d’alarme, en écho à la « Vigilance Egalité » publiée début mars sur la parité dans les exécutifs locaux et l’attribution des délégations. Objectif : « prévoir des règles à tous les niveaux, pour éviter que les habitudes sexuées se maintiennent et combler toutes les zones blanches de la parité. »

Les propositions formulées sont connues de l’ensemble des acteurs : généralisation du scrutin de liste paritaire par alternance aux communes de moins de 1000 habitants, instauration d’un « tandem paritaire » à la tête de toutes les communes, élection de l’exécutif des EPCI au scrutin de liste paritaire par alternance, limitation du cumul à deux mandats concomitants et trois mandats dans le temps, etc.

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