Policiers
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Quelle politique de sécurité locale, demain ? Que l'on songe à l'évolution des actes en eux-mêmes, qui varient selon les périodes et les années, au contexte politique au niveau municipal comme national avec la perspective de la campagne présidentielle 2022, ou l'évolution des relations police-population dans le temps, difficile d'imaginer de quoi l'avenir sera fait. Le Courrier des Maires a enquêté pour tenter d'y voir plus clair.
Le paysage de la criminalité et de la délinquance n’a rien d’immuable. Les formes sous lesquelles se manifeste l’insécurité changent d’une décennie voire d’une année sur l’autre, en zone rurale comme en milieu urbain. Une évolution qui pousse les polices à s’adapter sans cesse. Les élus locaux, qui ne cessent de rappeler l'Etat à leurs côtés pour co-produire la politique de sécurité sur le terrain, sont bien placés pour le savoir. Sur fond de menace terroriste croissante, la police nationale s’est progressivement déchargée, ces dernières années, des affaires de petite et moyenne délinquances.
Une reconfiguration du travail policier qui a vu de plus en plus de polices municipales suppléer les agents de l’Etat dans la « sécurité du quotidien », au lieu d’honorer leurs missions de base, originelles : prévenir la délinquance et garantir la tranquillité publique. Difficile de résister à ce mouvement de fond, pour les élus et ce, toutes étiquettes politiques confondues.
Consensus politique
Après la mue des socialistes engagée dès 2014, les élus EELV en quête de crédibilité gestionnaire ne sont plus en reste. Fini le temps où ils se proposaient de désinstaller et de vendre leurs caméras de vidéosurveillance… Tous les maires confirment en ce début de mandat vouloir faire preuve de fermeté, annoncent l’augmentation des effectifs – passant d’ailleurs sur la difficulté croissante à recruter des policiers municipaux – voire l’armement de ces agents lorsque ce n’est pas déjà fait. Loin de se démentir, cette frénésie sécuritaire est bien partie pour durer, compte tenu de la médiatisation du moindre fait divers, de la multiplication des discours impérieux du ministre de l’Intérieur destinés tant aux syndicats policiers qu’une frange de l’électorat. Sans oublier l’élection présidentielle 2022 en ligne de mire...
Transformations
Alors que la police se retrouve dans l’oeil du cyclone en France – où elle est contestée par des Gilets jaunes comme des militants écologistes ou des jeunes des quartiers populaires –, et que les polices municipales sont plongées entre deux eaux, cette surenchère suscite tout de même quelques interrogations. A voix basse, pour l’heure. Sans remettre en cause l’utilité du maintien de l’ordre dans certains cas, des élus friands de sciences sociales se demandent si la répression doit s’imposer comme la réponse unique quelles que soient les situations.
Certains envisagent de réorienter l’action de leurs polices municipales vers le service aux citoyens. D’autres espèrent bousculer la cogestion du ministère de l’Intérieur et réformer en profondeur notre système policier, encore bien trop centralisé à leur goût… Comment ? En impliquant davantage les citoyens, en amont, dans l'élaboration des stratégies nationale comme locales. Ils peuvent d’ores et déjà s’appuyer sur le Livre blanc de la sécurité intérieure, remis mi-novembre et censé inspirer une future loi d’orientation et de programmation. Une chose est sûre : la route s’annonce longue pour démocratiser la gouvernance des polices françaises.