Manuel Valls entend les « maires en colère »

Martine Kis

Les « maires en colère » d'Ile-de-France ont rencontré le Premier ministre dans le cadre des Assises de l'Amif. Manuel Valls, premier Premier ministre à intervenir dans ce cadre, a fait le point sur le Grand Paris et a écouté les élus. Sans rien leur céder.

Manuel Valls est resté déjeuner avec les "maires en colère", collectif d'une centaine d'élus qui dénoncent les baisses de dotation, après son allocution mardi au salon des maires d'Ile-de-France.

Ce collectif, cofondé par Joëlle Ceccaldi-Raynaud (UMP, Puteaux) et Didier Gonzalès (UMP, Villeneuve-le-Roi), avait organisé un rassemblement aux portes du salon afin "d'alerter" le Premier ministre et lui "faire prendre conscience" des difficultés des communes concernées, avec les autres collectivités locales, par une baisse de 11 milliards d'euros de dotations sur trois ans.

Badge « Maire en colère »
Badge "Maire en colère" épinglé au revers de la veste, Didier Gonzalès s'est emporté : "Que l'Etat en difficulté fasse comme nous : des économies, qu'il ne reporte pas le problème sur les autres ! "

"Moi, j'ai attendu le dernier moment pour voter mon budget, demain le 15 avril, en espérant un miracle qui n'arrive pas", a-t-il raconté à l'AFP, alarmé des "difficultés à venir" notamment en terme d'emplois à cause de la baisse des investissements.

Plus tard, à la tribune de l'Amif, Hervé Marseille (UDI, Meudon) avait été mandaté par l'Association des maires de France pour redire une énième fois leur opposition : "Nous atteignons un niveau insupportable pour nos collectivités au moment où la réforme territoriale ne nous laisse pas de visibilité."

Manuel Valls s'est voulu compréhensif : "Ma présence parmi vous, c'est l'expression d'une conviction profonde : nous devons construire le Grand Paris avec les collectivités, et d'abord avec les maires, en sachant dépasser les clivages habituels, en sachant se rassembler autour d'une même ambition."

Quatre piliers pour le Grand Paris
Et de fait, le discours du Premier ministre a essentiellement porté sur le Grand Paris dont il détaille les quatre piliers : Grand Paris des transports, logement, développement économique et volet institutionnel.

Concernant les transports, Manuel Valls rappelle l’enveloppe contractualisée dans le cadre du CPER : 1,4 milliard d’euros de l’Etat et 140 millions d’euros par an de la région, qui rappelle-t-il, bénéficie d’une dotation supplémentaire. En outre, l’Etat engagera 810 millions d’euros pour la modernisation des autoroutes et voies rapides.

Dans le cadre de la relance du logement, l’Etat saura être là lorsqu’il le faut, afin de « lever les oppositions » si « les résistances ne sont pas justifiées ». Quant aux opérations d’intérêt national (OIN), qui suscitent des craintes chez les élus, il s’agit « à présent de passer à la phase de concertation avec les élus », rassure le Premier ministre.

« Le potentiel économique du Grand Paris reste sous-exploité », affirme Manuel Valls, qui souhaite avoir un recensement des des projets locaux publics et privés afin de les proposer aux investisseurs étrangers. Enfin, sur le volet institutionnel, le Premier ministre souhaite que, dans le cadre de la loi Notre, la composition du conseil métropolitain soit revue. « Les citoyens en comprendraient pas qu’il comprenne 350 membres », estime-t-il.

"Puisque je n'ignore rien des difficultés des maires, qu'ils soient en colère ou non, je les rencontrerai dans un instant en sortant", a déclaré enfin le Premier ministre dans son allocution, sans toutefois infléchir la position de l'exécutif.

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