Débat sur la place des femmes dans les exécutifs locaux le 21 novembre au Congrès des maires 2018
© Fabien Calcavechia
Pour la deuxième année consécutive, l’atelier du Congrès des maires consacré à la « place des femmes dans les exécutifs locaux et les politiques publiques » a fait salle comble. L’occasion pour le groupe de travail dédié de l’AMF de présenter leurs propositions législatives et réglementaires afin de parvenir à la parité à partir des élections municipales 2020, mais aussi d’imaginer collectivement, une société innervée par cette problématique.
« Non seulement, les femmes sont sous-représentées dans les exécutifs locaux, mais depuis deux ans, leur place recule dans les intercommunalités » attaque Cécile Gallien, maire de Vorey (43), vice-présidente de l’Association des Maires de France (AMF) et membre du groupe de travail consacré à la question de la parité au sein de l’association. Chiffres à l’appui, l’élue égrène : « Seules 16 % des maires en France sont des femmes ; dans les exécutifs intercommunaux, on ne trouve que 4,5% de femmes - contre 8% auparavant, de même 18 % des conseillers communautaires sont aujourd’hui des femmes, deux fois moins qu’avant… »
Un repli que l’on doit aux effets de la loi Notre et à la concentration des collectivités qui a favorisé les élus masculins mieux implantés dans les territoires, selon la sénatrice Annick billon. Pour Cécile Gallien et son homologue au sein du groupe de travail de l’AMF, Edith Gueugneau, maire de Bourbon-Lancy (71), « il faut vite légiférer pour pousser, par la loi, la parité femmes-hommes au sein des exécutifs locaux et avoir comme ligne de mire les élections municipales de 2020 ».
Listes « chabada-bada » même pour les « petites » communes
Et ces dernières de présenter au public une série de propositions, validées cet été par le bureau de l’AMF. Parmi celles-ci, deux mesures phares :
- appliquer le scrutin « paritaire » aux communes de moins de 1000 habitants ;
- imposer des binômes paritaires dans les exécutifs communaux et intercommunaux, c’est-à-dire si le maire est un homme, l’adjoint est une femme.
Ces listes dites « chabada-bada », qui pourraient donc être imposées par la loi aux communes les plus petites, ont suscité beaucoup d’interrogations dans la salle : « Faut-il imposer cela aux petits territoires où il est parfois compliqué de composer une liste ? » « Ne serait-ce pas perçu comme une contrainte supplémentaire alors que la moitié des maires envisage de ne pas se représenter en 2020 ? » « Attention à ne pas faire contre les hommes… mais avec les hommes ! » a-t-on pu entendre par exemple. « Au contraire, a alors répondu Cécile Gallien, avec le renouvellement annoncé [enquête du Cévipof] c’est peut-être justement le moment d’agir et de susciter, par l’intermédiaire de la loi, des vocations chez les femmes issues des territoires, car aujourd’hui, sans la loi, on n’y arrivera pas ! »
Gérer « l’après » et innerver la société
« Mais la loi ne fera pas tout ! » a rebondi Agnès Le Brun, maire de Morlaix (22) et vice-présidente de l’AMF, « il faut aussi que nous parlions des formations et du statut de l’élu afin que les femmes puissent monter en compétences. Il ne faut pas que les femmes apparaissent, aux yeux de nos concitoyens, sous l’étiquette ‘quota’ ! Ce serait alors catastrophique, car nous devrions alors ramer à l’encontre de quelque chose que nous venons d’obtenir… »
[caption id="attachment_78537" align="alignright" width="300"] Edith Gueugneau, maire (DVG) de Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire), lors du débat sur la place des femmes dans les exécutifs locaux au Congrès des maires 2018[/caption]
Derrière cette question de la gestion du temps « post-potentielle loi parité » apparait en pointillé la thématique du changement sociétal… Comment innerver la société, pour que dans les générations à venir, la loi parité ne soit finalement plus nécessaire ? Plusieurs collectivités qui se sont déjà jetées à l’eau et ont lancé des politiques publiques infusées par la question paritaire ont apporté leurs témoignages. Rennes (35), signataire de la charte européenne pour l’égalité, réfléchit à la parité notamment en termes d’emploi, pour montrer l’exemple en tant qu’employeur. « Cela se joue parfois sur des détails : nous voulons plus de fluidité hommes-femmes dans les filières, mais a-t-on des vestiaires pour accueillir les femmes sur tel ou tel métier de la collectivité ? » interroge Geneviève Letourneux, élue de Rennes déléguée aux droits des femmes.
Conditionner les aides au respect de la parité
Du côté de Suresnes (92), également signataire, on assume aussi une politique « genrée » de subventions. « Nous conditionnons, en matière de sport, nos subventions au fait qu’il y ait une section féminine, que ce soit pour les clubs de football, rugby, etc. » détaille Gunilla Westernerg-Dupuy, déléguée à la Solidarité.
De même, la ville plébiscite la parité au conseil municipal des jeunes. « Notre but est ici de faire vivre la parité dans la ville, et c’est important de le dire, ces actions se font à coût égal » insiste l’élue. Aujourd’hui, 1532 communes en Europe sont signataires de la charte dont 275 en France. Encore très peu donc…
PETIT OLIVIER - 12/06/2019 17h:36
Bonjour Le problème ce n'est pas la parité, le problème c'est de trouver des femmes et des hommes qui veulent bien s'investir au sein d'un conseil municipal et de prendre des responsabilités au sein de l'exécutif La parité dans les villes de plus de 3500 habitants oui, en dessous non.
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