Elu mystère
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Voulu par Nicolas Sarkozy, abrogé avant même sa mise en oeuvre par François Hollande, le conseiller territorial pourrait renaître de ses cendres à en croire les bruits venus de l'Elysée. Mais les temps ont bien changé, ne seraient-ce que les cartes régionales et cantonales, et ce qui était une piste séduisante il y a huit ans peine légitimement à convaincre... tant dans les départements que dans les régions.
C'est la dernière idée en vogue à l'Elysée : réintroduire le conseiller territorial, cet élu hybride mi-conseiller départemental mi-conseiller régional, que souhaitait instaurer Nicolas Sarkozy avant que la gauche n'abroge la réforme à son arrivée au pouvoir en 2012. L'hypothèse est soutenue par plusieurs ministres, dont celui chargé des collectivités, Sébastien Lecornu, dans un plaidoyer où se mêlent les arguments les plus divers.
Ici on invoque les économies réalisées si quelque 6 000 conseillers départementaux étaient remplacés par 3 500 élus hybrides, quitte à attribuer une partie de cette manne à la revalorisation des indemnités, trop modestes, des maires de petites communes. Là on se réfère à la volonté des maires de réhabiliter « les échelons de proximité » comme le département et de donner aux élus régionaux un visage mieux connu.
Assemblées pléthoriques
Des arguments que l'on pouvait entendre il y a encore cinq ans, mais qui ont perdu aujourd'hui tout bien-fondé. Si économies il faut rechercher, c'est davantage sur l'enveloppe des conseillers régionaux, en diminuant leur nombre et leur généreuse indemnité.Si meilleure représentativité il doit y avoir, ce n'est pas en gommant le scrutin à la proportionnelle des élus régionaux, qui, même s'il a ses défauts - nombre de candidats sont désignés par les états-majors parisiens -, permet une large représentation des forces politiques.
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A l'heure où l'exécutif veut (timidement mais légitimement) introduire la proportionnelle à l'Assemblée, comment pourrait-il suivre le chemin inverse au niveau régional ? Si l'on veut davantage de proximité, ce n'est pas non plus en créant de nouvelles assemblées pléthoriques alors que les plus grandes (jusqu'à 204 élus en Auvergne-Rhône-Alpes !) peinent déjà à trouver un rôle et une valeur ajoutée à chacun de leurs membres. Sans aucun doute, l'erreur originelle a été de créer des régions plus vastes que l'Autriche ou le Danemark et abritant jusqu'à 13 départements, en confondant puissance et superficie.
Pourtant, aussi incohérente soit-elle, il n'est plus l'heure de détricoter cette carte, pour en finir avec cette passion française du redécoupage territorial sans fin, ce à quoi même les hérauts du conseiller territorial consentent. Et, de facto, c'est au plus mauvais moment qu'ils ressortent des cartons cet élu hybride qui semble déjà d'un autre temps.