Nicolas Mayer-Rossignol
© D. Morganti
Successeur d'Alain Le Vern, depuis le 14 octobre, à la tête du conseil régional de Haute-Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol (photo) explique dans quel esprit il aborde ce nouveau mandat.
Courrierdesmaires.fr. A 36 ans, vous avez été élu président du conseil régional de Haute-Normandie, après la démission d’Alain le Vern ((Alain Le Vern, 65 ans, ancien président PS du conseil régional de la Haute-Normandie, a quitté ses fonctions le 1er octobre 2013, laissant son fauteuil à Nicolas Mayer- Rossignol. Il arrête la politique pour entrer à la SNCF, comme responsable des services Régions et Intercités.)). Vous êtes ainsi le plus jeune président d’un grand exécutif local. Avez-vous le sentiment d’incarner ainsi le renouvellement et le rajeunissement de la classe politique ?
Nicolas Mayer-Rossignol. La décision d’Alain Le Vern est exemplaire, alors que la loi sur la transparence de la vie publique vient tout juste d’entrer en vigueur et que celle sur le non-cumul des mandats est en cours d’adoption.
Néanmoins, la jeunesse n’est ni un avantage, ni un inconvénient : c’est une qualité ou un défaut – c’est selon – qui passe ! Et si renouvellement il y a, il s’inscrit dans la continuité de l’engagement de mon prédécesseur et du contrat passé en mars 2010 avec les Hauts-Normands. Conformément à celui-là, mon horizon est de faire de la Haute-Normandie l’une des premières écorégions de France.
Le fait d’accéder jeune à un mandat tel que le vôtre repose néanmoins la question du statut de l’élu et de l’après-mandat. Avez-vous des souhaits en la matière ?
N. M.-R. C'est un sujet complexe. Pour ma part, j'ai toujours eu une activité professionnelle, dans le privé ou le public. Je considère que la politique n'est pas et ne doit pas être un métier. Les propositions du rapport d’information de Philippe Doucet sur le statut de l’élu vont dans le bon sens en apportant une réponse aux principales questions, renouvellement de la représentation politique et formation notamment.
Je veux travailler avec pour seule boussole
l’utilité des projets”
Vous avez travaillé en Allemagne. Cette expérience outre-Rhin vous a-t-elle conduit à une autre approche du fonctionnement régional ?
N. M.-R. Le modèle allemand est difficilement transposable en France, car il relève d’une structure fédérale. Je ne suis guère partisan d’une région omniresponsable et omniprésente, qui ferait tout sur tout. L’important est de bien faire dans les domaines clés qui sont les siens en disposant des moyens nécessaires.
Votre passé professionnel vous a également mené à la Commission européenne. Est-ce une étape importante pour qui veut, aujourd’hui, conduire une région ?
N. M.-R. J’ai effectivement passé cinq ans à la Commission européenne dans les années 2000. La connaissance de cet important niveau décisionnel est, je crois, un atout, tant pour ce qui concerne l’édiction des règles et normes que pour l’attribution des fonds. Et, avec le transfert de l’autorité de gestion d’une partie des fonds européens aux régions, cette « culture » a pris plus d’importance encore.
La Haute-Normandie pratique la coopération avec les départements de l’Eure et de la Seine-Maritime depuis 2004, des actions conjointes sont régulièrement menées avec les régions limitrophes… L’avenir vous semble-t-il inscrit dans ces dynamiques et quelle est votre position sur la réunification des « deux Normandies » dont il est question depuis quinze ans ?
N. M.-R. Je veux travailler avec pour seule boussole l’utilité des projets. Nul dogme ni tabou ne doivent diriger nos démarches. Par exemple, l’entente avec la Basse-Normandie relève de l’évidence en matière de tourisme, raison pour laquelle nous avons mis nos moyens en commun. Dans un autre domaine, pour soutenir efficacement le démarrage des PME très innovantes, le premier fonds d’amorçage interrégional présenté en septembre dernier exige, lui, une assise à quatre pieds – Haute et Basse-Normandie, Bretagne et Pays de la Loire.
De même, nous sommes engagés aux côtés de la Picardie dans le partage d’équipements, avec la région Centre autour du pôle de compétitivité « Cosmetic Valley », avec l'Ile-de-France pour le développement de la vallée de la Seine… et même avec d'autres territoires d'Europe autour de l'Arc Manche. La région Haute-Normandie, tournée vers l’extérieur, pratique ainsi la coopération depuis longtemps, en de nombreux domaines et avec des partenaires variés, en fonction de ses besoins.
Bio-express
Nicolas Mayer-Rossignol est normalien, diplômé de l'université de Stanford (Californie), agrégé en Sciences de la Vie et de la Terre et ingénieur du Corps des Mines.
Il a exercé des responsabilités en entreprise ainsi qu’à la Commission européenne (en charge du secteur des médicaments biologiques).
Investi dans la politique depuis ses études, il a notamment contribué à la naissance, en 2010, de la communauté d'agglomération Rouen Elbeuf Austreberthe (CREA), aux côtés de Laurent Fabius, qu’il rejoint en mai 2012 au ministère des Affaires étrangères comme responsable de la diplomatie économique et de l'aide aux pays en développement.
Nicolas Mayer-Rossignol est également l'auteur de "La gauche après la crise", paru en 2010, avec Guillaume Bachelay, député de Seine-Maritime, suppléant de Laurent Fabius.
Nicolas Mayer-Rossignol : « La politique n’est pas et ne doit pas être un métier » | Blog des élus groupe PS Région Haute Normandie - 29/10/2013 12h:20
[...] Interview de Nicolas Mayer-Rossignol, Président de la Région Haute-Normandie, parue sur le site du magazine “Le Courrier des Maires”. [...]
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