Logements sociaux, emplois : ce qui a changé en 2016 dans les banlieues

Hugo Soutra

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Logements sociaux, emplois : ce qui a changé en 2016 dans les banlieues

La Maison de l'emploi de la communauté d'agglomération Paris-Vallée de la Marne qui abrite un quartier politique de la ville

© CA Paris Vallée de la Marne

L’Observatoire national de la politique de la ville (ONPV) a rendu son rapport 2016 sur les quartiers prioritaires. Une photographie à un instant « T » qui permet également de faire émerger quelques évolutions dans le temps, comme la diminution du nombre de logements sociaux ou le (léger) recul du chômage.

C’est un rapport très détaillé, de 150 pages, avec moult études et fiches thématiques, que le nouveau président de l’ONPV, le préfet Jean-François Cordet, a remis ce jeudi 6 avril au ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner, et à la Secrétaire d’Etat en charge de Ville, Hélène Geoffroy. Il dresse le portrait – ou plutôt les portraits – des 1514 quartiers prioritaires de France où vivent près de 8% de la population.

Typologie des quartiers, état des lieux de la rénovation urbaine, de la cohésion sociale, de la mixité, dynamisme économique, toutes les facettes de politique de la ville son passées au crible… Un second rapport [ndlr : ONPV a été créé en 2016] qui permet aussi de capter quelques réussites.

Moins de HLM, un peu moins de pauvres

Et la première de ses réussites concerne la rénovation urbaine, la partie la plus visible et connue de la politique de la ville. La plus financièrement dotée, aussi. Lancé en 2003, le Plan national de rénovation urbaine (PNRU) semble tenir ses objectifs, du moins en termes de bâti : « 80% des opérations liées au PNRU ont été réalisées » explique Jean-François Cordet.

En ce qui concerne l’impact que ces opérations ont pu avoir sur la morphologie des quartiers (diversification de l’offre de logements, mixité des populations, lutte contre la paupérisation), le président de l’ONPV détaille quelques éléments : « le taux de logement sociaux dans ces quartiers [594 étaient concernés par le PNRU] qui était de 61,3% en 2003 est aujourd’hui inférieur de 3,4 points. C’est notamment dû à la démolition de 15% du parc de logements sociaux et la construction de 40 000 logements privés ».

Pour ce qui est des populations, Jean-François Cordet note une diminution – modeste – de la pauvreté dans ces quartiers réhabilités (en moyenne entre 1 et 2 points de pourcentage) allant dans le sens recherché. « Dans certains quartiers fortement concernés par les démolitions, la baisse de ménages pauvres peut atteindre 5 points » renchérit Jean-François Cordet.

« C’est évidemment plus long de faire changer les caractéristiques socio-professionnelles des quartiers, car nous sommes ici sur de l’humain » reconnaît le président de l’OPV avant de poursuivre : « mais diversifier l’habitat peut en effet permettre de créer de la mixité sociale ». Reste que la pauvreté dans les QPV est près de trois supérieure au reste de la France, s’élevant à plus de 42% en moyenne.

Une baisse du chômage de 0,3 points

La seconde évolution « favorable » de ce rapport concerne l’emploi. Là encore, la baisse du chômage captée par l’ONPV demeure modeste, ce qui n’empêche pas Hélène Goeffroy, d’y percevoir « une dynamique ».

Ainsi le taux de chômage des 15-64 ans est passé de 26,7% l’année passée à 26,4% avec une baisse de 2,5 points pour les 15-29 ans (38,4 % en 2014 contre 35,9 % en 2015). On apprend par ailleurs que 190 000 établissements économiques sont établis en QPV, 20 000 de plus que l’année précédente.

Des points positifs qui ne doivent évidemment pas masquer le décalage que ces QPV subissent par rapport au reste du territoire. Ainsi, pour reprendre le taux de chômage (26,4%) il est en moyenne supérieur de 16 points à celui des unités urbaines englobantes. Idem pour le taux d’inactivité (étude, formation + autres inactifs) des 15-64 ans, qui atteint 40,9 % dans les QPV contre 28% dans les unités urbaines englobantes…

Un décalage que Patrick Kanner ne nie pas, au contraire : « Il y a des avancées et elles sont pour nous des encouragements face à l’ampleur de la tâche… Mais on se heurte à la question du temps, celui des décideurs et celui des habitants, qui eux ressentent une véritable urgence face à ces écarts inadmissibles. Le taux d’abstention est d’ailleurs très fort dans ces quartiers, preuve qu’il y a effectivement urgence. Le prochain mandat devra donc porter toutes ces questions, renforcer l’ANRU, les moyens et travailler également sur les nouvelles formes de citoyenneté ».

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