Le projet de loi ouvrant droit au mariage pour les personnes de même sexe, présenté le 7 novembre en Conseil des ministres, ne recueille que 37 % des suffrages, 53 % des élus se prononçant même ouvertement contre.
Cette évolution semble donc moins séduire les officiers d’état civil que le grand public, si l’on en croit de récents sondages*. Le sujet suscite de vrais clivages, les élus urbains (54 % d’opinions favorables au-dessus de 5 000 habitants) et les jeunes (63 % des moins de 40 ans sont pour, 55 % des plus de 51 ans contre) se montrant plus progressistes.
La géographie semble également jouer : 66 % des élus d’Ile-de-France s’opposent à la future loi, quand 64 % en région Nord-Pas-de-Calais l’approuvent. Le "mariage pour tous "crée donc des clivages, certains élus évoquant même la clause de conscience ou le droit de retrait. Même si, en tant qu'officiers ministériels, maires et adjoints agissent, en ce domaine, en compétences liées au nom de l’Etat et s'exposeraient à une suspension s'ils refusaient d'appliquer une loi promulguée, comme l'ont d'ailleurs rappelé les associations d'élus locaux.
* 65 % de Français favorables au mariage gay, sondage Ifop pour Le Monde, réalisé du 29 au 31 octobre 2012 sur un échantillon de 1371personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.
"Le mariage homosexuel mobilise surtout les plus irréductibles"
François de Singly,
professeur de sociologie à l’université Paris Descartes
"Plus de la moitié des élus locaux opposée au Mariage pour tous, cela interroge forcément. Mais n’oublions pas que, contrairement au divorce ou à l’avortement, la question du mariage homosexuel mobilise surtout les plus irréductibles des deux camps. Dès lors, cet échantillon volontaire ne pourrait refléter que l’opinion des élus les plus sensibilisés à la question, les contre étant certainement, dans cette frange de population, plus nombreux et réactifs que les pour… Le clivage peut aussi en cacher un autre, au regard d’un projet « à tiroir » liant au mariage le principe de l’adoption par les couples homosexuels. Comme dans la population française, cette possibilité suscite un fort clivage y compris au sein des élus qui seraient favorables au mariage."
Laurence Denès
