Marie-Claude Jarrot, maire LR de Montceau-Les-Mines
À l’occasion des premiers Etats Généraux de la politique de la ville, organisés à Grigny (91), Marie-Claude Jarrot, maire (LR) de Montceau-les-mines, revient pour le Courrier des maires sur la dégradation de la politique de la ville et sur ses espoirs de faire bouger les choses avec les autres élus.
Organisés par les associations « Villes de France », « Bleu, Blanc, Zèbre » et « Ville & Banlieue », les États Généraux de la politique de la ville ont relevé leur pari. 1000 personnes étaient présentes à Grigny, dont 250 élus locaux. Jean-Louis Borloo, ministre emblématique de la ville entre 2002 et 2004, Anne Hidalgo, maire de Paris, et Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France ont également fait une apparition pour « apporter leur soutien » à cette initiative inédite.
Lors de son allocution télévisée, dimanche 15 octobre, le Président Macron a eu un mot pour ces élus des quartiers populaires assurant « avoir entendu leur appel » et promettant « de les recevoir » après leurs États Généraux. Une dizaine de propositions concrètes ont été formulées à l’issue de cette première journée, deux autres États Généraux ont par ailleurs déjà été inscrits à l’agenda, avec à la clef la rédaction dans « les trois mois à venir » d’un plan national « crédible, transparent, solide et raisonnable ».
Marie-Claude Jarrod est maire de Montceau les mines en Saône-et-Loire, 20 000 habitants. Sa ville compte deux quartiers prioritaires de la ville et un quartier de veille.
Courrierdesmaires.fr : Pourquoi être venue à ces États Généraux ?
Marie-Claude Jarrot : Juste un exemple de ce que les maires vivent au quotidien : cet été le commissaire de Police de ma ville m’appelle vers 17 heures et me dit qu’il a besoin de mes policiers municipaux le soir-même car il va procéder à une interpellation dans un de nos quartiers… Il me dit qu’il n’a pas les moyens pour assurer une veille toute la nuit, afin que tout se passe bien. Qu’est ce que je fais ? Je dis « oui ». Mais je sais à ce moment-là que je suis « bordeline ». En fait, on pallie en permanence l’absence de dispositifs clairement établis, et ce n’est plus possible.
La disparition des contrats aidés cet été a été la goutte d’eau. Le coup a été rude, notamment pour le tissu associatif qui fait vivre nos villes. Montceau, c’est 20 000 habitants et 400 associations. Elles organisent des activités sportives, culturelles, éducatives… Vous imaginez un peu l’émoi ? Alors bien sûr que nous avons tout fait pour accompagner ces associations, mais nous n’avons pas vocation à remplacer l’État et de toute façon nous n’en avons pas les moyens avec les baisses de DGF que nous avons subies… Il faut maintenant nous donner des moyens, on ne peut plus « bricoler » comme cela sur des sujets aussi importants que la prévention et la sécurité.
Les propos, la semaine dernière, du ministre Jacques Mézard n’ont pas suffi à vous rassurer ?
Si, mais il nous faut des actes. Le président de la République semble également avoir entendu notre appel, puisqu’il a promis de nous recevoir. Je crois surtout qu’il a compris que des « État Généraux », cela ne signifie pas « colloque » !
Ce que nous disons, c’est qu’il y a urgence, nous sommes ici pour pousser un cri, nous sommes en fait des lanceurs d’alerte. Et nous allons amener nos propositions au Président Macron, lorsque nous le rencontrerons.
Êtes-vous satisfaite de cette journée, de ce qui s’est dit ?
Absolument. Nous sommes venus à 20 depuis Montceau. Des membres des conseils citoyens, des présidents d’associations, des agents de la politique de la ville, et des élus. Je crois que nous avions besoin d’être ici ensemble. Et les prochaines dates sont déjà arrêtées pour la rédaction de notre plan national [à Paris le 24 novembre, à Roubaix en décembre, à Mulhouse en janvier, ndlr]. Nos quartiers populaires sont vraiment en difficulté, donc c’est maintenant ou jamais !