Pain, viande ou légumes débordent des poubelles, rappelle, le 16 octobre 2013, la Journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire. Des collectivités territoriales s'impliquent dans cette lutte, via la restauration scolaire, et obtiennent des résultats. A Angers, par exemple, les repas sont "bien mangés" !
Outre les questions environnementales et éthiques, ce gaspillage représente un coût. Chaque repas génère en moyenne entre 100 et 200 g de restes((Selon la Commission européenne, chaque Européen jette en moyenne 190 kg de denrées alimentaires (150 kg/an pour les Français). Résolution européenne contre le gaspillage alimentaire)).
En cause, selon l’Ademe, des pratiques « peu économes ». Pour réduire ce gâchis, la sensibilisation du personnel des cantines scolaires et des jeunes convives est une étape importante.
Former le personnel
Par exemple, via la pesée des restes, qui permet de mesurer les progrès. La formation du personnel est primordiale. La maîtrise des normes sanitaires permet de ne pas jeter « dans le doute ». L’optimisation des réservations ou la modification de la qualité/quantité des aliments servis donne des résultats rapides. « Nous avons réduit de 75 % le gaspillage avec différentes mesures, comme de proposer deux tailles de portions ou donner des fruits au quartier », se félicite Gilles Pérole, adjoint à l’enfance et à l’éducation de Mouans-Sartoux (06).
Allonger la durée des repas
Blanquefort (15 000 habitants, Gironde)
Vingt minutes minimum obligatoires à table contre 6 à 8 minutes auparavant. Cette initiative, qui visait la santé et le bien-être des enfants, a réduit le gaspillage alimentaire de 15 % sur les 4 écoles élémentaires de la commune (900 repas quotidiens).
Des jetons de couleur distribués aux enfants à leur arrivée déterminent leur heure de sortie. « Au début, les enfants les plus âgés continuaient à déjeuner très vite et attendaient la fin du décompte pour sortir. En deux mois, les habitudes ont changé. Les enfants prennent le temps de manger durant le temps obligatoire », explique Sandrine Lacaussade, l’adjointe déléguée à l’enfance.
Contact. Mairie : 05.56.95.50.95.Redistribuer les aliments
Angers (150 000 habitants, Maine-et-Loire)
Fruits, yaourts, fromages ou gâteaux emballés non consommés sont récupérés à la fin des repas et remis en chambre froide. Les enfants sont informés qu’ils seront collectés par la Banque alimentaire.
« Lancée en 2008, cette action s’inscrit dans la durée, même si nous œuvrons au quotidien pour que nos repas soient bien mangés », explique Luc Belot, président de l’établissement public angevin de restauration collective (Eparc), qui sert environ 8 000 repas/jours en période scolaire pour la ville d’Angers. L’année dernière, plus de 6 tonnes d’aliments collectés sur 14 restaurants scolaires ont été ainsi redistribuées. L’Eparc réfléchit aussi aux moyens de donner les plats non consommés.
Contact. Eparc : 02.41.21.18.80.Mesurer le gaspillage
Conseil général des Bouches-du-Rhône (2 000 000 habitants)
Depuis 2006, le département apporte une aide financière aux collèges engagés dans le programme « manger autrement », qui vise en priorité une amélioration de l’équilibre alimentaire.
Dans ce cadre, des animations pédagogiques sont réalisées pour réduire le gaspillage alimentaire. Entre 2006 et 2011, 5 500 élèves ont travaillé sur ce thème en trois 3 ateliers successifs, dont l’un mesurait le gaspillage à la cantine. Résultat : une réduction des restes de 30 % en moyenne (de 230 à 160 g) et 81 % des élèves ayant suivi l’action se disant plus attentifs sur ce point.
« La formation des chefs et seconds de cuisine est un autre point clef pour réduire le gaspillage », ajoute Janine Ecochard, vice-présidente déléguée à l’Education.
Contact. Conseil général : 04.13.31.15.00.Pacte national. Le gouvernement a souhaité conclure en juin 2013 avec les acteurs de la filière un pacte national contre le gaspillage alimentaire pour le réduire de moitié d’ici à 2025, objectif de la Commission européenne. Une expérience intéressante est celle du compostage des aliments jetés qui permet aux cantines de répondre aux obligations de la loi Grenelle 2 sur les biodéchets. Les producteurs de plus de 120 t/an de biodéchets doivent en effet les valoriser de façon organique (compostage, méthanisation, alimentation animale et tri matière). A partir de 2016, le seuil sera fixé à 10 t/an.