100eme congres des maires
© Fabien Calcavechia
A huit jours du Congrès des maires, les signaux positifs envoyés par le Gouvernement pour reprendre le dialogue avec les collectivités sont là. Mais il faudra bien d'autres actes qu'un remaniement ministériel faisant la part belle aux collectivités et une Conférence nationale des territoires réorganisée pour finir de renouer les liens avec les élus locaux.
Une à une, les associations d’élus ont été reçues par l’exécutif depuis le remaniement du 16 octobre. De celles qui n’avaient pas rompu le dialogue jusqu’au trio contestataire de Marseille - AMF, ADF, Régions de France -, toutes ont détaillé leurs récriminations. Le nouveau « pool » gouvernemental territorial mené par Jacqueline Gourault se serait montré particulièrement à l’écoute. Pour quels résultats ? Trop tôt pour se prononcer… Les départements attendaient pour leur congrès de Rennes début novembre des réponses sur le financement des allocations de solidarité. Les régions auraient, de leur côté, obtenu gain de cause sur la gestion de crédits européens comme le Feader - mais après 2020 - et un droit à l’expérimentation prévu par une révision constitutionnelle… dont l’examen se fait attendre.
Signaux positifs. Et les maires dans tout ça ? Ils attendent de pied ferme l’exécutif dès le 20 novembre à leur congrès pour lui demander des comptes sur « la recentralisation rampante » ou « la libre administration étouffée ». Reçu fin octobre à l’Elysée, François Baroin n’a rien laissé filtrer de son entretien avec Emmanuel Macron. Certes, la volonté affichée par ce dernier de s’appuyer sur « nos maires, premiers porteurs de la République du quotidien » est un signal positif. Tout comme le placement de la Direction générale des collectivités locales (DGCL) sous l’autorité de la Cohésion des territoires en lieu et place de l’Intérieur.
Pour autant, ce « reset » affiché par l’Elysée ne suffira pas si les réflexes jacobins restent les mêmes. Si le plan pauvreté n’est pas coordonné avec les départements, déjà ignorés lors de sa conception. Si le plan santé n’embarque pas avec lui les élus, alors qu’il a déjà renoncé à tout moyen coercitif pour lutter contre les déserts médicaux. Si le retrait de tutelle de l’Intérieur sur la DGCL ne s’accompagne pas d’une action des préfets moins autoritaire vis-à-vis des élus locaux.
Un juste siège pour les territoires. L’exécutif devra aussi convaincre sa majorité de lâcher du lest sur certains dossiers, ce qu’elle a fait a minima sur le transfert des compétences eau et assainissement aux intercos. La représentation des territoires ruraux dans le cadre du redécoupage des circonscriptions, à rebours du seul dogme démographique, sera un bon test. Et comme souvent, c’est sur le nerf de la guerre, l’argent prévu pour compenser la fin de la taxe d’habitation comme celui qui viendrait financer un statut de l’élu local rénové, que le président ne pourra se payer de mots porte de Versailles.