Lutte contre le gaspillage alimentaire : les collectivités en première ligne

Lutte contre le gaspillage alimentaire : les collectivités en première ligne

Déchets ménagers pour compost

© Patryssia - Fotolia

Faire des économies, aider les plus démunis, éduquer la population à la gestion des déchets… Les enjeux autour du gaspillage alimentaire sont nombreux pour les collectivités locales, alors que la nourriture qui finit à la poubelle doit être divisée par deux d’ici 2025.

Le Parlement européen a fixé, en janvier 2012, l’objectif d’une division par deux, d’ici à 2025, des quantités de denrées consommables qui échouent à la poubelle. Au retour des vacances, la ministre de l’Écologie Ségolène Royal est donc montée au créneau sur le sujet face à la grande distribution contre le gaspillage alimentaire.

Par un amendement((L’amendement n°922.)) à la loi de transition énergétique, les moyennes et grandes surfaces avaient l’obligation de mettre en place systématiquement une convention entre le magasin et les associations caritatives qui voulaient récupérer des denrées alimentaires peu avant la date limite de consommation (DLC). Cette disposition a néanmoins été retoquée par le Conseil constitutionnel. De plus, la grande distribution n'est responsable directement que de 5 à 10% du gaspillage alimentaire, contre 15% pour la restauration et 70% pour les ménages.

Les Français jettent environ 20 kg de nourriture chaque année, dont 7 kg de produits encore emballés selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie((Gaspillage alimentaire : les conseils de l’Ademe.)) Sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, ce sont 140 kg de denrées qui sont perdus. Les collectivités doivent ensuite gérer ces déchets, et leur transformation. Des tentatives de mettre en place la méthanisation ou de compostage ont ainsi vu le jour.

Mieux gérer les cantines

Mais les collectivités sont également à l’origine de certains gâchis, notamment par le biais des cantines scolaires. Un repas à la cantine génère en moyenne 150 g de biodéchets dont 100 g de restes, estime l’Ademe.

De nombreuses collectivités ont réduit la quantité de denrées perdues en obligeant dans un premier temps les parents à faire savoir à l’avance quand leurs enfants mangent à la cantine. De quoi éviter de préparer trop de plats qui finissent à la poubelle à la fin du service.

Mais certaines cantines sont allées plus loin en réduisant des portions ou en chargeant la disposition des lieux : proposer le pain en fin de ligne dans un self évite par exemple que les enfants n’en prennent plus qu’ils ne peuvent en manger.

"Il y a des actions éducatives simples à conduire dans les cantines scolaires, ajoute Guillaume Garot, ancien ministre délégué à l’Agroalimentaire. Le temps du repas est un moment important : on peut éduquer les élèves sur l’alimentation, l’origine des aliments, les sensibiliser au poids des déchets, valoriser le travail des producteurs et ceux qui cuisinent les plats… » Les résultats de telles expériences sont concluants, assure-t-il.

Réduire la nourriture gâchée est nécessaire mais reste insuffisant. Il restera toujours des denrées à la fin des repas. Leur réutilisation est donc un enjeu. C’est en effet une source importante pour les associations caritatives qui redistribuent la nourriture aux plus pauvres. Des partenariats entre des collectivités et ces associations ont été signés pour récupérer des produits encore emballés.

L’aide aux plus démunis, via les CCAS
« Les collectivités sont pour nous des partenaires très importants. Les 79 banques alimentaires distribuent près de 15 000 tonnes de denrées via les centres communaux d’action sociale (CCAS). Cela représente 30 millions de repas, soit 15% des denrées distribuées », explique Jacques Bailet, le président des Banques alimentaires.
Ce rôle permet aux collectivités de répondre à un besoin social des plus démunis. Le soutien financier offre aux associations des possibilités nouvelles : à Grenoble, grâce au conseil départemental de l’Isère, il sera bientôt possible de distribuer des plats cuisinés à partir de la viande récoltée dans la grande distribution, évitant ainsi de gâcher les denrées.

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