Marylise Lebranchu, ministre : une élue bretonne portera l'acte III de la décentralisation

Ne cherchez pas un ministre ou un secrétaire d'Etat délégué aux Collectivités territoriales, c'est un ministre de la Réforme de l'Etat, de la décentralisation et de la fonction publique qui aura la lourde tâche de renouer le dialogue avec les exécutifs locaux et leurs associations représentatives. En l'occurrence, une ministre, Marylise Lebranchu, députée du Finistère et ancienne garde des Sceaux lors des deux dernières années du gouvernement Jospin (octobre 2000-mai 2002).

Egalement ancienne secrétaire d'Etat aux PME et membre de la commission de la Défense à l'Assemblée nationale, rien dans le parcours politique national de cette ancienne attachée parlementaire de 65 ans ne semblait la destiner à occuper ce maroquin en particulier. Sauf son attachement à la Bretagne, dont elle est conseillère régionale sans discontinuer depuis 1986 et première vice-présidente de 2004 à 2010, en charge de la politique territoriale et de la démocratie régionale.

Cette implication dans les dossiers locaux, Marylise Lebranchu finira par la mettre à la disposition du PS en devenant, en 2008, coprésidente du Forum des territoires au secrétariat national du parti, chargée de mobiliser les élus locaux durant la campagne présidentielle, et présidente en 2010 de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains.

Une loi de décentralisation à défendre au Parlement

La tâche qui attend l'ancienne maire de Morlaix (1995-1997) est lourde, après cinq ans durant lesquels les collectivités territoriales ont été montrées du doigt pour leur tendance supposée à trop dépenser l'argent public, alors que leur capacité à apporter des services publics aux populations locales et à faire face à l'explosion de la demande sociale était passée sous silence.

Au-delà du simple "détricotage" de la loi de réforme territoriale du 16 décembre 2010, avec la suppression à venir du conseiller territorial, la ministre devrait défendre devant le Parlement la loi "Responsabilité et confiance" en faveur des territoires, annoncée par François Hollande, durant la campagne.

Le nouveau chef de l'Etat a réitéré cette promesse dès son premier discours d'investiture le 15 mai à l'Elysée: "Je crois à la démocratie locale et j'entends la revivifier par un nouvel acte de décentralisation susceptible de donner des libertés nouvelles pour le développement de nos territoires."

Refonder un dialogue presque rompu entre Etat et collectivités, préparer un acte III de la décentralisation avec une majorité d'élus locaux socialistes, mais défendant chacun "son" niveau de collectivité, offrir plus d'autonomie financière à ces mêmes collectivités, malgré un contexte de finances publiques plus que contraint: la route s'annonce étroite et périlleuse pour l'élue bretonne.

Quelles règles après la RGPP ?

Héritant également des portefeuilles de la réforme de l'Etat et de la fonction publique, la ministre de plein exercice (le ministère n'est pas rattaché, comme celui de son prédécesseur Philippe Richert, à celui de l'Intérieur) devra également gérer le dossier des effectifs des fonctionnaires.

Si la révision générale des politiques publiques (RGPP) et sa règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite devrait rapidement vivre ses dernières heures, il faudra à la ministre s'occuper du non moins délicat dossier de la création de 60.000 postes de fonctionnaires, principalement dans l'Education nationale... et au détriment des autres.

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