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Le second tour sera identique à celui de 2017, Emmanuel Macron ayant à nouveau devancé, en accroissant légèrement son avance, Marine Le Pen. Le réflexe de vote utile a semblé jouer à plein à droite, à l’extrême-droite et à gauche puisque les deux finalistes et le troisième homme, Jean-Luc Mélenchon, rassemblent pas loin de trois suffrages exprimés sur quatre. L’abstention est forte (26%) sans atteindre pour autant le record du premier tour de 2002.
Le duel annoncé par les sondages aura donc bien lieu, reproduisant la finale de 2017 : Emmanuel Macron a remporté le premier tour avec 27,6 % des suffrages exprimés, quasiment cinq points devant Marine le Pen 23,4 %. Les deux finalistes progressent par rapport à leur étiage de 2017 : 3,5 points de plus pour le chef de l’Etat sortant et candidat La République en marche, 2 points supplémentaires pour la candidate du Rassemblement national.
Le troisième homme est le candidat de la France insoumise, qui a manifestement bénéficié d’un réflexe de vote utile à gauche avec plus d’un électeur sur cinq qui a glissé un bulletin au nom de Jean-Luc Mélenchon dans l’urne (près de 22 % des voix).
Le « podium » de la présidentielle tend à accréditer la thèse d’un vote utile puisque les trois premiers candidats rassemblent près de trois suffrages exprimés sur quatre, 73 % exactement, contre « seulement » 65 % pour le trio de tête Macron-Le Pen-Fillon de 2017.
Quatre candidats rassemblent 80 % des voix exprimées
Un temps annoncé comme ce « troisième homme », Eric Zemmour ne finit qu’à la quatrième place et avec un score assez éloigné des 15 % un moment annoncé par les sondeurs puisque le candidat de Reconquête ne réunit que 7 % des voix.
Au total, ils ne sont donc que quatre candidats à dépasser la barre des 5 % aussi symbolique que très concrète puisqu’elle permet un remboursement des frais de campagne. Les deux partis historiques pivots de l’affrontement droite-gauche sous la Vème République, Les Républicains et le Parti socialiste, après avoir déjà été disqualifiés dès le premier tour en 2017, ne parviennent même plus à franchir ce seuil. Valérie Précresse (LR) finit à 4,8 %, sa cinquième place étant un bien maigre lot de consolation alors que son parti détient la majorité au Sénat, constitue le premier groupe d’opposition à l’Assemblée et avait conservé son avantage lors des dernières élections locales, municipales comme régionales et plus encore départementales.
La chute sans fin des deux partis historiques de gouvernement
La chute est plus impressionnante encore pour la candidate PS Anne Hidalgo, qui atteint tout juste les 1,8 %, trois fois moins que Benoit Hamon en 2017. Là encore, le parti s’est manifestement bercé d’’illusions après avoir conservé ses régions et grandes villes lors des derniers scrutins locaux, oubliant un peu vite que leur victoire n’était souvent dûe qu’à quelque 10 à 15 % au mieux des électeurs inscrits.
La déception est également forte pour le candidat d’Europe Ecologie les Verts qui non seulement ne finit que sixième mais qui ne franchit même pas le seul des 5 %, avec ses 4,6 %. Les quelques 13 % obtenus par EELV aux européennes 2019 et la conquête, aux municipales 2020, des métropoles de Bordeaux et Lyon semblent bien loin
A son échelle, Jean Lassalle (Résistons) remporte une petite victoire puisqu’il gagne deux points de plus qu’en 2017 avec ses 3,2 %.
Absent de l’élection 2017 après s’être rangé derrière Jean-Luc Mélenchon, le Parti communiste a réuni 2,3 % sur le nom de Fabien Roussel, qui devance tout juste le candidat de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan (2,2%). L’extrême gauche rassemble 1,4 % des voix se répartissant équitablement sur les noms de Philippe Poutou (NPA) et Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière).
Une forte abstention appelée à se reproduire le 24 avril ?
Ce premier tour a livré ses résultats après une journée de vote où moins de trois électeurs sur quatre se sont rendus aux urnes (74 %). Cette abstention de 26 % est certes plus forte que lors du premier tour 2017 (22,23 %) mais reste inférieure au triste record du premier tour de 2002 (28,4%).
S’annonce maintenant le second tour, le 24 avril. Marine Le Pen peut de son côté s’appuyer sur l’appel d’Eric Zemmour à ses électeurs à vote pour la candidate du RN, de même que sur l’adresse de Nicolas Dupont-Aigan à ses électeurs à « tout faire pour faire barrage à Macron ».
Le chef de l’Etat sortant rassemble lui plusieurs appels des candidats défaits à glisser un bulletin à son nom dans l’urne : c’est le cas de Valérie Pécresse, Yannick Jadot, Fabien Roussel et Anne Hidalgo. Jean Luc Mélenchon a lui appelé ses électeurs « à ne pas donner une seule voix à Marine Le Pen », allant jusqu’à le répéter trois fois. « Pas une voix ne doit aller à l’extrême droite » a déclaré en écho Philippe Poutou tout en refusant également de donner une consigne de vote pour le président sortant.