No vote, no future ? Radioscopie dessinée d'une jeunesse fragmentée

No vote, no future ? Radioscopie dessinée d'une jeunesse fragmentée

© Oblik

Le dernier numéro d’Oblik consacre une centaine de pages aux jeunes, une catégorie de la population plus abstentionniste que la moyenne et encore plus pessimiste sur l’avenir que la population dans son ensemble… Mais la réalité des chiffres révélée par le mook d’Alternatives économiques s’avère bien plus complexe que les intuitions que chacun peut se faire sur « la » jeunesse.

Avec 30 % des moins de 35 ans, et même 41 % des 18-24 ans, qui se sont abstenus au premier tour de la présidentielle selon un sondage Ifop contre « seulement » 26 % de la population dans son ensemble, les jeunes basculent-ils petit à petit dans le nihilisme ? Bien entendu, non, à l’image des autres types d’engagements qu’ils choisissent – local, associatif, social – ou d’autres formes de prise de parole – manifester, pétitionner, s’exprimer publiquement en ligne. Et leur abstention aux élections s’apparente davantage à une intermittence semblable à l’ensemble de l’électorat : « comme chez leurs ainés, les jeunes électeurs privilégient le scrutin présidentiel et les municipales, mais délaissent les autres échéances », peut-on lire dans le dernier numéro d’Oblik.

Pour autant, si le « mook » dessiné d’info graphique a choisi pour son dernier numéro de poser la question « Génération no future ? » et de le sous-titrer en réponse d’un optimiste « 50 raisons pour les jeunes de ne pas désespérer », le petit frère d’Alternatives économiques ne cache pas ces chiffres qui montrent toute l’inquiétude de la jeunesse… mais aussi son hétérogénéité.

Tout jeune n'est pas une Greta Thunberg en puissance...

Premier exemple, l’intérêt pour la cause environnementale et la lutte contre le rechargement climatique, qu’on associe souvent automatiquement ou  prioritairement aux classes les plus jeunes, est certes plus présent chez les moins 30 ans. Mais il n’est pas très homogène et dépend fortement du niveau de diplôme, du revenu, du degré de satisfaction de sa vie personnelle. « Bref, il ne suffit pas d’être jeune pour être écolo » résume abruptement un des auteurs de ce numéro d’Oblik.

Même poids de l’héritage culturel et social chez les jeunes élus de la République : si la proportion des moins de 40 ans chez les maires est resté stable après les municipales de 2020 (4% contre 3,8 % en 2014) après quatre décennies de chute (ils étaient 12,2 % en 1983), un tiers des 518 jeunes maires élus en 2014 avaient un parent en cours de mandat municipal leur ayant transmis le « virus » de l’engagement politique local.

L'associatif reste bien ancré

Inversement, l’engagement associatif est un marqueur de la jeunesse : ainsi, on y apprend qu’un jeune sur cinq âgé de 18 à 29 ans participe à une activité bénévole (contre un tiers pour les plus de 65 ans qui eux disposent toutefois de plus de temps libre).

De nombreux autres chiffres illustrés parsèment ce dernier numéro d’Oblik, dont plusieurs piochés dans diverses études de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep) ou de l’Insee. Poids du diplôme, décrochage scolaire, rapport au travail, à l’immigration, indépendance financière par rapport aux parents, niveau de vie, difficultés de mobilités… le défi encore inégalement relevé de construire des politiques publiques à destination des jeunesses vaut bien de se plonger dans ce mook aux multiples entrées.

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