Les maires des villes moyennes ont dit haut et fort combien ils redoutent à la fois la complexité et l’élitisme qui sous-tend l’instauration des métropoles. Les 6es Assises des villes moyennes se sont déroulées à Colmar les 6 et 7 juin 2013 dans un climat d’inquiétude également alimenté par les prochaines baisses de dotations financières.
« Le tout métropole pourrait avoir des conséquences sur l’équilibre de nos villes, qui rassemblent 20 % des emplois et des étudiants et 60 % des entreprises de taille intermédiaire », a indiqué Christian Pierret, maire de Saint-Dié-des-Vosges et président de la Fédération des villes moyennes (FVM). Une crainte très largement partagée par les 250 congressistes.
« Le texte du gouvernement m’inspire un choc de complexité. Il n’y a pas une noblesse métropolitaine face à un “sous-Tiers Etat” rural ! », a déclaré Pierre Méhaignerie, maire de Vitré. L’ancien Garde des Sceaux suggère que la FVM « n’aille pas voir “le roi” en scandant, et nous, et nous ! Nos villes doivent travailler en réseau avec les métropoles et surtout entre elles pour assurer leur développement. »
La veille, la ministre déléguée à la Décentralisation, Anne-Marie Escoffier, avait tenté de désamorcer les critiques des élus : « Les villes moyennes sont de véritables poumons de notre territoire (…) et il faut les protéger d’un risque d’asphyxie », expliquait-elle à l’ouverture des assises.
« Nous allons introduire la notion de pôle d’équilibre dans le projet de loi », annonçait-elle, mais sans parvenir à rassurer les maires des villes moyennes.
Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse, a souligné aussi l’importance du travail opéré en réseau entre les villes moyennes de la région Rhône-Alpes.
« Nous devons faire vivre ces ramifications. Je suis favorable à la métropole lyonnaise, mais nous devons éviter que tous les pouvoirs y soient concentrés. L’attractivité de Rhône-Alpes ne provient pas que de Lyon, Grenoble et Saint-Etienne. Roanne, Valence, Aix-les-Bains, Chambéry et Bourg-en-Bresse y contribuent aussi fortement », a-t-il insisté.
Pas de réduction des dotations de façon uniforme
Pour Jean-Pierre Masseret, président de la région Lorraine, la question « est de savoir si les dirigeants des villes, des départements et de la région sont en mesure de déterminer des stratégies communes pour le bien de tout le territoire. Des intelligences collectives sont-elles prêtes à agir, cela me semble plus important que la question du statut réglementaire des agglomérations », a-t-il fait observer.
Les aspects financiers ont aussi fait l’objet d’inquiétudes de la part des maires, Christian Pierret estimant impossible pour les villes de relancer l’investissement, « même si c’est très dommage pour l’emploi ».
Serge Bayard, directeur du développement des territoires de la Banque postale, n’a que très partiellement rassuré la FVM : « Il existe de très importantes liquidités, même sur des emprunts à plus de 25 ans, avec des taux historiquement bas. Le moment est bien choisi pour renégocier les crédits des années 2008 et suivantes. Mais l’embellie pourrait n’être que de très courte durée », a-t-il annoncé.
La péréquation reformée
La FVM lance « un avertissement solennel aux pouvoirs publics à propos de la réduction des dotations qui ne doit pas être faite de façon uniforme ».
La fédération attend que les engagements annoncés par Jean-Marc Ayrault dans un message filmé soient tenus : « Un partenariat est nécessaire entre la région, les métropoles et les villes moyennes », a-t-il notamment déclaré, précisant que « le rôle essentiel des intercommunalités fera partie du troisième projet de loi examiné en avril 2014. (…) Le temps est venu d’un pacte de confiance et de responsabilité entre l’Etat et les collectivités locales », considère le Premier ministre, qui confirme que le système de péréquation sera revu et amélioré.
Article de Didier Bonnet, initialement paru sur le site de la Gazette des communes