Les "zones détendues" en logement, grandes oubliées de la loi "Elan"

Nathalie Da Cruz

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© Flickr-J.L. Zimmermann

Face à une loi logement pensée avant pour les zones très denses, métropolitaines, où la demande de logement social est bien supérieure à l'offre, de nombreuses villes moyennes, de Châteauroux à Vichy (photo), déplorent des outils inadaptés pour leurs territoires en "zones détendues". Explications.

La loi « Elan » a surtout été conçue pour les zones tendues, clament à cor et à cri plusieurs élus des « zones détendues », villes petites et moyennes ou zones rurales, où les logements vacants sont légion et où les promoteurs ne s’aventurent pas. Pour Gil Avérous, maire (LR) de Châteauroux et président de la métropole (14 communes, 77 000 hab.), la déception est là. Administrateur de Scalis, une société d’HLM qui rayonne dans l’Indre, il n’est guère optimiste : « Nous n’avons pas d’espoir de retendre le marché sauf à démolir ou investir ; mais cela a un coût. Et notre chiffre d’affaires a reculé de 8 % cette année. »

Logements collectifs délaissés

Il faut détruire 700 logements sociaux vacants sur la métropole ; 340 l’ont déjà été. Mais en dépit des deux PNRU, l’image des quartiers en difficulté n’a pas changé. « Il faut construire du neuf ailleurs », plaide Gil Avérous, inquiet des ventes massives de logements promues par la loi « Elan ». « Va-t-on trouver des acquéreurs ? La population a de faibles revenus ici. Trouveront preneurs les maisons individuelles, pas les logements collectifs. On ne pourra pas vendre des tours de 50 logements. »

Pour lui, si des sociétés immobilières achètent, elles ne se tourneront que vers le parc le plus rentable. En zone détendue, il ne faut pas compter sur les investisseurs privés. « Que veut l’Etat ? Que les bailleurs sociaux n’hébergent que les plus démunis ? »

Une autre de ses interrogations : si on oblige les maires à vendre et que le bailleur ne reconstruit pas derrière, comment respecter le taux imposé de 20 ou 25 % de logements sociaux par commune ? Un garde-fou existe tout de même : il faudra un avis conforme du maire avant de vendre dans les villes carencées…

En manque de locataires

L’article 55 de la loi SRU donne aussi du fil à retordre au maire de Vichy (Allier), Frédéric Aguilera (LR). Il regrette que la loi « Elan » n’y ait pas apporté de réel assouplissement. « Il faudrait pouvoir moduler le taux en dessous de 20 ou 25 % dans les zones détendues, en étudiant la situation précise de chaque territoire. Nous sommes à 16 % ici, ce qui est suffisant, même le préfet en convient. Pourtant je paie une amende de 180 000 euros ! » La ville doit construire 600 logements sociaux pour atteindre 20 %. Mais il faudrait trouver des locataires. « Or, j’ai 80 logements sociaux vacants, situés dans des barres anciennes... »

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