Municipales : abstention record au premier tour, la tenue du second tour très incertaine

Aurélien Hélias
Municipales : abstention record au premier tour, la tenue du second tour très incertaine

Elections municipales 2020

Le premier tour a été marqué par une abstention record de 56 % soit près de 20 points de plus qu'en 2014. Demandé par plusieurs responsables politiques, le report du second tour semble de plus en plus probable sur fond d'accélération de l’épidémie de coronavirus. Une décision devrait être prise mardi au plus tard par l'exécutif. A noter que plusieurs maires sortants, dont beaucoup LR ou RN, ont été réélus dès le premier tour.

La crainte d’une abstention record qui planait dès le début de semaine du fait de l'épidémie du coronavirus s’est donc réalisée : moins d’un électeur sur deux s’est déplacé aux urnes pour voter le 15 mars à l’occasion du premier tour. 56 % des électeurs ont séché le rendez-vous électoral, soit près de 20 points de plus que lors des municipales 2014 (36,4%). Une abstention qui culminait bien plus haut dans certaines communes, comme à Lille (67%), Nice (71,4%)  ou encore Mulhouse (74%). Un taux d’abstention record que seul le ministre de l’Intérieur a semblé vouloir minimiser : « ce taux de participation n’a rien d’inédit pour des élections dans notre pays. Au premier tour des législatives en 2017, il était de 48,71% » a comparé Christophe Castaner.

Reste que pour l’élection la plus prisée des Français avec le scrutin présidentiel, la participation apparaît très faible. L’épidémie croissante du coronavirus et les mesures-choc annoncées en deux temps l'avant-veille et la veille par le Premier ministre y sont évidemment pour beaucoup. Alors que les premiers résultats locaux étaient dévoilés à 20h, le ministère de la Santé publiait au même le rapport quotidien sur les conséquences du covid-19 : le bilan de l'épidémie en France est passé à 127 morts et plus de 5 400 cas en France, annonçait Olivier Véran.

Un second tour le 22 mars de plus en plus improbable

Conséquence : un report du second tour, appelé de leurs vœux par plusieurs responsables politiques comme Yannick Jadot (EELV) ou Marine Le Pen (RN), est clairement sur la table. Le ministre de la Santé annonçait ainsi que la question serait examinée mardi prochain par l’exécutif.

Mardi sera en tout état de cause la date limite pour trancher la question : « demain [lundi], c’est en prenant en compte l’avis des autorités sanitaires que nous nous organiserons pour le second tour. Je réunirai le conseil scientifique en début de semaine puis consulterai les forces politiques », a précisé le Premier ministre dans la foulée. « C'est dans une transparence totale en prenant en compte les recommandations sanitaires et je l'espère, dans un esprit de consensus républicain, que nous prendrons les mesures nécessaires », a asséné Edouard Philippe.

Si report il y a, se posera alors la question du délai avant d'organiser ce second tour, mais également de sa configuration : un second tour organisé avec les listes qualifiées au premier tour ou une nouvelle élection à deux tours faisant fi des résultats du 15 mars ? Les avis des constitutionnalistes divergent et certains évoquent même la nécessité, en cas d'annulation du second tour du 22 mars, la nécessité d'annuler tous les résultats du premier tour, y compris ceux ayant permis à certains candidats d'être élu premier magistrat dès ce 15 mars.

Plusieurs maires sortants déjà réélus à droite et l'extrême-droite

Au sein de ce soirée électorale sans nulle autre pareille, on peut ainsi noter l'élection dès le premier tour de plusieurs candidats, essentiellement des maires sortants. Parmi eux, de nombreux édiles Rassemblement national ont manifestement profité de la prime au maire sortant :

  • Steeve Briois réélu dès le premier tour (74,2%) à Hénin-Beaumont ;
  • David Rachline à Fréjus (50,6%),
  • Franck Briffaut à A Villers-Cotterêts (Aisne) avec 53,47% des voix ;
  • Fabien Engelmann à Hayange (63,1%),
  • Julien Sanchez à Beaucaire (59,5%);
  • Robert Ménard (DVD, soutenu par le RN) à Béziers (68,7%).

C'est également à droite, et notamment dans des moyennes et grandes villes, que plusieurs maires Les républicains ou Divers droite ont remporté l'élection dès le premier tour :

  • Natacha Bouchart (LR) à Calais (50,2%) ;
  • François Baroin, président de l'AMF, à Troyes (66,8%) ;
  • Christophe Béchu (57,82%) ;
  • Joel Bruneau (DVD) à Caen (50,8%).

A gauche, on peut noter la victoire de la maire PS sortante Anne-Lise Dufour-Tonini à Denain (Nord) face au RN Sébastien Chenu, de Patrice Bessac (PCF) à Montreuil (51,35%) tout comme Patrick Jarry à Nanterre (51,9%).

Enfin, deux membres du Gouvernement ont été réélus maire (même s'ils avaient abandonné l'exécutif à leur élection comme député en 2017, non-cumul oblige) :

  • Franck Riester à Coulommiers, (58,8%),
  • Géral Darmanin à Tourcoing (60,9%).

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